11 mois, jour après pour jour, après la réélection usurpée de Mr SASSOU NGUESSO alias 8%, la censure et les violences sur les personnes sont remises au goût du jour. Il ne se passe pas un jour sans qu’un citoyen lambda soit agressé ou maltraité pour ses propos ou simplement pour ses opinions contraires à la réalité tant vantée dans les médias et officines gouvernementales.

Ces atteintes aux personnes et aux libertés partent de l’intimidation à la bastonnade comme l’a été cette fille qui a osé critiquer le pouvoir dans un bus public. Le pouvoir en place ne s’ennuage plus pour faire taire le peuple, fermer les médias, arrêter les journalistes, remplir les prisons. Le nombre de détenus à la maison d’arrêt dépasserait largement la capacité carcérale du pays. Une purge implacable est en train de sévir à ciel ouvert dans un pays où le simple fait de tousser est susceptible de se transformer en un délit gravissime.

Les perquisitions sans ordre judiciaire s’étendent à tous les domaines tant dans les entreprises que dans les foyers de pauvres citoyens. Il n’est plus faux de dire que le pouvoir a décidé d’élargir les arrestations à d’autres groupes pour le seul motif d’appartenance à un groupe ethnique non favorable à leur politique clanique. Un état d’urgence qui ne dit pas son nom, voilà ce que vivent les congolais depuis le 20 mars 2016.

Une opposition engluée dans les mêmes erreurs

D’un autre côté le champ politique de l’opposition semble revivre les déclarations, les marches et meetings de l’anti-référendum. Elle a du mal à intérioriser le fait que le combat a muté. Pendant que l’animal blessé dicte sa loi et attaque sur tous les fronts, nos décideurs politiques, paralysés par la peur de déplaire aux donneurs d’ordres qui militent pour le statut quo prédateur, ne prennent aucune initiative. Pour contraindre le prédateur à se replier.

On ne peut gagner une guerre en ne mobilisant pas les moyens nécessaires pour cela. Avec une forte mobilisation, des meetings dans les villes et campagnes, l’opposition arriverait sans nul doute à faire comprendre au peuple congolais sa position et rallierait sans ambages ses militants à la cause juste et nationale. Mais force est de constater qu’un « un troupeau sans berger est assurément à la merci du premier prédateur ».

Comme nous le disons plus haut que notre combat a muté. Que ceux qui veulent aller aux législatives et consacrer leur temps à l’organisation des congrès constitutifs doivent désormais être mis à l’écart de tout combat pour la départ sans condition de Mr SASSOU. Ce qui nous réconciliés hier, c’est-à-dire le refus de la pérennisation du pouvoir de Mr SASSOU doit être la seule leitmotiv de notre combat du moment. Il est inconcevable et je dirais même insupportable de constater que le prédateur qu’on veut éliminer s’emploie à éliminer de façon méthodique, radicale et sournoise une partie de la population et de ce fait qu’on puisse observer en même temps des versions de pseudos oppositions complètement incompréhensives qui se préparent à aller aux législatives. Si ce n’est pas adouber le perdant, celui-là même qui a volé le peuple, j’aimerais qu’on m’explique ce que c’est…..

Il a manqué à notre opposition le sens de l’anticipation et de la prévision. La démocratie ce n’est pas seulement l’intelligentsia comme c’est le cas dans beaucoup de plates-formes associatives qui fleurissent ci et là soutenant tel leader ou un tel autre leader sans réel fondement politique. Le combat actuel n’est plus celui d’avant le referendum de la honte organisée par SASSOU. Cette opposition a volé en éclat pour diverses raisons dont il serait inutile d’y perdre encore le temps pour en disséquer les causes. La rupture est consommée aujourd’hui entre ceux qui militent réellement pour le départ de Mr SASSOU et ceux qui s’activent pour un maintien du dictateur sous certaines conditions.

L’opposition ignore-t-il cette adage vieux comme le monde que quand le « rythme change la danse doit changer également ». Le prédateur a changé de danse et l’opposition continue à jouer une musique à contre sens. Or à ce jeu, c’est le prédateur qui mène la danse.

Il me parait logique et même opportun que lorsque le peuple est attaqué, blessé dans sa chair par une horde de pseudos militaires à la solde du pouvoir militaro-tribalo-clanique, on organise pas un congrès mais on entre en résistance. Lorsque certains compagnons de lutte sont chassés dans la brousse comme de simples gibiers, et d’autres, torturés, bastonnés, emprisonnés, ou poussés en exil forcé, lorsque la république a un genou à terre, la solidarité s’impose. Le loup n’est jamais vaincu par un seul chien, c’est la force de la meute qui fait capituler le loup.

Cette opposition qui continue à faire la politique qu’avec les mots et des discours espère-t-elle tuer un éléphant avec un bâton ? Je m’interroge….

En effet, si l’élection de Mr SASSOU en 2016 fut une honte nationale, la réaction de certains leaders qui se disent encore de « l’opposition des perdants » offre un spectacle plus triste encore. Certains sont incapables de revendiquer leur victoire comme s’ils en avaient honte préférant faire profil bas, la queue entre les pattes. Préférant se lancer dans la cueillette des voix pour assurer un pseudo–congrès qui n’assurera à coup sûr qu’un intérêt éphémère.

Le POOL est transformé en un abattoir humain, les décideurs politiques détourent leur regard. Demain, le POOL meurtri par cette guerre injuste qu’on lui a imposé se relèvera-t-il pour aller voter un seul député ? Ou ces derniers ne sont-ils pas déjà designer d’avance par le même prédateur qu’on feint de combattre.

Demain, serions-nous surpris de constater que le POOL redevienne le département le plus peuplé car vidés de ses vrais ressortissants mais repeuplés par des immigrés soudanais, Tutsi et autres qui campent encore dans la partie Nord du pays. C’est ce qui se trame en toile de fond dans cette guerre qui ne dit pas son nom au POOL. Tuer les bakongo et remplacer les par d’autres ressortissants baptisés bakongo qui acclameront demain KIKI et sauveur du POOL.

Demain ce leader du POOL ne dira pas que je ne savais pas ……

Cette attitude ne fait que renforcer le sentiment que l’opposition est en manque de stratégie, qu’elle est en perte de vitesse. Renforçant ainsi le sentiment d’abandon qui prévaut aujourd’hui dans la société congolaise. Certains combattants n’hésitent plus à nous dire tout haut qu’ils ne peuvent plus continuer à obéir à des personnes qui ont leurs familles bien protégées à l’étranger et qui mettent en péril les enfants et les familles des autres. Ce qui est parfaitement compréhensible au regard du comportement de certains leaders politiques.

Notre opposition est faible et atonique de l’intérieur car ses grands théoriciens sont incapables de nouvelles propositions. Tout ce spectacle misérable affichée ici et là n’est rien d’autre que la poursuite de la triste politique de « TOSA O LIA » exploitée savamment par le clan Sassou pour distraire le peuple congolais de ses propres scandales multiples et turpitudes. KOLELAS n’est plus le seul artisan de la politique du surplace. C’est l’ensemble de l’opposition qui est à blâmer.

L’échec de l’élite dite de la diaspora

La triste image qui associe certains congolais à des mauvais perdants, incapables d’affronter la réalité doit être attribuée en partie à l’échec éthique de la « génération 1990 » des intellectuels.

Qu’ont–ils fait des acquis de la Conférence Nationale Souveraine ? Ont-ils su faire sienne le goût et la capacité d’étudier avec rigueur, la réalité de partager leurs connaissances et compréhension avec ceux qui ne disposent pas de tels privilèges tels qu’ils ont été renseignés par la conclusion de la Conférence Nationale ?

La génération des intellectuels des années 1990 dont la conscience politique a été temporairement éveillée par la dictature des années 80 aurait dû reconnaître que leur devoir était d’utiliser leur position pour éduquer le peuple congolais sur l’histoire et les réalités du monde dangereux que construisait Sassou Nguesso.

Or beaucoup se sont lancés dans les opportunités de réussite frauduleuse en manipulant les masses plus qu’en les éduquant.

L’élite de la diaspora d’hier, aujourd’hui aux affaires, qui s’auto-satisfaite sur la situation des masses populaires qu’ils dénigrent d’en haut en roulant dans des grosses berlines à travers le pays, est responsable de la défiance actuelle de la nouvelle génération. On faisant sciemment d’ignorer eux-mêmes leur devoir social primaire qui est de chercher la vérité et de la partager car Ils s’auto-détruisent. Ils ignorent que cette attitude animée par la course à la promotion personnelle effrénée teintée de favoritisme ne peut que produire cette réaction anti-élite. La réaction du peuple envers ses élites a dangereusement suscité le repli sur soi ou repli ethnique dans notre société. Ignorent-ils qu’ils contribuent consciemment ou inconsciemment à la division programmée idéologiquement du Congo ? Malheureusement, laissant de ce fait des beaux jours aux membres du clan Sassou Nguesso.

Et que fait l’élite de la diaspora encore en exil ? Sinon s’organiser pour prendre la place de celle qui soutient le pouvoir actuel mettant ainsi en scène un pays divisé non par un ennemi extérieur mais par ses propres divisions internes et l’incapacité d’aller vers un débat constructif. Sachons nous remettre en cause et surtout accepter nos propres faiblesses. Nous avons tous failli  autant que nous sommes. Allons vers un nouveau contrat avec le peuple en acceptant les erreurs des uns et des autres. Je suis le premier à faire mon mea culpa pour mes choix et prise de position. Ceci pour dire je reste ouvert a toutes propositions pour faire avancer le combat.

Jean-Claude BERI