Les véhicules à moteur ou autres engins similaires servant, soit au transport des personnes, soit au transport des marchandises par route, en circulation dans le périmètre de la commune de Brazzaville doivent désormais payer la taxe de roulage.
Cette décision qui est effective depuis la première quinzaine du mois en cours, a été prise au cours de la session du conseil municipal qui s’est tenue le 7 septembre 2010.
La réactivation de cette taxe qui a été suspendue par le gouvernement en compensation de l’augmentation du prix du carburant à la pompe est une aubaine pour la commune et le conseil.
Le montant de la taxe de circulation est calculé à l’aide d’échelles tarifaires officielles fixées par type de voiture, camion et de motocyclette. Elle est de 7000 Fcfa pour les motocyclettes, de 2000 Fcfa pour les pousse-pousse et de 27500 Fcfa pour les voitures ordinaires et 4X4 ainsi que celles de type berline. Cependant, pour les gros véhicules, la taxe est fixée en fonction des chevaux. Elle varie de 48.000 F. à plus de 100.000 Fcfa. On peut affirmer avec certitude que la mairie de Brazzaville sortira au terme de cette campagne avec des caisses bien renflouées. La question qui revient cependant sur toutes les lèvres comme un leitmotiv, est celle liée à la gestion de cette manne que procurera le recouvrement de la taxe de roulage.
En effet, à la faveur de la 7ème session du conseil municipal de Brazzaville, le maire de la ville Hugues Ngouolondélé, en sa qualité du président dudit conseil avait annoncé la reprise du recouvrement de la taxe de roulage. Pour mémoire, cette taxe à l’instar de celle relative à l’autorisation de transport, Véritas, à la patente et à celle du droit d’auteur avait été annulée en vue de désamorcer la grève des transporteurs en commun qui protestaient contre l’augmentation du prix du carburant à la pompe. Dans les faits, la réactivation de la taxe de roulage par le conseil municipal n’est que justice. Car, Brazzaville qui est l’une des villes de la sous-région regorgeant d’innombrables véhicules, comme en témoignent les embouteillages qu’elle connait
cette dernière décennie manque de moyens financiers subséquents pour faire face à ces obligations. Il s’agit d’un paradoxe saisissant auquel il faut à tout prix remédier. Tous les opérateurs du développement sont formels à ce sujet, qu’aucun progrès n’est possible sans les hommes et les moyens. Le développement d’une ville n’en fait nullement exception. Le maire étant astreint à l’obligation de résultats, il lui faut impérativement des moyens à la mesure de la tâche. Au nombre des sources potentielles susceptibles de l’aider à accomplir efficacement sa mission quasi sacerdotale sont incontestablement les différentes taxes.
En rappel, le Congo gère depuis près de 7ans, un nouveau système administratif mixte qui repose sur une répartition d’attributions entre l’administration déconcentrée et celle des collectivités locales ou décentralisées. A cela s’est ajouté pour les préfets, le rôle d’assurer la tutelle de l’Etat sur les collectivités locales, tout en garantissant leur pouvoir de s’administrer librement. Cette tutelle consiste essentiellement en un contrôle a posteriori de légalité sur les actes des autorités décentralisées. Ce processus est entré dans sa phase pratique depuis 2003 avec l’organisation des premières élections locales et l’installation des conseils qui font office d’assemblées locales. Celles-ci délibèrent sur les affaires relevant de leur compétence et qui intègrent le développement de la collectivité locale. C’est le cas de la commune de Brazzaville aujourd’hui. Le non recouvrement de la taxe de circulation constituait à n’en point douter un manque à gagner pour cette collectivité locale, de plus en plus en proie à des difficultés de tous ordres.
L’implacable orthodoxie financière
Comme chacun le sait, le conseil municipal en général et singulièrement le maire, ont besoin d’argent frais pour récréer Brazzaville dans toutes ses facettes. Les routes défoncées, les caniveaux engorgés, les immondices qui côtoient les habitations, bref, la situation de la salubrité publique de la commune de Brazzaville est préoccupante. Ainsi, le recouvrement de la taxe de roulage arrive à point nommé.
Pour nécessité d’orthodoxie, les recettes générées par cette campagne lancée tambour battant devraient être portées à la connaissance du grand public, afin d’éviter tout soupçon. Il est de notoriété publique que le maire, cumulativement avec ses fonctions de président du conseil est chargé de gérer les revenus et de veiller à la comptabilité. Tout comme, il doit présenter au conseil municipal, le compte administratif et le compte de gestion. La taxe de roulage qui est exigée chaque année aux propriétaires de véhicules, contribue à la formation des ressources fiscales de la commune de Brazzaville. Pour mémoire, la commune de Brazzaville assume pour l’ensemble du département, la responsabilité d’offrir à ses habitants des services d’agglomération de qualité et d’en gérer les équipements.
© Irma Patriciat Oko