Isidore Mvouba peut-il susciter l’action judiciaire à l’issue des enquêtes parlementaires
Par: Jean-Claude BERI
Dans la suite de la grogne sociale grandissante et sur les révélations sans cesse inquiétantes des cas de corruption et détournements des finances, Isidore MVOUBA ordonne l’ouverture d’enquêtes parlementaires sur les cas avérés de crimes économiques et de corruption en ce début du mois de février 2018. Cela peut paraître comme étant une bonne décision digne d’une assemble indépendante et libre de ses actions.
Il se trouve que nous sommes au Congo-Brazzaville où l’assemblée nationale n’est que le prolongement du Parti-Etat au pouvoir. Même si elle bénéficie d’un semblant de liberté, dans les faits, elle obéit aux doigts et à l’ œil aux recommandations dictées par le président de la république, le dictateur sanguinaire, qui en réalité est le véritable patron de cette assemblée des béni oui-oui.
Isidore Mvouba peut-il susciter l’action judiciaire à l’issue des enquêtes parlementaires ?
En menant leurs investigations, les commissions d’enquête peuvent découvrir des faits délictueux. Sans pouvoir les qualifier juridiquement, ni se prononcer sur la sanction applicable, elles peuvent transmettre les informations recueillies au ministère de la justice, à sa demande, aux fins d’ouverture d’une enquête judiciaire, ou encore saisir directement le parquet, en application de l’article 40 du code de procédure pénale.
Cette justice qui devra recevoir tous les dossiers de corruption et de crimes économiques au Congo-Brazzaville est elle indépendante ?
Peut-elle mettre en cause un ministre ou un membre du clan Sassou ?
Rien n’est moins sûr !
Dans ce contexte, si ce n’est pas un jeu de poker-menteurs comment Isidore MVOUMBA, qui doit son fauteuil de président de l’assemblé à SASSOU peut-il diligenter une enquête visant les ministres et autres responsables politiques impliqués de près ou de loin dans une collusion de détournement des fonds publics de grande échelle ?
Lorsqu’Isidore Mvouba déclare que je cite : « Le Congo est confronté à cette problématique depuis plusieurs années. Il s’agit d’un fléau engendré par la mauvaise gouvernance».
Ignore-t-il qui sont les auteurs ce cette mauvaise gouvernance incriminée ? N’a-t-il pas été lui-même acteur de ce même gouvernement qui a siphonné les finances publiques ?
C’est une décision qui sonne d’avance comme un coup d’épée dans l’eau. Car les institutions de la république mises en place pour effectivement veiller au contrôle des financières publiques sont gangrénées par les pires pilleurs qui soient. Que peut faire la Commission nationale de la lutte contre la corruption, la concussion et la fraude dont le président dont le président de cette institution Mr Lamyr Nguele est aux ordres du clan au pouvoir ? Et c’est la même configuration qu’on retrouve dans toutes les autres institutions censées lutter contre la gabegie et le détournement.
Dans son dernier rapport sur la gouvernance en Afrique IV publié par l’ONU en 2016 « l’absence de bonne gouvernance en Afrique laisse à entendre, le plus souvent, que les institutions sont faibles, les mécanismes régulateurs inefficaces, les cadres juridiques et réglementaires inadéquats et les mécanismes d’exécution inopérants : autant de facteurs qui font le lit de la corruption. » Tout est dit dans ce rapport.
Cette déclaration d’Isidore MVOUBA est une déclaration d’’impuissance de nos juridictions à appliquer la loi, impuissance qui peut être justifiée par la peur des juges qui sont autant corrompus que les corrupteurs parce que entretenuent par le sommet, seul le chef peut y mettre fin.
Au Congo-Brazzaville, la corruption est entretenue au sommet de l’Etat
Il se trouve que le chef bas le record de la corruption au Congo. Il a transformé cette activité nuisible en une sorte de musellement social. Toute la société congolaise y est gangrénée. Cela va de la fille à l’enfant, du fonctionnaire au citoyen lambda. Tout le Congo vit au rythme de la corruption orchestrée par une poignée d’individus clairement identifiés. C’est dire que cette enquête est une enquête mort née.
Lorsqu’un gouvernement prône des lois sous forme d’entonnoir qui ne répondent pas aux exigences fondamentales de lutte contre la corruption qui impose des réformes d’ampleur, il est clair que celles-ci accentueront les instruments du processus de fabrication des inégalités. « La politique d’effet d’annonce pour amadouer un auditoire qui ne croit plus en vos promesses jamais honorées est une preuve de plus que l’indécence politique des dirigeants congolais a atteint un paroxysme décadent qui noie le gouvernement congolais dans son propre mensonge.»
La vraie question d’actualité est la suivante : Est-il possible de lutter contre la corruption lorsque celle-ci est profondément ancrée au sommet de l’Etat et dans le système de gestion politique d’un groupe clanique qui l’utilise comme moyen de gouvernance ?
Continuer à se voiler la face devant la réalité aussi criarde est une insulte au peuple. Comment Isidore MVOUMBA ne peut-il pas interpeller ne fusse que sur la base des forts soupçons d’enrichissement illicite pesant sur Jean Jacques BOUYA, Christel Denis SASSOU NGUESSO, Gilbert ONDONGO et bien d’autres. Toutes ces bandes associées aux Claudia, Cendrine, Christelle, Ninelle baptisées les quatre amazones, toutes nées Sassou Nguesso, qui batent le pavé de l’opulence ne sont nullement inquiétées le moins du monde. Ces filles Sassou seraient-elles les seules femmes crédibles auprès des banques congolaises pour s’offrir les crédits exorbitants qui leur permettent aujourd’hui de tout acheter ou de morceler l’économie du Congo ?
Jean-Jacques BOUYA qui déferle la chronique des grands media à la rubrique « détournement » n’est nullement inquiété, alors que les preuves sans cesses accablantes inondent les bureaux des juges congolais.
Christel SASSOU qui gaspille les richesses nationales dans des dépenses de luxe quand la majeure partie de la population vit avec moins d’un dollar par jour continue tranquillement de narguer le peuple. Fait-il l’objet d’une enquête ?
Isidore MVOUMBA, votre enquête n’est qu’une farce de plus pour ralentir la pression du FMI sur le processus de transparence des comptes publics dont fait l’objet le gouvernement congolais.
Les milliards de F.CFA de gaspillage, de vol organisé, de détournement lié à la corruption ont de quoi agacer l’ensemble des citoyens congolais. A tel point que le gouvernement congolais est devenu une équipe fantoche à la tête un capitaine discrédité, déshonoré, pataugeant dans son propre mensonge.
Les preuves accablantes misent en lumière par plusieurs enquêtes accréditent toutes la thèse d’une organisation systémique de corruption instaurée au sommet de l’Etat avec des ramifications sur toutes les administrations. Il se trouve que ce même gouvernement crie sous tous les toits vouloir combattre ce fléau qui gangrène et asphyxie tant l’économie congolaise. L’aveu d’impuissance timidement formulé par la commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, prouve à suffisance que ce monstre à plusieurs têtes dévoratrices des biens publics est loin d’être combattu par ceux-là même qui auraient la mission de le faire.
Un gouvernement de voleurs ne peut mener une enquête sur son propre vol. Votre enquête c’est de la poudre aux yeux.
Jean-Claude BERI