RD Congo : Jean-Yves Le Drian réclame de la « clarté » sur le résultat de la présidentielle
La démocratie est le système politique le moins mauvais, mais il est préférable à la dictature.
Tant bien que mal, la RDC (République Démocratique du Congo) vient de tourner la page de Joseph Kabila Kabange en élisant Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi à la magistrature suprême. L’alternance pacifique, sans effusion de sang, souhaitée par les Congolais de la RDC a bien eu lieu et nous ne pouvons que nous en féliciter.
Cette liesse traduit, je n’ose en douter, le début d’un renouvellement générationnel des dirigeants en Afrique centrale. Mais voilà que la France, par le biais de son ministre de l’Europe et des affaires étrangères apporte sa voix dissonante pour contester les résultats de l’élection présidentielle proclamée par la CENI de la RDC. Cette même France qui n’a jamais demandé de clarté sur la situation qui prévaut dans l’Est de la RDC. Est-ce là une façon de se singulariser lorsqu’on n’a joué aucun rôle dans cette alternance ? Pour rappel, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est l’une des « institutions d’appui à la démocratie » de la république démocratique du Congo, créée à la suite de la Constitution de la transition et l’Accord global et inclusif.
Notons que les anciennes colonies françaises sont les dictatures les plus féroces d’Afrique centrale. Les diverses élections qui s’y sont déroulées relevaient plus de la mascarade que de la volonté du peuple. Et la France n’a étonnamment jamais demandé que la lumière y soit faite. Depuis, ces dictatures prospèrent sous l’œil bienveillant de la France protectrice qui se permet de donner des leçons de démocratie dans un pays où elle n’a que très peu d’intérêts économiques.
Pour mémoire, ce même ministre des affaires étrangères sous un gouvernement socialiste, « qui avait flirté sans coucher avec les dictateurs », avait permis au dictateur congolais Sassou de changer une énième fois la constitution sous l’impulsion de son Président François Hollande qui déclarait à propos de la constitution congolaise : « Sur le Congo, le président Sassou peut consulter son peuple; cela fait partie de son droit, et le peuple doit répondre. Une fois que le peuple aura été consulté, et cela vaut pour tous les chefs d’états de la planète, il faut veiller à rassembler, à respecter et à apaiser. » Dans le même temps, ce dernier s’en est allé sans consulter son peuple pour un deuxième mandat. Pour le Congo la suite ressemble à un chemin de croix pavé d’embûches avec du sang et des larmes.
Dans une interview, le Président Tchadien avait révélé que c’est la France qui lui avait demandé de changer la constitution afin de se maintenir au pouvoir. Récemment ces mêmes français sont venus à la rescousse d’Ali Bongo du Gabon, une autre marionnette française, pour mater la tentative de libération du peuple gabonais de la dictature. L’Afrique est devenue un champ de bataille dans lequel les peuples n’ont plus d’avenir.
La voix de la France est devenue inaudible en Afrique notamment au niveau des démocrates, des intellectuels, de la jeunesse et de la société civile. La cohérence de la pensée et de l’action est un élément essentiel du discours politique. Mais ceci ne vaut pas pour la France tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. La crise des Gilets jaunes illustre les limites de la politique de ceux qui se sont érigés en donneur de leçon à la terre entière. La loi en France ne garantit aucune justice à plus forte raison à l’extérieur!
La Belgique, pays colonisateur de la RDC, n’a dans aucun cas suggéré à Joseph Kabila Kabange de modifier la constitution pour rester au pouvoir nonobstant le glissement. Elle a toujours œuvré pour le respect de la constitution congolaise.
Le contre feu de la diplomatie française pour faire oublier la chienlit intérieure est ridicule et nous attriste. Il est temps que les pays du « pré carré français » prennent leur autonomie car la démocratie ne s’accommode pas de la pauvreté qui caractérise ces pays : manque d’eau potable, d’électricité et d’infrastructures dignes des pays producteur de pétrole pour la plupart d’entre eux. La Franc se sert de nos richesses sans contrepartie pour les autochtones et maintien ainsi un semblant de rang de puissance économique mondiale qu’elle ne doit qu’au pillage de ses anciennes colonies.
Le petit pas que vient de faire la RDC est sans conteste un grand pas pour l’ancrage de la démocratie en Afrique centrale. Alors au lieu de pousser des cris d’orfraie, il est temps que la France revoit sa politique prédatrice et avilissante dans les pays africains dont le seul tort est d’avoir croisé le chemin de cette dernière.
Pour ma part, je souhaite bon vent au nouveau Président élu de la RDC en dépit des esprits chagrins et grincheux. Commence ici un marathon avec des pentes abruptes qui nous emmènera vers une véritable démocratie caractérisée par des alternances sans tripatouillage des constitutions.
Au XXIème l’humain doit reprendre sa place au profit de la finance, afin que le peuple africain puisse retrouver sa dignité. Il est temps d’oublier la citation du Général de Gaulle qui consistait à dire « Les États n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts ». La France doit changer son paradigme politique en Afrique car les temps ont changé. Nul ne veut vivre comme des esclaves ou des moins que rien, ceux qui ne sont rien. Le problème de fin du mois se pose partout dans le monde et encore plus dans nos contrées.
La France a perdu une occasion de se taire. Mais encore une fois c’est un moulin à vent dont plus personne ne prête attention.
Partant du principe de non ingérence dans les affaires intérieures de chaque pays, la France vient de commettre une faute morale doublée d’une indignation sélective. Il faut la laisser dans ses errements et peut être qu’elle se ressaisira après la crise des Gilets jaunes. Un pays qui navigue à hue et à dia n’arrivera jamais à bon port.
L’empire français s’effondre. Adieu les grands esprits, ces grands hommes qui ont fait la grandeur de la France. Place aux usurpateurs qui dilapident ce qui reste de l’éclat de ce pays. La France rentre dans une période d’instabilité politique car les rapports entre son peuple et ses gouvernants ont changé.
Comme dit le proverbe danois : « Qui monte à l’arbre doit avoir le cul propre ».
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
France : Jean-Yves Le Drian (ministre des affaires étrangères) sur l’élection présidentielle en RDC : « Il semble bien que les résultats proclamés ne soient pas conformes (…) »
Gepostet von Ebale Ya Mozindo Officiel am Donnerstag, 10. Januar 2019