Par : Le Front des Jeunes Nationalistes (FJN).
18 Mars 1977 – 18 mars 2019 : Hommage au Président Marien NGOUABI ————————————
L’arrivée de Marien NGOUABI au pouvoir en 1968 est un évènement qui mérite d’être relevé dans l’évolution politique du Congo. Il marque le début de l’hégémonie de la Cuvette Militaire dans la reproduction et le leadership politique.
A partir de Marien NGOUABI, deux présidents tous originaires de la Cuvette et militaires, vont se succéder au Pouvoir : Jacques Joachim YHOMBI OPANGO (1977 – 1979) et Denis SASSOU NGUESSO (1er mandat 1979 – 1991).
Le 31 Juillet 1968, à la suite d’un putsch militaire orchestré par Marien NGOUABI, une nouvelle période de la Révolution s’ouvre, c’est le mouvement de réajustement de la révolution congolaise. Ce réajustement est le résultat du bouleversement du champ politique disposé à accueillir des nouveaux acteurs et de la recomposition d’une alliance tripolaire, construite pour renverser MASSAMBA – DEBAT.
Cette alliance est composée par les trois groupes suivants : groupe de para commandos de l’armée, groupe de progressistes et groupes des politiques.
Avec la date du 31 Juillet 1968, toute la trajectoire politique et charismatique de Marien NGOUABI se déroule désormais sous le signe de l’extraordinaire, un mode de pouvoir charismatique dans une société en crise et en subversion. Le charisme est le point fort du leadership national de Marien NGOUABI.
Marien NGOUABI a réussi à cristalliser toutes les oppositions militaires progressistes et politiques, il a contraint MASSAMBA–DEBAT à démissionner en Septembre 1968 à travers un processus préparé au sein du Conseil National de la Révolution (CNR).
Il se présente au départ comme l’animateur de l’édification révolutionnaire en s’engageant dans la lutte pour la libération économique et politique. Il veut soustraire le Congo de toutes formes d’exploitation en s’engageant dans le communisme.
A l’issue du Congrès constitutif du 29 au 31 décembre 1969, un parti marxiste-léniniste est créé : le Parti Congolais du Travail (PCT), en même temps qu’est proclamée la République Populaire du Congo. Le pays entre dans une phase supérieure du discours idéologique, le changement est radical et le drapeau tricolore (vert, jaune et rouge) est remplacé par le drapeau rouge vif frappé de côté de la hampe, de deux palmes vertes croisés vers le bas et au milieu desquels figurent une houe et un marteau jaune or, le tout surmonté d’une étoile.
L’hymne adopté en 1960 à l’issue de l’indépendance (La Congolaise) est remplacée par les Trois Glorieuses en mémoire des journées des 13, 14 et 15 Août 1963.
Le premier parti révolutionnaire de tendance marxiste-léniniste au pouvoir en Afrique est le PCT. Ce parti se substitue au CNR et se proclame, conformément à la charte du MNR de 1966, parti d’avant-garde. Tout un système de cooptation efficace fut mis en place. L’adhésion pouvait dès lors se faire soit par adhésion écrite, soit par parrainage, avec éventuellement un temps d’épreuve.
L’acte fondamental du PCT, calqué sur la constitution de la République Démocratique d’Allemagne affirme pour la première fois, le rôle dirigeant de l’Etat. A présent, le parti unique marxiste-léniniste développe une culture qui va faire du parti lui-même un parti – Etat : « le Parti dirige l’Etat ».
Le principal grief que nous pouvons formuler à l’encontre de ce régime est traduit par l’acronyme « OBUMITRI » : « Oligarchie Bureaucratique Militaire et Tribale ». Ce terme, inspiré du mouvement du 22 Février 1972 (M22), expose et critique le mode de gouvernance politique du régime. A la suite d’un coup d’Etat manqué du M22, toutes les personnes liées ou réputées liées à ce mouvement politique ont été exécutées: Ange Diawara, Jean-Baptiste Ikoko, Jean-Claude Bakekolo, Jean-Pierre Olouka, Franklin Boukaka, etc.
L’oligarchie tribale culminant au sommet de l’Etat est manifeste par l’officieux « Haut Conseil du Nord », noyau dur du régime composé de dignitaires originaires du nord du pays, qui décident des nominations aux plus hautes fonctions publiques, contrôlent le développement de la classe politique et militaire, prononcent les exclusions. Ce haut conseil du nord gère le pouvoir comme une épicerie familiale et est soudé par une solidarité de gang.
Fort conscient de sa fragilité et de son caractère minoritaire, le haut conseil a agrégé des personnalités issues d’autres régions du pays, pour les associer à la gestion du pays ; les associant aux dirigeants du clan tribal qui détiennent la réalité du pouvoir. Ces coptés se sont vu concédés des strapontins ou des charges vidées de leurs attributs.
Les luttes intestines et idéologiques qui se sont manifestées au sein du haut conseil, ont abouti à l’exclusion de certains de ses membres qualifiés de « brebis galeuses » et extrémistes en 1975.
En outre, une nouvelle politique d’ouverture a été engagée par Marien NGOUABI, nouvelle politique symbolisée par sa main tendue vers son prédécesseur MASSAMBA-DEBAT, qu’il rencontra au début de l’année 1977, pour trouver une solution à la crise socio-économique du pays due au choc pétrolier. Nous nous acheminions vers une alliance Ngouabi – Massamba Débat pour rassembler et développer le pays en ces temps de crise.
Ces deux facteurs politiques ont engendrée une situation de tension qui a abouti à l’assassinat de Marien NGOUABI le 18 Mars 1977 par un commando, et ce, dans des circonstances obscures jusqu’à ce jour. Le mystère plane toujours sur la fin tragique du président Marien NGOUABI.
L’héritage républicain du Président Marien NGOUABI réside dans les raisons pour lesquelles il a été assassiné, à savoir sa politique d’ouverture et sa dernière volonté de « casser » les divisions Nord – Sud qui ont tellement détruit le Congo. Ce sont ces raisons qui font que Marien NGOUABI est toujours respecté dans la conscience collective des Congolais, comme un grand patriote.
Les nobles raisons de sa mort couvrent en quelque sorte les erreurs qu’il a commises dans ses premières années de pouvoir.
La fin du régime du président Marien NGOUABI a permis l’ascension au pouvoir d’une anomalie politique et historique : le « gang » du CMP (comité militaire du parti).
La junte militaire du CMP, constituée de 11 officiers militaires, exerça le pouvoir de manière radicale et extrémiste de Mars 1977 à Mars 1979.
Au macabre actif du CMP, il y a eu des procès expéditifs, exécutions, assassinats de nombreuses personnalités et témoins: Cardinal Emile Biayenda, Président Massamba – Débat, Kikadidi, Kimbouala Nkaya, Mizele, Ndoudi Nganga, Samba Dia Nkoumbi, etc.
Le Président Ngouabi avait ses défauts comme tous les humains, car nul ne peut se prétendre saint. Mais le Président Ngouabi était un idéaliste et un vrai patriote. Il est nettement mieux que ses frères qui ont réalisé un complot mortel contre lui pour lui succéder.
Au début de son règne, Ngouabi était entraîné dans les virus du radicalisme tribal et de la violence politique qui gangrènent le Congo depuis 1959. Mais après le coup d’Etat manqué du M22 de Diawara en 1972, Ngouabi avait pris conscience des dérives tribalistes et radicales de son régime, et a commencé peu à peu à nettoyer son pouvoir pour le bien de l’unité nationale et du développement.
En 1973, Marien NGOUABI prononça les mots suivants au cours d’un discours: «…Je voudrais ici mettre en garde contre un aspect du tribalisme et du régionalisme, entretenu par ceux qui sont de la Tribu ou de la région du Président du comité central du PCT, président de la République ; dès l’instant où un homme est au pouvoir, il n’appartient plus à sa région ni à sa tribu. Il est et doit être un homme du peuple. C’est dire que les hommes de sa région ou de sa tribu ne peuvent et ne doivent en aucun cas se prétendre seuls garant du pouvoir, seuls révolutionnaires et donner ainsi l’impression que tous ceux des autres régions où des autres tribus sont étrangères à la révolution, à la Nation congolaise et au pouvoir. La révolution et le pouvoir ne peuvent être confisqués par une région quelle qu’elle soit….
Le tribalisme et le régionalisme, il faut l’avouer, se pratiquent à tous les niveaux, depuis le bureau politique et le gouvernement, jusqu’aux directeurs des services centraux et chefs de service. Aussi lorsque le président s’engage à dénoncer et à combattre cette pratique, on crie et on s’agite contre lui…. Qu’importe que le chef soit du Nord ou du Sud. Aucune région ne peut prétendre se suffire à elle-même, aucune tribu ne peut vivre isolée. D’où l’interdépendance des tribus et des régions constitue la nation congolaise que nous voulons indivisible. Seule l’unité nationale dans le travail, dans la démocratie et dans la paix peut assurer à notre peuple des victoires certaines sur l’impérialisme et le sous-développement.»
Cette réorientation nationaliste de Ngouabi a ainsi commencé en 1973, s’est accentuée en 1975 par la création de l’EMSR, et avait atteint son paroxysme en début de l’année 1977 par sa main tendue à son prédécesseur Massamba – Débat pour gouverner le Pays ensemble au nom de l’unité nationale et de l’efficacité économique, et ce, avec la bénédiction du Cardinal Biayenda.
Hélas, les forces des ténèbres étaient encore présentes et puissantes dans son régime et elles l’ont tué lui, son prédécesseur et le cardinal, pour stopper l’évolution nationaliste que Ngouabi, Massamba – Débat et Biayenda voulaient donner au Congo.
La suite de l’histoire nous la connaissons tous….
Tant que les Congolais seront divisés, ce Pays ne se développera jamais, il n’y aura jamais de démocratie, et un tyran, quel que soit son nom, profitera toujours des divisions sociologiques du Peuple pour régner.
Un éveil nationaliste est attendu du Peuple Congolais d’ici 2021 !
Le Front des Jeunes Nationalistes (FJN).