Congo-Brazzaville : le pays bientôt placé sous tutelle budgétaire du Fmi
Par : Les Afriques
Après le retrait du dossier du Congo de l’agenda du conseil d’administration du Fonds monétaire qui s’est tenu le 6 juillet passé, le pays est désormais au pied du mur et à la croisée des chemins. Le poids de la dette et les défauts successifs de paiement ont occasionné la dégradation progressive de la note du Congo par toutes les agences de notation.
En effet, malgré le fait que le régime au pouvoir à Brazzaville n’ait fourni aucun effort considérable de transparence, le FMI a décidé d’envoyer une nouvelle mission, prévue pour le mois d’août prochain, afin de négocier la mise en place d’un programme d’ajustement budgétaire. Une négociation que le régime Sassou engage dans une position d’affaiblissement, suite aux révélations relatives à la dissimulation d’une grande partie de la dette du pays, contractée auprès de la Chine et des Traders pétroliers. En effet, selon le FMI, les livres comptables du Congo affichent à ce jour une dette extérieure représentant près de 120% de son PIB.
Par conséquent, le régime asphyxié économiquement et financièrement en raison de la mauvaise gouvernance, est désormais au pied du mur. Aussi, le Fonds Monétaire International a-t-il confirmé lors de son conseil d’administration du 6 juillet 2018, les informations révélées par Les Afriques et d’autres médias dans le courant du mois de mars 2017. Ces révélations faisaient état de la dissimulation par Brazzaville, d’une grande partie de sa dette dévoilant ainsi le maquillage éhonté de ses comptes publics. Estimée en mars dernier à 77% du PIB, elle atteint en réalité 120% dudit PIB. Cette situation ne pourrait être sans conséquence sur les négociations en cours avec le FMI, relatives à la mise en place d’un programme d’ajustement budgétaire dont le Régime redoutait déjà les mesures drastiques. Mesures dont le pouvoir aurait souhaité se passer.
Selon nos sources bien introduites au sein des sphères financières, le Congo a bien tenté ces derniers mois de trouver des fonds auprès des pays Arabes du Golf afin d’apurer sa dette et d’échapper à la mise sous tutelle de son économie. Hélas! Ces efforts sont restés vains. Et les dernières révélations sur l’état de ses comptes ont achevé de discréditer le pays dirigé en toute opacité par Sassou auprès de ses créanciers. Il sied de préciser que le Congo de Sassou est désormais vendu au plus offrant sur le marché financier. Cependant aucun créancier ne s’y intéresse plus du fait de la dette gagée des ressources pétrolières auprès de la Chine et des Traders pétroliers sur la place financière de Genève.
La courbe macroéconomique du Congo est en décroissance depuis 2015. Le pays subit principalement l’effondrement des cours du pétrole dont l’économie congolaise dépend à 70%. Par ailleurs, la mauvaise gestion et l’explosion de la dette extérieure ont fortement contribué au marasme économique du pays. Il est opportun de préciser que depuis 2013, la dette du Congo dépasse largement le plafond des 60% exigé par les critères de convergence de la Cemac, le plaçant ainsi dans la catégorie des mauvais élèves de la zone franc.
En outre, nous constatons une augmentation des arriérés de paiement aux créanciers étranger. Ils sont évalués à plus de 56 milliards de FCFA par le FMI (soit 85,3 millions d’euros). C’est à la Chine, son premier prêteur, que le Congo doit le plus d’argent, suivie de la France et du Brésil.
La Chine refuse aujourd’hui de rééchelonner la dette du pays sans autre garantie, confie une source proche du dossier. Pékin verrait même finalement dans le FMI un outil propre à contraindre le Congo à une meilleure gouvernance budgétaire.
La France, à travers le club de Paris et les montages opérés par Total avait effacé 6 milliards de dette du Congo. Cette étape avait permis au Congo entre 2010 et 2012 d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Paris selon nos sources ne semble pas apprécier l’ouverture du marché des infrastructures aux entreprises chinoises après tous les efforts consentis. De ce fait, la France ne presse désormais plus le pas pour appuyer le dossier du Congo auprès du FMI.
Après avoir joué au jeu du chat et de la souris, le président congolais Denis Sassou Nguesso, isolé diplomatiquement, a fini par accepter le principe d’un programme d’ajustement budgétaire sous la houlette du FMI. Sassou s’aperçoit qu’il est entre le marteau du FMI et l’enclume d’une contestation sociale. Il n’a cependant plus d’autre choix que de se soumettre à cette exigence de transparence imposée par le Fonds Monétaire.
Au regard de tout ce qui précède, il sied de souligner que la mise en place d’un programme structurel du FMI signifie également une obligation de transparence sur les comptes du pays et sur les circuits des revenus. En conséquence, ces mesures d’austérité, très impopulaires, toucheront essentiellement le cœur même du régime congolais. Il s’agit entre autres de la fin des exonérations fiscales en faveur d’une série d’entreprises dirigées par des proches du pouvoir notamment les enfants, les neveux, les nièces et les petits-enfants de Sassou.
Les Afriques
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