Assises de la presse Congolaise
Par : Sébastien Patrick DZEBA ( la griffeinfos journal)
Les journalistes décident pour des nouvelles pratiques de leur profession
Le ministère de la communication et le conseil supérieur de la liberté de communication ont co-organisé les assises de la presse congolaise du 25 au 28 octobre dernier à Brazzaville. 26 ans après l’organisation des états généraux de la presse dans ce pays, les journalistes congolais n’avaient pas revisité les avancées ou les travers survenus dans la pratique de leur profession. Clotaire Yimbou (journaliste, secrétaire général des éditeurs des journaux) : «Suite aux états généraux de 1992, Il y a des journaux, radios et télévisions qui ont vu le jour. Il y a la pluralité d’opinion même si en fonction de l’endroit où l’on se situe, il y a ceux qui voient le verre à moitié plein et ceux qui voient le verre plein, bien qu’il nous a manqué un accompagnement sur ce que nous avions retenu aux états généraux» En effet, après cette grande messe, il fallait que les journalistes congolais se retrouvent pour sécuriser leur profession après avoir constaté des dérives dans leur pratique. « Vous conviendrez avec moi que 26 ans après, il y a certains textes même au plan juridique qui sont devenus caducs, il fallait donc organiser aujourd’hui, ces assises pour revaloriser la profession du journalisme au Congo parce qu’il y a eu beaucoup de travers. Ces assises sont comme un nouveau départ. », a dit Aurélien Taty ancien directeur du groupe de presse La Nouvelle République. Ces assises ont été un tremplin pour la mise en place des nouvelles bases d’une bonne pratique de la profession du journalisme. «Nous avons discuté sur ce qui a emmené des travers dans notre profession. Et, un accompagnement a été pris en compte que ce soit sur le plan de la formation des journalistes que sur le plan matériel et du financement pour permettre à l’espace médiatique d’évoluer. Il y a eu assez de journalistes formés, mais le travail est toujours déploré parce que l’Université Marien Ngouabi forme des journalistes qui s’illustrent tout simplement sur les recherches que sur l’applicabilité de la profession. » a dit Clotaire Yimbou. Les participants à ces assises ont pris des résolutions pour la bonne pratique du journalisme au Congo : « Les assises de la presse ont proposé, qu’en dehors de l’Université, qu’il puisse avoir un Institut qui formera des journalistes à partir du baccalauréat où les apprenants y auront accès par concours. C’est une évolution parce qu’on a beau formé des journalistes avec licence en journalisme ou maitrise de journalisme, nous n’avons pas eu le résultat escompté au niveau de nos rédactions. A l’institut, les formateurs seront les professionnels sur le terrain parce que nous aurons besoin de journalistes praticiens. Nous aurons dans nos rédactions des journalistes aguerris parce qu’on nous demande de les payer. Le journalisme a eu un aspect technologique, le numérique. Les médias publics ou privés doivent s’acquérir ce nouveau challenge. Il y a aussi le problème de la charte. Les professionnels congolais ont pensé que cette charte est moins contraignante, il fallait passer à un code. Avec ce code, les journalistes congolais vont se séparer des Fake news qui sont devenus le dada des journalistes dans ce pays. Ce qui est vrai, tout ne va pas changer à la seule tape de baguette, mais ce code va changer l’image actuelle de la presse congolaise. Car le président du conseil supérieur de la liberté de communication, Philippe Mvouo, a pris l’engagement d’assainir le secteur de la presse congolaise pour écarter les fronts tireurs qui ont pris d’assaut la profession. Ce métier a des principes qui exigent un niveau, un pragmatisme. » a martelé Aurélien Taty, ancien directeur du groupe de presse la nouvelle République complété par Clotaire Yimbou «Le deuxième volet concerne le financement, parce que sans ce volet, nous avons un problème d’avoir un modèle d’économie pour les journaux. La réflexion est en train de se faire avec la redevance audiovisuelle et aussi au niveau des aides que l’Etat doit apporter à la presse privée, puisque l’Etat a signé des conventions au niveau international, les cas de la convention de Florence et du protocole de la Nairobi qui concernent les aides indirectes. Nous demandons à l’Etat de prendre sa part de responsabilité parce que les journaux ne demandent pas cet argent pour les mettre dans leurs poches, mais c’est parce qu’ils accomplissent un service public d’éducation du citoyen… Ce n’est pas parce que l’Etat va donner cet argent que nous serons à sa dictée comme nous l’avons entendu dans la salle que la main qui donne c’est la main qui commande. Non. Cette main qui reçoit a aussi un rôle d’éducation, de sensibilisation du citoyen congolais. Pour cela, l’Etat doit passer à la caisse pour encourager ces organes qui, au même titre que l’école qui forme le citoyen, doit aussi avoir les mêmes avantages. ». Le président du conseil a parlé de l’assainissement de la presse. Nombreux estiment que cet assainissement, sera la fermeture expresse des organes de presse des parents pauvres. « Le président estime qu’il a une démarche pour éviter ces travers. Laissons-lui le temps de nous présenter sa feuille de route et ce sera à nous de réagir si cela ira dans la bonne direction ou pas. Je ne vois pas la pertinence de la fermeture des organes de presse. Ce qu’on nous demande aujourd’hui, c’est d’être des entreprises de presse. Tout un chacun qui veut voir le procureur de la république pour créer son journal est libre selon sa ligne éditoriale. Mais la professionnalisation est autre chose et l’accompagnement du conseil est très important avant la sanction. Nous attendons que le Conseil accompagne les journaux vers les objectifs qu’il veut atteindre. Quand il y aura des journaux qui se rendront compte qu’ils n’atteignent pas les objectifs du conseil, ils s’élimineront d’eux-mêmes. Nous attendons donc de voir de quelle manière le conseil accompagnera les journaux avant l’application de sa feuille de route », a dit Yimbou.
L’autopsie de la presse a déjà eu lieu dans ce pays. Cette fois, le ministre de la communication sera au-devant de l’application des recommandations faites lors de ces assises. Le président du conseil a fait la même promesse. Quitte aux professionnels des médias de prendre leur responsabilité en termes de vigilance pour que les recommandations prises lors de ces assises ne sommeillent pas dans les tiroirs comme dans le passé. « Je pense qu’aujourd’hui, ce ne sera plus la même chose. Pendant longtemps, les pouvoirs publics n’ont pas voulu le développement des médias. Je ne me dérobe pas de le dire. Je crois que les choses vont être autrement. » a dit le Secrétaire général des éditeurs des journaux au Congo complété par l’optimisme de l’ancien directeur du groupe de presse La Nouvelle République : «Nous espérons que les choses vont rentrer dans l’ordre avec l’instauration de la carte de presse qui n’existait pas. Le travail fait lors de ces assises est une projection pour l’avenir. Il s’agit de baliser le terrain du journalisme pour les jeunes journalistes. »