Pour la course à la présidence, beaucoup redoutent une invalidation de la cadidature de Jean-Pierre Bemba. L’ex-vice président a fait trembler Kinshasa et tout le clan Kabila lors de son retour au pays début de ce mois d’août. Sa condamnation pour « subornation » à la CPI  a déjà été présentée comme une clause d’exclusion de la course à la présidence par des juristes « présidentiels », qui assimilent subornation à corruption. Or, toute condamnation pour corruption est synonyme de retrait forcé de la course à la succession de Kabila. Une lecture à laquelle n’adhèrent pas, loin de là, tous les juristes congolais. Pour l’un d’eux, « la subornation ne peut être assimilée à la corruption, un point c’est tout ».

Depuis ces dernières heures,  Félix Tshisekedi semble aussi dans le collimateur. Si ces deux absences devaient être confirmées, ajoutées à celle de Moïse Katumbi, la course à la présidence de la RDC aurait un tout autre visage et l’inclusivité prônée par l’Accord de la Saint-Sylvestre apparaîtrait comme une douce utopie ou une cynique duperie.

Ces invalidations porteraient en elles le goût de l’embrasement du pays. Les Kasaïs, Kinshasa, l’Equateur et le Katanga (dans leurs anciennes frontières) pourraient exploser comme un bâton de dynamite, sans compter que les Kivus pourraient embrayer facilement.

« C’est peut-être l’objectif final », nous explique un candidat à l’élection provinciale, lui aussi sur la sellette pour une suspicion de double nationalité. « On dit que je suis français », poursuit-il, très en colère, c’est n’importe quoi. Je ne parviens même pas à obtenir un visa pour me rendre en Europe. Vous pensez bien que si j’étais français, je n’éprouverais pas ces difficultés ».

En effet,  le scrutin présidentiel n’est pas le seul à devoir passer par les fourches caudines de la validation de la CENI, les candidats aux parlements national et aux assemblées provinciales doivent aussi recevoir l’aval de la CENI.

Parmi les milliers d’inscrits, le temps est à l’orage pour des dizaines de candidats. En cause, une liste envoyée par le ministère de la justice à la Ceni qui reprend une longue série de noms de candidats devant être invalidés pour cause de binationalité.

« C’est à nous à prouver qu’on n’est que Congolais », poursuit notre candidat. J’ai dix jours pour essayer de prouver que je ne suis pas français. Je n’ai pas vraiment de contact dans ce pays. Je ne connais que Paris et encore très superficiellement. Le ministre Thambwe a décrété, je ne sais comment, que j’avais cette double nationalité. C’est un membre de la direction de la Ceni qui est originaire de ma province qui m’a téléphoné pour annoncer qu’il avait vu mon nom sur une liste. Evidemment, dans ma circonscription, je suis pratiquement certain d’être élu. C’est une longue histoire de famille. En tentant de m’invalider, la majorité essaie de faire de la place et de donner une chance à son candidat d’être élu. Je vais me battre pour prouver que je ne suis que congolais. Mais il n’y a qu’ici, qu’un ministre peut se comporter comme cela. Un ministre de la Justice, qui plus est. J’ai toujours pensé que ce genre de prérogative dans ce genre de circinstance dépendait du ministre de l’Intérieur. Encore une exception congolaise. Ce gouvernement fait tout pour mettre le feu aux poudres. Il ne veut pas des élections. La candidature de Shadary le démontre, ce gars n’a aucune chance d’être élu, même avec la machine à voter ». 

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