Le 28 juillet dernier, l’agence de notation Fitch Ratings a dégradé en risque « exceptionnellement élevé » la note du Congo Brazzaville entre les mains du gang mafieux des Nguesso. Celle-ci est passée de ‘B’ à ‘C’. La précédente notation lui avait permis de lever 478 millions de dollars sur les marchés financiers en 2007. Le 30 juin 2016, le Congo a fait défaut sur une échéance de son remboursement, principal et intérêts.
En 2007, Fitch Ratings appartenait au groupe français FIMALAC de Marc Ladreit de Lacharrière. Depuis l’agence est passée sous le contrôle du groupe américain HEARST. La note ‘B’ était d’une complaisance extrême ou alors basée sur de fausses informations qui lui avait été communiquées par la Banque Mondiale et le FMI, dont le Représentant Résident à Brazzaville n’était autre que Monsieur Yaya Moussa, devenu homme de paille de Denis Christel Sassou Nguesso.
Cet emprunt, d’une maturité de 22 ans, avait été émis dans le cadre de la restructuration de sa dette commerciale envers le Club de Londres. Ce dernier, groupe informel, rassemblait des créanciers banquiers privés de la République du Congo ; par opposition au Club de Paris qui centralisait les créanciers publics. La totalité des encours au 30 juin 2006, qui y étaient logés, s’élevait à 1190 milliards de FCFA (environ 2milliards de USD) ; et son président n’était autre que Monsieur Thierry Desjardins, par ailleurs « Responsable Restructuration Dette » à BNP PARIBAS (alors banque de référence de la Société Nationale des Pétroles du Congo « SNPC ») au siège du 16 bd des Italiens à Paris.
Les Avocats du Congo, à l’époque Cleary Gottlieb Steen & Hamilton à Paris, avaient fait un forcing effréné auprès d’autres créanciers privés du Congo pour qu’ils acceptent ce « règlement » par le Club de Londres. En février 2006, le gouvernement congolais et le Club de Londres (chez BNP PARIBAS comme le Club de Paris à Bercy) concluaient un accord de restructuration de la dette commerciale intégrant une décote de 77% du fait de son éligibilité à l’initiative PPTE (Pays Pauvre Très Endetté) à 268 milliards de FCFA.
Un premier acompte (amortissement) de 5% était prévu pour le 5 décembre 2007. Le solde devait être remboursé sur 22 ans avec une période de grâce de cinq ans. Cet accord avait été agréé par le FMI et la Banque Mondiale et concrétisait, selon les institutions internationales, « les efforts de redressement économique et financier déployés par le gouvernement congolais depuis son éligibilité à l’initiative PPTE ». Il est à noter que la Côte d’Ivoire dans un même temps ne se voyait accorder qu’une décote de 20%, par le Club de Londres, pour sa dette commerciale.
Le « génie financier » au service des autorités congolaises, dénoncées régulièrement pour leurs fraudes, leurs vols et leurs détournements auprès du FMI et de la Banque Mondiale, malentendants, avait alors permis l’emprunt de 478 millions de dollars d’une même maturité, 22 années, sur les marchés obligataires. Ce montant couvrait la totalité des remboursements à effectuer aux créanciers logés au Club de Londres. Ces 478 millions de dollars, comme tous les autres revenus du Congo, ont disparu dans les poches de quelques-uns et ne permettront pas d’honorer les engagements pris en faveur des créanciers en contrepartie de l’acceptation d’une décote de 77%.
Outre le danger pour le Congo d’être dégradé en catégorie ‘D’, celle des pays en défaut de paiement, le non-respect de cette échéance devrait entrainer l’exigibilité de la totalité de l’emprunt ; sûrement un reliquat de plus de 400 millions de dollars. De plus, la situation financière du Congo ne permet sûrement pas d’honorer les remboursements dus aux créanciers du Club de Londres. Il est clair qu’ils seront en droit de revenir sur leur accord pour la décote de 77%.
Quand bien même l’accord signé ne le permettrait pas, il est évident que ces créanciers ont été victimes d’une escroquerie montée par des financiers véreux, avec la complicité de fonctionnaires d’institutions internationales qui ont travesti la réalité financière et économique d’un pays livré totalement à la corruption d’un petit clan : celle de Sassou Nguesso et de ses sbires. Ils auront alors, judiciairement et collectivement, l’opportunité d’obtenir le retour à 100% de la valeur de leur créance.
Il en coûtera aux finances congolaises 2 milliards de dollars (la créance originale du Club de Londres) plus 500 millions de dollars de l’emprunt à rembourser (avec intérêts et frais). C’est-à-dire près de 2,5 milliards de dollars !
De plus, l’affaire est criminelle, nous l’avons dit. Le Congo n’aurait jamais dû accéder au marché obligataire du fait d’une notation ‘B’ erronée (basée sur de faux rapports FMI et Banque Mondiale) ou volontairement favorable. Des intérêts privés ont été gravement lésés et les autorités de contrôle des marchés, européens ou américains interviendront vraisemblablement.
En novembre 2007 à la signature des derniers accords, M. Desjardins avait indiqué qu’ils devaient « rendre la dette soutenable pour permettre au Congo d’accéder au point d’achèvement de l’initiative PPTE et permettre au pays de dégager des ressources supplémentaires pour la réduction de la pauvreté et les secteurs de la santé, de l’éducation, du logement, de l’eau, de l’électricité et l’assainissement urbain. »
Tout cela était mensonger, comme certains l’avaient dénoncé et comme nous nous en rendons effectivement compte maintenant. La pauvreté est bien plus grande aujourd’hui après les effacements de dettes du Club de Londres et de Paris et les 30.000 milliards de FCFA de recettes pétrolières….
Denis Sassou Nguesso et ses complices financiers devraient être poursuivis. Comme le disait, M. Desjardins, l’accord du Club de Londres a permis l’accord du Club de Paris. Ces deux accords, loin de soulager véritablement les finances du pays, ont permis au dictateur congolais plus de dérives financières, plus d’appropriation du bien public, plus de détournements et bien entendu plus de dérives autocratiques pour rester au pouvoir.
Cette affaire du Club de Londres, logé à Paris Bd des Italiens, ne devrait pas tarder à se retrouver dans les mains de la justice française, en son pôle financier de la rue du même nom, dans le même arrondissement de Paris, fort occupé déjà avec l’affaire des BMA.
Denis Sassou Nguesso peut truquer les élections. Denis Sassou Nguesso peut truquer les rapports des institutions internationales, mais il ne peut en aucun cas truquer l’économie congolaise et ses finances publiques qu’il a complètement mises à plat. Nous sommes maintenant à l’heure des comptes et tout Congolais responsable qui se tait sur ces domaines devrait être reconnu « COMPLICE » !
Rigobert OSSEBI
Source : www.congo-liberty.com
http://congo-liberty.com/?p=16128
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