La culture, le mal aimé de Denis SASSOU NGUESSO
Par PATRICK ERIC MAMPOUYA
S’il est un domaine que Sassou Nguesso n’aime pas, c’est la culture. Il l’a massacré.
A son arrivée au pouvoir le Congo Brazzaville bouillonnait de culture. Les écrivains faisaient notre orgueil (Guy Menga Tchicaya U Tamsi, Henri Lopès, etc). On se targuait d’avoir le dramaturge africain le plus joué au monde en la personne de Sony Labou Tansi. En musique c’était la folie : Michel Boyibanda, Loko Massengo, Pierre Mountouari, Mami Claudia, Théo Blaise Nkounkou, Youlou Mabiala, Kimbolo Clotaire, Zao, Pamelo, les Bantous de la capitale, Télémusic, Tanawa, Aurlus Mabele et j’en passe. En Peinture, la réputation de l’école de Poto-Poto était faite : Goten, Fila, Mokoko et bien d’autres exposaient à travers le monde. Nous avions une kyrielle de ballets dont les Mbamina qui offraient des spectacles de rue qui éblouirent mon enfance. Les bâtiments publics, les ponts, ronds points et jardins étaient des œuvres d’art.
Tout cela a décliné entre 1980 et 1984, il a bâti l’IAD (industrie africaine du disque) et puis plus rien. La mort de toute forme d’art. La bibliothèque nationale est une pente. Le musée national un cagibi. Pas de musées ni bibliothèques régionaux. Aucune salle de concert dédiée. Au marché des arts du Plateau on vend des babioles importées d’Afrique de l’Ouest comme souvenir du Congo! Les ébénistes ont disparu. Plus aucune fonderie pour les sculpteurs sur métal, pas de fours pour les céramistes, pas de commandes publiques, Ondongo a été déboulonné, la photographie d’art (Pilo, Loupé) a disparu, plus de théâtre, le cinéma naissant a été étouffé, la salle de cinéma transformés en salle de prière…
Il faut voir les stands du Congo Brazzaville dans les expositions internationales : un pupitre recouvert d’un wax hollandais avec au fond la photo de Sassou Nguesso. C’est tout. Aucune librairie digne de ce nom, les populations sont obligées de s’abreuver à des ventes au sol de vieux livres ésotériques des années 1970 ou aux Paris Match d’il y’a deux ou trois ans. L’imprimerie nationale est Hors Service aux trois quarts, plus aucune maison d’édition. Ô, ne me parlez pas de la maison Hemar, c’est de la publication à compte d’auteur, il se fait payer pour faire imprimer en France : aucune lecture, aucune distribution, rien. Pourtant, son meilleur client Djombo Henri, que j’ai dénigré au départ par appréhension politique, s’est révélé être un excellent dramaturge (j’ai suivi une de ses pièces de de théâtre, MAGNIFIQUE). Mais hélas, il regarde ce secteur mourir sans brancher alors qu’il sait bien que ce secteur ne peut pas vivre sans soutien public car la culture n’est pas une marchandise comme une autre. Mais dans la secte on ne critique pas le chef n’est ce pas. C’est triste.
Hollywood a mondialisé la culture américaine, même dans les endroits les plus reculés de la forêt du Mayombe, de l’Amazonie ou dans les déserts les plus hostiles on connaît Coca Cola (le must de la culture américaine) grâce au cinéma. Sans la culture ou le sport aucun rayonnement possible pour un pays. Le notre de pays est toujours aux abonnés absents dans tous les domaines. Essayez donc de trouver un domaine ou un secteur d’activité dans lequel le Congo Brazzaville pourrait trouvé grâce.
La nomination de Léonidas Motom a sonné comme le coup de grâce assené à cette maison qui agonise depuis le 5 février 1979. Rien de personnel Léonidas, tu sais que tu es mon petit frère propre depuis Paris, la politique ne nous séparera pas et je ne renie jamais les parents. Mais je leur dis la vérité. Vous faites du mal à la culture qui devrait être l’expression profonde d’une nation.
Partick Eric MAMPOUYA
PATRICK ERIC MAMPOUYA