En République du Congo, après la réélection contestée du président Denis Sassou-Nguesso avec plus de 60 % de suffrages, le mois dernier, une ONG interpelle le président français. Dans une lettre ouverte adressée à François Hollande, la section française de l’organisation « Tournons la page », une coalition internationale pour l’alternance démocratique en Afrique, lui demande de « rejeter » publiquement le résultat du scrutin.
Depuis la validation des résultats par la Cour constitutionnelle, le 4 avril, qui a déchaîné des violences, l’Union européenne et les Etats-Unis ont affiché leurs doutes sur la validité de ces résultats. Le Parti socialiste français, dont est issu le président Hollande, a également durement critiqué le déroulement du vote.
Mais pour Jean Merckaert, rédacteur en chef de la revue Projet et membre de la coalition « Tournons la page », il est temps que l’Elysée sorte de son silence :
« La France a très longtemps tergiversé, concernant le régime à Brazzaville. Ça a été interprété par la population comme un feu vert donné à ces manipulations. Il est temps que la France sorte de sa torpeur, de ses demi-mesures, pour adopter une position courageuse : une condamnation publique sans ambiguïté des violences de la répression, un appel à la publication et au recompte des résultats des élections, car les 60 % attribués au président sortant ressemblent fort à une mascarade aux yeux de la population congolaise. »
Plus que des déclarations, Jean Merckaert exige du président français des actes forts, « une suspension des secteurs de coopération militaire avec le Congo ». « Il est difficile, dit-il, de comprendre que la France, qui prétend faire la guerre contre le terrorisme et continue à prêter main-forte militairement à une forme de terrorisme d’Etat qui est pratiquée par le gouvernement congolais.»
« Enfin, conclut M. Merckaert, il faut demander au niveau européen des régimes de sanction à l’encontre des personnalités qui sont impliquées, à la fois dans la répression et dans la manipulation du processus électoral. »
La France dit agir discrètement sur cette crise, en coulisse. A l’automne dernier, après les violences qui avaient émaillé la campagne référendaire sur le changement de Constitution, les autorités françaises avaient, par exemple, suspendu leur coopération policière avec le Congo.
Par RFI
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Congo: une mission humanitaire dans le Pool pour évaluer les besoins des civils
Au Congo, la mission humanitaire annoncée par les autorités congolaises a commencé à se déployer jeudi 14 avril dans le département du Pool. Cinq membres de l’organisation Caritas Congo ont quitté Brazzaville en concertation avec le ministère des Affaires humanitaires pour une mission d’évaluation. Objectif : évaluer les conséquences des opérations en cours dans la région sur les populations, recenser les déplacés, évaluer leurs besoins, leur apporter une première assistance avant d’éventuellement déployer une mission humanitaire de plus grande ampleur.
Objectif premier : prendre l’exacte mesure de la situation sur le terrain, car très peu d’informations ont filtré jusqu’à présent. Même Caritas Congo, implanté localement à travers ses paroisses, n’a qu’une vision parcellaire de la situation.
Seule certitude : il y a des déplacés. Pour la paroisse de Kindamba, 142 personnes ont été recensées mercredi. « On pense que la communauté ne pourra pas résister », explique Alain Robert Moukouri.
Le secrétaire exécutif de Caritas Congo s’inquiète de la situation à Kindamba : « Il y a un problème d’accès à la nourriture et à la santé. Et puis, il y a la question hygiène/assènissement. A Kindamba, à la paroisse, il n’y a qu’une seule latrine. »
« Et puis, ajoute-t-il, regardez la question de l’eau. A Kindamba, dans la communauté, il n’y a qu’une source d’eau qui n’est pas en bon état. Toutes ces questions seront appréciées par notre équipe de terrain. »
Au total, seuls deux recensements ont été faits. Non loin de Mayama, 116 personnes ont également été recensées à Nkoué. « A ce stade, je ne peux pas donner d’information sur la situation réelle sur le terrain », commente Alain Robert Moukouri.
Les équipes locales de Caritas Congo n’ont pas signalé d’afflux particulier de blessés. Selon plusieurs sources, les autorités locales ont demandé il y a trois jours aux populations déplacées à Kinkala de rentrer chez elles.
Mais beaucoup de questions restent en suspens : combien ont trouvé refuge en forêt ou bien dans des familles d’accueil ? Les populations restées chez elle sont-elles en sécurité ? Les marchés fonctionnent-ils normalement ? Y a-t-il des morts et des blessés ? La mission va tenter d’apporter des réponses.
Peu d’informations sur la population
Au total, seuls deux recensements ont été faits. Non loin de Mayama, 116 personnes ont également été recensées à Nkoué. « A ce stade, je ne peux pas donner d’information sur la situation réelle sur le terrain », commente Alain Robert Moukouri.
Les équipes locales de Caritas Congo n’ont pas signalé d’afflux particulier de blessés. Selon plusieurs sources, les autorités locales ont demandé il y a trois jours aux populations déplacées à Kinkala de rentrer chez elles.
Mais beaucoup de questions restent en suspens : combien ont trouvé refuge en forêt ou bien dans des familles d’accueil ? Les populations restées chez elle sont-elles en sécurité ? Les marchés fonctionnent-ils normalement ? Y a-t-il des morts et des blessés ? La mission va tenter d’apporter des réponses.
Par RFI