Le génocide sanitaire, une arme pour annihiler la révolte
Par : Jean-Claude BERI
Un gouvernement des génocidaires (1ere partie) : Génocide communicationnel, social, sanitaire, sécuritaire, éducatif… Que reste-t-il du Congo-Brazzaville en tant que nation ?
(1ere partie)
« Reconnaître le mal fait aux populations du POOL devrait être un devoir national pour tout congolais qui aspire à la paix et à l’unité nationale » JCB
C’est la grande question qui taraude dans l’esprit de la majorité des congolais. Depuis la reconquête du pouvoir par un bain de sang en octobre 1997, Sassou Nguesso et son clan font vivre aux congolais des années d’incurie, de dilapidations imbéciles, de bouillottes désastreuses dans l’ensemble du pays, les recettes pétrolières sont hypothéquées, le trésor public mis à sec, la production pétrolière à venir vendue d’avance. A ces maux, l’incompétence, la médiocrité, la gabegie financière, la corruption, le tribalisme, le clanisme sont la marque première de fabrique de Sassou et son gouvernement.
Ainsi, Sassou Nguesso et son gouvernement de croque-morts ont institué les assassinats, les massacres à grande échelle (Opération MOUEBARA à Brazzaville et dans le Pool) et la prison en mode de gestion politique et administrative pour dissimuler leur échec patent et empêcher les congolais à exercer leur droit de regard dans la gestion de la cité.
Par ces faits si graves, les congolais vivent dans une recluse et subissent contre leur gré une forme de pénitence, en attente d’une libération qui viendra du sommet de la montagne.
Le Gouvernement se noie dans un génocide communicationnel
A l’heure où les autres continents de la planète assurent leur développement dans ce III-ème millénaire en ayant tous les atouts nécessaires pour affronter les défis actuels, l’Afrique Centrale en général inquiète. Et particulièrement le Congo-Brazzaville qui ne cesse de développer le particularisme anti-développement où la logique de la corruption et l’impunité règne en maître absolu.
La logique de cette vision favorise sans aucun doute l’autodestruction économique, social et pire propulse le Congo vers des lendemains sombres avec des retraités qui accumulent près de 18 mois sans pensions. Le Congo que nous impose le système SASSOU est un système dépourvu de vision nationaliste à long terme et orienté vers la politique du tout enrichissement personnel illimité saupoudrer par un tribalisme puant.
C’est de la responsabilité de tous congolais : intellectuels et sages, ouvriers et ménagères, étudiants et chômeurs de s’atteler à y répondre de façon patriotique et surtout indéniablement unitaire. Personne ne le fera à notre place. Il suffit de regarder le spectacle triste de notre quotidien politique. Que gagnera le Congo dans une bataille juridique sur le génocide des laris ?
Reconnaître le mal fait aux populations du POOL devrait être un devoir national pour tout congolais qui aspire à la paix et à l’unité nationale
Il est incontestable et prouvé aux yeux de tous congolais conscients et responsables qu’il y a eu bel et bien massacre planifié méthodiquement et à grande échelle dans le Pool. Le déni du gouvernement congolais est tout simplement un aveu de responsabilité ou de culpabilité. Dire que ce massacre ne ciblait que les laris, c’est un autre débat. L’auteur de ce pamphlet a eu le mérite de poser un réel problème qui couve depuis 1959 où les ressortissants du Pool sont persécutés par qui et pourquoi ?
Ne rejetons pas d’un revers de main cette question essentielle qui est à mon sens au centre même de notre solidarité sociale en tant que congolais. Laissons donc les observateurs menés leurs investigations sur le terrain et nous apporter les faits tangibles et irréfutables de ce massacre. A partir de là les faits parleront d’eux-mêmes s’il y a bien eu génocides des laris ou génocide des populations du Pool.
A une époque déterminée de l’histoire de notre pays, une forte tendance à la gestion des affaires de l’Etat s’est manifestée chez beaucoup de Congolais. Ces ambitions – pour le moins légitimes- ont été observées depuis l’époque de la révolution des 13, 14 et 15 août 1963 jusqu’à nos jours et ont le mérite d’offrir à notre peuple une histoire caractérisée par des soubresauts et autres péripéties à rebondissements.
En particulier une région a été la cible de plusieurs exactions meurtrières. Parfois on a vécu des scènes obscènes de boucheries humaines dont les ressortissants du Pool ont été les premières victimes. C’est donc une légitime revendication qui est portée là par certains congolais qui s’estiment qu’une justice doit dire le droit.
En sa qualité de garant de l’unité nationale prônant le vivre ensemble, le gouvernement aurait dû se lancer dans une opération internationale de vérité sur les massacres du POOL. Au lieu de ça, il se déploie à nier l’évidence par des conférences de presse accusatrices et totalement partiales. S’agissait–il de Maître NKOUNKOU ou du génocide des laris ?
Son livre n’est qu’un moyen parmi tant d’autres de revendiquer les droits d’un peuple brutalisé, martyrisé, massacré par les gouvernements successifs depuis 1959. On ne combat pas une vérité en l’étouffant. Ni encore moins en interdisant la libre circulation du livre « le génocide des laris » au Congo-Brazzaville, le gouvernement congolais vient là de commettre un génocide communicationnel. Car cela n’a fait qu’amplifier la situation en la rendant encore plus crédible qu’elle ne l’était au départ. Pire « les laris » se sentent délaissés, abandonnées par un pouvoir qui les considère comme des simples déchets nuisibles. Erreur, car les peuples du Pool, on peut l’admettre ou pas, ont toujours été au-devant des révolutions au Congo-Brazzaville.
Heureusement, le Congo est pluriel et complexe. Dans cette complexité, on retrouve des femmes et des hommes qui refusent l’exploitation ethniques aux ramifications scabreuses et douteuses qui sans cesse développent les sillons de haines, des hordes nationaux sans âmes, pour plonger le Congo dans le chaos de la division.
Reconnaître le mal fait aux populations du POOL devrait être un devoir national pour tout congolais qui aspire à la paix et à l’unité nationale. Aucune autre région du Congo n’a souffert comme l’a été le peuple du POOL.
Le génocide sanitaire, une arme pour annihiler la révolte
Le Congo-Brazzaville couve une vague possible de soulèvement social et économique encouragé par le système actuel qui accroît les inégalités, favorise l’exclusion des talents au profit d’un clientélisme absurde et totalement incompétent. Il faut craindre que le réveil du peuple engendre des nouveaux monstres.
Les intellectuels congolais sont aujourd’hui en majorité, en proie à une amnésie collective dans laquelle, selon leurs intérêts, ils se réfugient pour éviter de voir la réalité en face. Ils pensent trouver dans ce comportement le moyen de fuir leurs responsabilités. Le règne du « m’en-foutisme » a pris le dessus sur le devoir de garant de la société.
Le désert médical dans lequel le Congo est placé, sous perfusion meurtrière depuis 19 ans, est une situation politique voulue et programmée par le pouvoir en place. Il est inadmissible qu’on ne puisse pas construire des infrastructures de qualité avec un personnel compétent dans deux des grands centres sanitaires urbains du pays. Il est inconcevable que nos concitoyens payent pour avoir un RDV avec un fonctionnaire de santé publique, payent pour être soignés, payent pour avoir une place d’hospitalisation… Et en retour ils reçoivent un traitement de mauvaise qualité.
Bref Le CHU de Brazzaville est un établissement hospitalier dont le nom fait frémir tant cela évoque des démarches interminables, des prises en charge médiocres et parfois pour des issues funestes. Préférant le fuir comme la peste, le citoyen congolais y va à reculons. Ouvrant ainsi la voie à une auto-médicalisation suicidaire. Les normes rudimentaires de santé et d’hygiène sont reléguées aux dédales du caniveau : odeurs, moustiques et mouches, blattes, punaises et araignées côtoient au quotidien les patients.
Certes, on peut noter quelques compétences animées d’une réelle volonté d’accomplir avec rigueur leur devoir, le personnel médical- toutes fonctions confondues- est limité à des pratiques peu rassurantes, avec un savoir-faire approximatif, voire préjudiciable pour les malades. Les conditions sont telles que le personnel compétent est désarmé face à l’absence de moyens mis à sa disposition pour exercer dans les normes son métier.
On se retrouve là dans un vrai cas de génocide sanitaire prémédité dont les autorités devront répondre devant une justice populaire pour non-assistance aux malades en danger.
A suivre
Jean-Claude BERI