qui-veut-vivre-avec-qui-300x188-7657468 A : propos du vivre ensemble : qui veut vivre avec qui ?

Par : Patrick Eric MAMPOUYA 

il m’est impossible de vivre avec des manipulateurs

Chacun de nous expérimente tous les jours dans sa vie quotidienne le vivre avec l’autre. Pour vivre avec les autres il faut avoir un minimum de valeurs communes. Le respect est la première condition pour tisser une relation quelconque avec autrui car on ne peut pas entrer en relation saine avec une personne qu’on ne respecte pas, Le vivre ensemble que les autorités déclament au Congo-Brazzaville n’est qu’un slogan de plus pour manipuler les populations car ces autorités sont en panne d’idées novatrices. La France qui est le référentiel congolais s’est construite sur trois valeurs fondamentales : la Liberté, l’Égalité, et la Fraternité. C’est aussi la devise de la France décliner sur tous les frontons des bâtisses publiques et les documents officiels. Ces trois valeurs qu’on pourrait qualifiées d’universelles sont reprises par tous les partis politiques, les associations, les syndicats et toute la population française. Elles sont à la base de toutes les politiques de gauche ou de droite et ces valeurs sont le fondement de toutes les luttes et avancées sociales françaises. Ainsi, on peut parler d’un peuple uni qui veut vivre ensemble en ayant pour objectifs les mêmes valeurs pour construire, défendre, faire rayonner et développer leur pays. De même pour le peuple américain, l’idée du vivre ensemble est soutenu par le « Rêve Américain » qui fait la promesse à chaque citoyen américain qu’on peut partir de très bas et arriver très haut grâce à ses capacités personnels, à son travail ou à ses compétences. Les traumatismes vécus par les peuples allemand, japonais, vietnamien, coréen et autres.. , pendant les dernières guerres mondiales ont forgé leur unité et la volonté de vivre ensemble de leur peuple.

Comme on le voit, le vivre ensemble est toujours soutenu par une ou des valeurs ou des batailles communes qui soutiennent l’unité à l’intérieur d’un pays ou d’une communauté.

Le vivre ensemble comme l’unité d’un peuple ou d’une communauté ne se décrètent pas, de même les slogans creux pour appeler les uns et les autres au patriotisme gratuit ou à s’aimer sont vains. Toutes les religions du monde entier qui pourtant prônent l’amour du prochain le savent ; les discours seuls ne suffisent pas, les discours doivent être accompagnés par des actes concrets.
Il y a des méthodes simples pour créer la cohésion d’un groupe, tous les meneurs d’hommes connaissent ces méthodes. On ne peut pas mener un peuple à la baïonnette et en mette temps lui demander d’adhérer, ça ne fonctionne pas. En ce qui concerne un peuple ou une communauté les méthodes existent, ces méthodes passent plus par l’adhésion, le volontarisme que par la coercition, il suffit donc de les appliquer au lieu d’abreuver les gens des discours creux.

Les congolais se partagent un espace géographique commun, un pays. Les frontières communes et un drapeau commun ne suffisent pas à fabriquer un peuple ou une communauté unie. Le vivre ensemble est impossible quand il n’est pas sous-tendu par une histoire commune ou des valeurs communes. L’histoire du peuple Tékés n’a rien à voir avec l’histoire du peuple Kongo, de même pour l’histoire du royaume de Louango. Les congolais n’ont aucune valeur commune partagée par tous. Ils ne se sont jamais battus ensemble pour façonner les frontières de leur pays ou même pour se libérer de l’esclavage, de la colonisation, de même notre drapeau n’a aucune histoire. Les congolais sont une juxtaposition d’ethnies avec des rites ou des coutumes différents (sans aucune valeur commune, sans aucun modèle commun, sans aucun héros commun) qui vivent les uns à coté des autres à l’intérieur de frontières communes, des frontières octroyer par le colon. Les congolais n’ont pas les mêmes rêvent. Quand certains congolais veulent maintenir au pouvoir un monarque fatigué et sans ambitions pour le pays, d’autres rêvent d’alternance et de liberté.

On le voit très bien dans les très rares débats politiques qui sont organisés par les très rares médias libres du pays, il ne faut surtout pas toucher au chef qui n’est responsable de rien pour certains, alors qu’il est à l’origine de toutes les dérives passés et en cours dans le pays pour les autres. Des lectures différentes de l’histoire du pays selon qu’on soit d’une ethnie ou d’une autre.

Qui veut vivre avec qui ? Ceux qui s’égosillent à appeler les congolais à vivre ensemble devraient revenir sur terre pour les regarder vivre. Les bons sentiments ne suffisent toujours pas à entrainer les gens. Les congolais vivent des réalités dramatiques tous les jours, certains congolais pensent à juste titre qu’ils sont venus sur terre pour accompagner les autres. Il y a des congolais qui ne mangent pas à leur faim de génération en génération et rien n’est fait pour qu’il en soit autrement. Il n’est pas rare de rencontrer des congolais de 40 ans et plus qui n’ont jamais eu de fiche de paie, marginalisés de fait dans leur propre pays pourtant riche, à cause de leur appartenance régionale ou ethnique. Ce tribalisme qui est entretenu au plus haut sommet de l’État est l’une des principales causes de frustration d’une partie importante des congolais.

L’injustice n’est pas qu’un sentiment chez certains congolais, la mise à l’écart d’une partie de la population qui se traduit par un tribalisme d’État n’est pas favorable à l’unité nationale et encore moins au vivre ensemble.

Les mensonges et les manipulations récurrentes des forces vives (partis politiques, associations, syndicats) par les pouvoirs publics ne sont pas favorables à l’unité nationale et encore moins au vivre ensemble.

Tous les congolais sont en train de vivre hélas le fiasco de l’accord de cessez le feu dans le Pool. Six mois après la signature de l’accord de cessez le feu rien n’a été fait pour satisfaire les demandes de l’autre partie. Même si les gens ne meurent plus, nombreux s’accordent à dire que les problèmes du Pool ne sont pas réglés pour autant. Il n’y a pas eu de commission vérité et réconciliation pour établir les responsabilités. Des personnes ont été sacrifiées pour rien, par qui ? Pourquoi ? Chacun murmure ou plutôt chuchote sa vérité. Personne n’a été indemnisé alors que les victimes du 4 mars 2012 avaient été indemnisées, et pourtant ici aussi les victimes du Pool n’ont rien demandé.

Alors que tout le pays est concerné par cette crise du Pool, seul deux personnes négocient pour régler la crise, le reste des forces vives n’a pas été associé.

Comme on le voit, les notions d’égalité et de méritocratie sont fondamentales si on veut parler d’unité nationale ou de vivre ensemble, hors de ces valeurs il n’y a que la manipulation et les autorités congolaises sont passées maitres en manipulation de toutes sortes.

Au Congo-Brazzaville on parle beaucoup mais on ne fait rien. Les nombreux dialogues entre les partenaires sociaux et les autorités ou bien entre les partis politiques ne donnent pas grand chose pour ne pas dire rien. Les autorités arrivent toujours dans les dialogues avec en première page l’ordre du jour des points à discuter et en dernière page les conclusions auxquelles elles veulent aboutir. Dans ces conditions, les dialogues ne sont que des manipulations pure et simple. Un autre exemple fantasque est illustré par le récent changement de constitution. Un acte illégal soutenu par une ethnie, un parti politique et jamais discuté. Le projet de la nouvelle constitution avait été découvert par le peuple à quelques jours du vote et modifié jusqu’à la veille de son vote, un vote sanglant faut-il le rappeler, un vote qui n’a jamais drainer les foule.

Ce changement de constitution avait pour seul but le maintien d’un homme au pouvoir, en échec total sur une gestion de plus de quarante ans, et qui a fait du Congo-Brazzaville son royaume privé comme le roi des belges au Congo Léopoldville, avec droit de mort, d’emprisonnement, de crimes en tous genres, en s’étant réservé un chapitre sur son impunité totale (article 96 de la nouvelle constitution : Aucune poursuite pour des faits qualifiés crime ou délit ou pour manquement grave à ses devoirs commis à l’occasion de l’exercice de sa fonction ne peut plus être exercée contre le Président de la République après la cessation de ses fonctions). Un véritable permis de tuer et de mal gouvernance constitutionnel.

Depuis combien de temps parle t-on dans ce pays de la gouvernance électorale ? Depuis combien de temps parle t-on dans ce pays de la pénurie des enseignants ? On pourrait continuer à citer d’autres points pour illustrer les manipulations et les mensonges des autorités congolaises. Comment dans ces conditions peut-on parler de vivre ensemble ?

Les autorités congolaises ne sont pas crédibles aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur du pays or pour entrer en relation avec autrui il faut un capital confiance.

Ceux qui parlent d’unité nationale et de vivre ensemble au Congo-Brazzaville ne sont pas crédibles, Ces personnes ne sont pas dans le besoin, elles sont loin, mais alors très loin des préoccupations du peuple. Elles ne manquent de rien, leurs familles et leurs enfants non plus. Ces personnes profitent allègrement des richesses du pays et pour se donner bonne conscience elles ont quelques associations de bienfaisance ou des partis politiques qui leurs servent à monnayer des miettes des richesses nationales. Comment peut-on encore parler de vivre ensemble quand la plus part des opposants politiques se trouvent dans des prisons ? Le foisonnement des procès politiques de ces derniers jours sont là pour en témoigner. Qui veut vivre avec qui ? Quand on veut vivre ensemble avec autrui on se fait modeste et respectueux, ce sont des préalables.

Le vivre ensemble au Congo-Brazzaville n’est qu’une escroquerie intellectuelle de plus, un slogan creux pour berner les pauvres gogo.

Patrick Eric MAMPOUYA