Ange Linaud DJEUNDO
Par Clément OSSINONDE
Musicien compositeur, le congolais Ange Linaud NDJENDO n’est plus de ce monde depuis le 05 Novembre 1999 à Brazzaville, à l’âge de 50 ans.
Ainsi disparaissait celui qui était considéré comme l’un des plus féconds compositeurs congolais de musique à partir des années 70. Il est allé si loin dans la création personnelle qu’il était sur la voie d’une certaine assimilation de la rumba, lorsqu’il n’oblique pas avec élégance dans la composition en français.
Le plus souvent, on se borne à mettre cette assimilation au compte d’une sorte de curiosité possessive dont l’auteur de la chanson : « C’est toi que je préfère », en 1966, du reste, convint un jour, lorsqu’il déclara : « Tout ce qui me fascine, tout ce que j’aime, c’est une musique qui observe la règle des trois unités (de Tempo, de Climat et de Genre) ». Avide d’accueillir le moins de contrastes possibles, son art constitue un divertissement d’excellente qualité apprécié comme tel par le public.
Né à Mimbelly, département de la Likouala-Congo. Ange Linaud fait ses études à Brazzaville. Il est engagé par la société SAVA pour travailler au super marché « Le Presto », comme boucher. Aux côtés de l’illustrissime entraîneur des Diables-Noirs, le français Aimé Brun.
C’est en autodidacte qu’il vient à la chanson jusqu’au jour où, en 1964, Alphonse Marie Toucas, producteur de musique à Radio Congo le découvre dans une de ses émissions de promotion. Il fait ensuite partie du groupe musical qu’il avait en charge de monter, pour le compte de l’Hôtel du Beach.
Son premier engagement important lui est offert par le bassiste Daniel Loubelo « De la Lune ». Pour ensuite se faire de la place dans l’orchestre Tembo, qui fait sa première sortie le 17 Avril 1965, chez Super-Jazz.
Deux ans plus tard, il passe dans l’orchestre Cercul Jazz. Mais, c’est surtout dans l’orchestre Super Boboto, né le 27 Avril 1968, qu’Ange Linaud (chef d’orchestre) commence vraiment à se faire connaître du large public de mélomanes, hors du Congo.
Depuis, on a pu l’entendre en duo avec Michel Mienandi «Michou»
auprès de qui il a fait l’une des expériences les plus fructueuses de sa jeune carrière de musicien.
En Septembre 1972, Edouard Ganga « Edo », Théophile Bitsikou « Théo » et Mpassy « Mermans » demandent, en effet, à Ange Linaud de faire partie de l’orchestre « Les Nzoys ». Au sein de ce groupe composé des transfuges de l’orchestre Bantou, Ange Linaud exploitera de nouvelles possibilités sonores qui donnent à la rumba un nouveau souffle. Mais « Les Nzoys » ne font pas long feu.
Aussi, aborde-t-il sa nouvelle passion avec rigueur : la carrière solo. Pour le reste, pas d’allergie particulière : tout ce qui est intéressant capte son attention, sans distinction de styles. Aussi s’est-il produit au sein de plusieurs groupes avec des musiciens avec lesquels il s’est senti bien à l’aise, notamment :
– Freddy Kebano, avec qui, il a abattu un travail extraordinaire.
– En 1973, à Tunis, au 1er Festival Panafricain de la jeunesse en compagnie de Sinza Kotoko.
– En 1975, avec l’Orchestre National, dans l’album « Vision ».
– En 1977, au Festival Culturel Panafricain de Lagos, avec l’Orchestre National du Congo.
– 1977, il prend la direction de l’UMC (Union des musiciens Congolais),
– En 1978, participation au 11ème Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants à la Havane (Cuba), avec Les Bantous de la capitale.
– Lauriat du concours « Découvertes » 85 » de R.F.I., il obtient le
Prix de la meilleure chanson grâce à sa composition « Mwana ya Mimbelly » en 1985 à Brazzaville
– En 1988, au Festival de musique de Pyongyang (Corée du Nord)
– En 1996 et 1999 : participation en solo à la première et deuxième
Edition du FESPAM (Festival Panafricain de Musique).
– 1996 – décoré de la médaille du mérite congolais (Président Pascal Lissouba)
– En juin 1999, au Méga Concert sur la paix et à la Fête de la Musique, en compagnie de l’orchestre « Les Messagers de la Paix»
Musicien sensible, Ange Linaud est, tour à tour, tendre et rêveur. Il évoque soit le paysage de son MIMBELLY natal, soit des impressions souvent dans la forme classique, dont le Slow est son genre de prédilection.
Clément Ossinondé