Par  Jean-Claude BERI

A une époque déterminée de l’histoire de notre pays, une forte tendance à la gestion des affaires de l’Etat s’est manifestée chez beaucoup  de Congolais. Ces ambitions – pour le moins légitimes- ont été observées depuis l’époque de la révolution des 13 14 15 août 1963 jusqu’à nos jours et ont le mérite d’offrir à notre peuple une histoire caractérisée par des soubresauts et autres péripéties à rebondissements.

Au titre du tableau sombre d’événements malheureux à inscrire au compte de l’immaturité politique des acteurs de chaque époque, l’on peut noter : les complots, les coups bas, les coup d’Etat, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires, les assassinats , les empoisonnements , les épurations, les violences et autres formes d’intolérance qui ont la conséquence de troubler gravement les consciences de nos concitoyens dont certains sont condamnés à garder éternellement les stigmates d’une quelconque séquence douloureuse de leur vie.

A côté de ce tableau désolant au plan politique , se greffe inévitablement celui d’un mode de gestion chaotique et irresponsable des affaires de l’Etat qui a engouffré l’économie nationale dans les profondeurs d’une crise devenue incurable , et qui a conduit l’administration générale sur la voie de l’enlisement total. Tout ceci relève de la mauvaise compréhension de l’activité politique. Car les comportements des différents acteurs que nous observons aujourd’hui, loin de revêtir la dimension nationaliste, ont toujours été empreints d’infantilisme, d’égoïsme et de l’amateurisme. Ces pratiques observées sont inspirées par cette interprétation tout à fait déformée de l’activité politique définie tantôt comme l’art de tromper, tantôt comme terrain glissant, tantôt comme domaine réservée aux initiés. Certains en ont fait une profession une profession et d’autres une obsession.

Toutefois, il reste que c’est le peuple qui paie le tribut des ces turbulences car c’est lui qui est appauvri et endeuillé implicitement, et son développement hypothéqué.

Les mentalités de nos compatriotes se sont transformées au fur et à mesure que les méthodes rétrogrades de gestions étaient pratiquées les acteurs politiques s’illustrant  eux mêmes dans la dérive totale.

Quelle culture démocratique, pouvions-nous espérer d’une classe politique qui elle-même n’appréhende pas le vrai sens de la politique ?

Ainsi ni la confusion s’est installée dans notre pays ou le peuple saupoudré, soutient aveuglement des acteurs politiques « immatures », sans conviction, égoïstes, corrompus et surtout égarés qui rivalisent d’ardeur pour mieux le tromper. Pour ce faire, les concepts de tribu, de région, de courtisan, d’école d’idéologie et autre absurdité du même genre ont été mis à contribution pour mieux manipuler le peuple livré à toutes ces gesticulations négatives. Tout le monde a fini par s’accorder  sur cette vision limitée et obscurantiste de la politique.

Tout le retard du Congo par rapport aux autres pays d’Afrique s’explique par cette mauvaise interprétation de l’activité politique qui est prise plutôt comme une compétition ou l’on peut assurer le bien-être de certains  proches gérant les affaires de l’Etat.

Ainsi ni  le souci du pays , ni la tendance à hisser le pays au niveau des nations civilisées, ni la volonté de le mettre en compétitions même avec ses pairs d’Afrique et ni le souhait de soigner son image extérieure, source de toutes  les perspectives  d’assistance de la part de la communauté internationale, n’ont préoccupé nos politiques qui a contrario, n’ont fait que multiplier les ruses, les coup d’Etat, pour davantage retarder le Congo.

Sur la scène politique obnubilés par le goût du gain facile s’éliminent  mutuellement sur fond d’intrigues sous le regard innocent (mais attentif) d’un peuple effaré par les turpitudes de ses fils.

A cet effet comment justifierons-nous le retard économique pris par un pays aux richesses démesurées alors que dans les années d’après indépendance, le Congo affichait une dynamique de croissance ascendante ?

Comment expliquer le dysfonctionnement de notre administration pour un pays dont l’espace et les ressources humaines sont facilement maîtrisable!!

Pourquoi observe t-on  le déchirement  du tissu social alors que d’une part le pays regorges de plus en plus de cadres (civils et militaires)  formés dans les grandes écoles du monde  et,  d’autre part recèle  une réserve de sagesse  hors pair en Afrique. Ce peuple qui a  toujours démontré à chaque  épreuve de son histoire ; toute sa capacité à transcender les divergences négatives, mérite-il aujourd’hui, par la faute d’un système corrompu à l’extrême animé par un homme  sourd de toutes doléances de plus en plus persistant du peuple, un sort aussi atroce ?

En le refusant nous estimons qu’il s’agit aujourd’hui plus que jamais de restituer les choses à leur place. Pour ce faire,  une Vraie RUPTURE s’impose.

D’abord la politique doit-être comprise simplement comme «  l’art de gérer la cité » Ceci étant dans le sens de la nation et le respect du bien public actuellement pillé et détourné à des fins personnels. Travailler pour modifier les comportements des hommes politiques qui dégageraient une éthique d’hommes d’Etat, lorsqu’ils se trouveraient aux commandes des affaires publiques. En restaurant l’autorité de l’Etat (Par la mise en mouvement effective des institutions chargées de cette tâches c’est-à-dire la juste et la force publique), l’on doit reconnaître  en celui-ci la forme d’organisation de la nation ou l’expression organisée du peuple. Son caractère sacré devrait hanter tous les fonctionnaires et autres autorités dotées d’une puissance publique. Enfin, qu’il soit bien compris enfin que, ce qui appartient à l’Etat appartient au peuple et que tout abus de la chose publique porte préjudice quelconque aux populations.

De ce fait, on a plus besoin d’expliquer ici que tout détournement des deniers publics équivaut soit à une école de moins, soit à un lot de pensions ou de bourses impayées….

Au regard des faramineuses sommes d’argent détournées par le clan SASOU et autres personnalités de l’Etat, nous devons donc apprécier à juste titre l’ampleur de l’incidence  sur le développement de notre pays. Combien de routes bitumées, d’établissement scolaires et hospitaliers viables, d’entreprises et autres établissement bancaires etc  n’aurions-nous pas construits avec cette masse d’argent détournées par cette bande en mal de jouissance personnelle ?  Au stade actuel de dégradation de la situation, l’Etat a-t-il encore les moyens de restaurer son autorité afin de sauvegarder les acquis  du peuple et  de garantir le développement de la nation ?

Nous devons reconnaître que le vice est caractérisé au sein de toute la structure étatique depuis le retour sanglant du Clan SASSOU. Ce système engendre un lourd héritage négatif pour la jeunesse de notre pays. Cet héritage est fait :

  • D’un manque de culture démocratique
  • D’un manque de nationalisme
  • D’une tendance à la division
  • D’une culture du moindre effort
  • D’une aptitude du gain facile
  • D’un manque de respect du bien public
  • D’une dégradation catastrophique des infrastructures économiques
  • D’une économie nationale en pleine déliquescence
  • D’une administration publique moribonde
  • D’un Etat peu crédible à l’extérieur
  • D’une progression à reculons vers l’avenir….

Toutefois, en, dépit des graves erreurs que nous observons, commises par cette classe politique incohérente, les espoirs restent encore permis car notre pays regorge encore d’énormes potentialités économiques et d’importantes ressources humaines sans oublier qu’il est doté d’une conscience populaire assortie d’un génie exceptionnel. Il s’avère impérieux d’exciter les capacités  de créativité et d’entreprise qui sommeillent encore chez nombreux de nos compatriotes, abusés par la mauvaise gestion du Clan SASSOU, dont le talent inné ou cultivé est plus à démontrer.

Le moment est plus que jamais de continuer notre combat pour restaurer un véritable Etat de droit, d’envisager l’avenir de notre pays avec assurance et méthode. Il paraît opportun d’exorciser tous les démons qui freinent l’évolution de notre pays en créant une dynamique cohérente de développement.

C’est la couche dont l’avenir est rendu incertain qui doit le plus prendre conscience de la catastrophe actuelle, en l’occurrence la jeunesse. Dans cette couche les compétences ne manquent pas pour faire décoller le Congo afin de le hisser sur l’arène des nations civilisées. Il s’agit de s’impliquer résolument dans la gestion des affaires publiques en dénonçant  le hold-up actuel du Clan SASSOU et s’organiser pour préparer une transmission de pouvoir négociée de manière responsable et élégante.

Nous sollicitons ainsi une adhésion des jeunes de toutes les sensibilités politiques et de toutes les couches sociales à la dynamique de réconciliation de ce pays qui nous est commun. Ouvrons grandement les yeux pour aller vers le chemin lumineux du développement et non vers celui de l’égarement. Sachons faire la bonne lecture du débat politique afin de discerner les aspects de division et les aspects d’unité. La bonne gestion du produit nationale brut doit permettre à chaque citoyen congolais de jouir du revenu et dénonçons la tendance vers le détournement systématique des ressources qui appauvrisse sans cesse le niveau de vie de nos concitoyens.

Changeons le discours politique en privilégiant d’abord le Congo notre chère patrie.

Dotons notre peuple d’une autre  culture démocratique pour éviter les erreurs d’appréciation de l’activité politique.

Inculquons à notre peuple un autre code moral et le goût de l’effort gage de tout épanouissement

Cristallisons chez tous nos frères le sens de la nation et l’amour de la patrie.

Œuvrons tous pour redonner a ce merveilleux pays ses lettres de noblesses par notre participation à la dynamique de la reconstruction nationale.

« Le peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer, ni massacrer mais il doit défendre ses acquis. Il doit défendre le droit de construire avec son propre travail une vie digne et meilleure. »

Jean-Claude BERI