L’un des malheurs de l’Afrique c’est qu’elle a toujours soufflé à la fois le chaud et le froid, voulu une chose et son contraire, tout en jouant aux candides béats, pleine de rêves d’espoir d’un éveil continental messianique à l’avenir radieux.
Les Africains croient dur comme fer au père Noël. La période s’y prête fort malheureusement.
C’est dans ce contexte qu’il faut circonscrire l’acte de désespoir de ces jeunes Centrafricains qui se disent « patriotes » contre l’ambassade de France à Bangui.
l’axe ABBL peine à trouver ses abscisses et ses ordonnées tant les négociations avec les rebelles n’avancent pas. Les troupes si. Et même, très vite…
Lorsque la France intervient dans un conflit, on dit qu’elle fait de l’ingérence. Lorsqu’elle ne s’en mêle pas, c’est un lâchage en règle, une non-assistance à état en danger ! Etre jongleur-équilibriste serait nettement plus facile.
La ligne du « Président normal » est pourtant claire. Plus d’ingérence de la France dans les affaires des Etats. C’est ce qui rend Paris réfractaire à un rôle de premier plan dans la perspective d’une intervention armée dans le Nord Mali.
Il y a plusieurs raisons qui pourraient expliquer le silence de la France :
- Le CV peu brillant de François Bozizé qui lui-même a emprunté les mêmes chemins tortueux que les rebelles. Ce serait mauvais pour l’image de François d’aller en sauver un autre qui plus est se trouve à la tête d’un régime putschiste.
- La tête des médiateurs qui eux-mêmes ne sont pas en bons termes avec la France où ils sont poursuivis dans l’affaire des biens mal acquis.
- S’associer à l’axe ABBL (Addis-Abeba – Bangui-Brazzaville-Libreville) dans leurs négociations équivaudrait, pour la France, à adouber et à améliorer l’image peu reluisante de ces parties auprès de la communauté internationale. Ce qui ne correspond pas du tout à ligne que s’était fixée le « Président normal » au début de son quinquennat.
- Il est évident que l’armée n’est pas du côté de Bozizé. L’avancée facile des rebelles comme on va à la cueillette des baies sauvages indique que l’armée refuse de les affronter. Bangui est à portée de main. Un changement des rapports de force relèverait des effets spéciaux. Intervenir directement dans ce conflit aurait des relents colonialistes.
- A trop se montrer complaisant avec Bangui, un certain Giscard d’Estaing n’a pu être réélu. François Hollande qui compte bien rempiler pour un second mandat l’a bien compris et se garderait donc d’y engager les troupes.
- Déjà que donner du pain aux petits Français devient une vraie partie de Sodoku, s’engager sur le front Centrafricain serait néfaste pour la santé économique de la France.
On pourrait davantage allonger la liste. Mais votre avis nous intéresse. Aussi, nous vous posons les questions suivantes qui à nos yeux sont dignes d’intérêt :
- François Bozizé doit-il partir ? Si oui, pourquoi ?
- Comment interprétez-vous le silence de la France ?
- A votre avis, la France devrait-elle intervenir ?
- Quel est, selon vous, le meilleur moyen pour résoudre cette crise ?
- Quelles chances y a-t-il pour que la négociation ABBL aboutisse ?
Source: http://www.afrik-online.com/?p=16888