Des quartiers quadrillés avec des bérets noirs de l’armée et des barrages filtrants. Ce mardi matin, les quartiers sud de Brazzaville sont sous très haute surveillance après les violences de ce lundi. La ville avait été réveillée par des échanges de tirs entre force de sécurité et individus lourdement armés.
Les bérets noirs de l’armée ont pris la relève de la garde républicaine aux principaux points stratégiques du sud de la ville. L’armée a mis en place de nombreux barrages et des soldats fouillent les rares véhiculent qui circulent dans cette partie de la ville. La nuit s’est déroulée dans un calme précaire et ce matin, il règne une certaine torpeur dans la capitale congolaise.
La plupart des habitants ont passé la nuit loin de chez eux sur des trottoirs ou des ronds-points. Certains disent avoir été empêchés ce matin de rentrer chez eux : « On veut repartir chez nous, là où on est habitués à vivre, au lieu de dormir dans les ruelles avec des enfants qui sont malades, avec des femmes qui sont malades. Ce n’est pas normal. Ils nous ont demandé de partir à la maison, dans nos quartiers habituels et ces mêmes personnes nous refusent encore de rentrer chez nous. Maintenant qu’est-ce qu’on va faire ? Dormir dans les ruelles avec des femmes ? Il n’y a pas de prise en charge du tout. Ça fait très mal », témoigne un père de famille.
Suite aux violences d’hier, il n’y a toujours aucun bilan officiel disponible pour le moment ni d’avancée dans l’enquête que les autorités disent avoir ouvert pour déterminer qui est derrière cette attaque. A ce propos, il règne une certaine confusion. Lundi, le porte-parole du gouvernement a accusé d’anciennes milices Ninjas tout en disant qu’une enquête était en cours pour déterminer de possibles liens avec l’opposition.
Victoire de Denis Sassou-Nguesso validée
Il y a des interrogations au sein de la population et dans les milieux diplomatiques. Certaines sources se demandent pourquoi il a été demandé aux habitants de quitter leur domicile, ce que dément la police, mais c’est ce que racontent de nombreux témoins, et pourquoi aucun bilan humain n’est disponible puisque des tirs à l’arme lourde ont été entendus.
C’est dans ce contexte que la Cour constitutionnelle a validé hier soir la victoire du président Denis Sassou-Nguesso à la présidentielle du 2 mars dernier. Une victoire dès le premier tour, avec 60,19% des voix. La rapidité de cette validation a surpris certains observateurs, car il y a quelques jours l’un des candidats Guy-Brice Parfait Kolelas avait déposé un recours pour demander entre autres l’annulation des résultats dans deux départements et un arrondissement de Brazzaville.
Une requête jugée irrecevable par la Cour constitutionnelle pour deux raisons : non-versement de frais fiscaux et dépassement du délai dans lequel cette requête devait être déposée. Le porte-parole de Guy-Brice Parfait Kolelas conteste les raisons avancées. Il estime qu’il s’agit d’une « forfaiture » et non d’une décision de justice et dit réfléchir à la suite à donner à cette affaire.
© Par RFI