Albert LOBOKO un des tout premiers précurseurs de la Rumba congolaise en 1935

albert-loboko-300x213-2105601 Albert LOBOKO

Par :  Clément OSSINONDE

Musicien ingénieux et conseiller artistique avisé et expérimenté , Albert Loboko a eu  parmi ses premiers sociétaires Paul Kamba dont il a eu une estime particulière. Ce dernier ne pouvait que prendre en exemple son savoir faire, au point d’avoir une carrière exceptionnelle de guitariste-chanteur avec son groupe Victoria Brazza de 1941 à 1950.

Albert Loboko, musicien, précurseur de la Rumba et footballeur

Né à Mossaka, le 5 Août 1915, Albert Loboko a consacré ses meilleurs moments de loisir à la musique d’orchestre, en jouant de la guitare, du piano et du banjo, ses instruments de prédilection. Aussi est-il une figure historique de notre musique, bien avant  Paul Kamba, Antoine Kolosoy « Wendo », Henri Bowane, Adou Elenga, Bernard Massamba « Lebel », Emmanuel Damongo Dadet, Antoine Kasongo, etc…

En 1917, Albert Loboko, venu tout droit de Mossaka, débarque à Brazzaville. De bonnes études à l’école Jeanne d’Arc entre 1921 et 1928 le conduisent, en 1934, au CFCO (Chemin de fer Congo-Océan) pour y servir comme cadre supérieur.

L’inspiration musicale d’Albert Loboko prend sa source dans sa foi catholique, notamment en 1928, lorsqu’il commence à fréquenter la « Maison Patronale » (Centre culturel catholique, situé à l’époque, sur la rue Mbaka, à côté de NEVES).

Il est aidé par Raymond Nguema, un de ses aînés de l’Ecole Jeanne d’Arc devenu séminariste. Celui-ci lui fait découvrir la qualité expressive du contour rythmique de la guitare. Il accomplit de solides progrès et en devient le plus brillant élève.

Il excelle désormais dans les mélodies, en s’inspirant des meilleurs auteurs de son temps, grâce à la « Geneviève », le nom de la guitare de marque Paul Beuscher que lui avait offerte Raymond Nguema, et surtout l’occasion belle d’explorer les primeurs de la danse dite « Rumba ». Son expression  était déjà arrivée au Congo à travers les coopérants français d’origine afro-antillaise.

Groupe « Bonne Espérance » (1935)

En 1935, nait le groupe musical « Bonne Espérance » qu’Albert Loboko porte sur les fonts baptismaux, avec Raymond Nguema, Joseph Botokwa et Bernardin Yoka (tous fonctionnaires de l’Etat colonial français). C’est pour Loboko l’occasion de découvrir le banjo. L’orchestre se produit chez « Mamadou Moro », et  au « Cercle Culturel Catholique ». C’est la consécration pour son chef Loboko.

En 1935, Paul Kamba intègre le groupe « Bonne Espérance », de retour de Mindouli où il exerçait à la fonction publique. Il apporte son talent, en suscitant un langage neuf et expressif dans ce qui constituait, à cette époque-là, l’un des premiers groupes avec instruments à cordes et à clavier. Un grand mérite pour Loboko qui expérimentait déjà le rythme de la Rumba.

En 1938, lorsque le musicien afro-antillais Jean Réal crée à Brazzaville avec des musiciens congolais (parmi lesquels les guitaristes Gabriel Kakou et Georges Mozebo)  le groupe « Congo Rumba », c’est la vraie ratification du rythme de base de la rumba congolaise qui était partie du Royaume du Kongo au XVIe siècle, emportée par les esclaves « Kongo » à Cuba sous l’appellation « Kumba » (danse du nombril), avant de s’appeler « Rumba » selon l’alphabet phonétique espagnol.

1939 – On peut aussi citer Bernard Massamba Lebel qui avec son groupe « Jazz Bohême » s’était  lancé lui aussi dans l’épreuve du nouveau rythme.

Enfin, signalons que  se sont également des vedettes de grands talents, comme Wendo et son Victoria Kin en 1943, Adou Elenga, Avambole et autres, les Angolais de San Salvador qui engendreront ce style avec beaucoup de ferveur, au point où Léopoldville constituera avec la naissance de l’industrie musicale à la fin des années 40,  le point de rayonnement de la Rumba congolaise.

1939- Hélas ! l’affectation d’Albert Loboko à Pointe-Noire provoque la dissolution de « Bonne Espérance », peu après l’éclatement de la Seconde guerre mondiale en 1939. L’impossibilité pour Albert Loboko de poursuivre l’activité musicale à Pointe-Noire, laisse une porte grandement ouverte à Paul Kamba de  se  révéler de façon indiscutable comme le meilleur de tous.

Le Groupe « Victoria Brazza » (1941) – Initiation de la Rumba

Un an après la fin du groupe « Bonne Espérance », la création de « Victoria Brazza » par Paul Kamba va avoir lieu à Poto-Poto Brazzaville  en Août 1941. C’est un groupe d’un genre particulier, Paul Kamba se positionne comme le précurseur de la musique congolaise moderne. C’est lui qui authentiquement initiera la Rumba dans tous ses contours en 1942.

Son objectif ; faire découvrir divers rythmes à un large public, notamment aux jeunes musiciens afin de susciter des vocations. Désormais seul maître à bord, il va connaître un immense succès tout à fait remarquable à Brazzaville et à Kinshasa, avec des musiciens talentueux comme : Jacques Elenga Eboma, Philippe Moukouami, Jean Oddet « Ekwaka », Henri Pali « Beaudoin », Paul Monguele, Paul Wonga, Auguste Boukaka, Moïse Dinga, François Likindou, François Lokwa et  Joseph Bakale

Les fonctions sportives d’Albert Loboko

Musicien certes, mais auparavant footballeur ; Albert Loboko « Nyoka »  a joué notamment  dans l’équipe nationale à l’occasion de l’inauguration du stade de Poto-Poto (Grande école de Poto-Poto) le 14 Juillet 1929, Aux côtés, de Casimir Bocwala, Joachim Balimba, Bernard Mambeke-Boucher, « Roi de la plaine », Jean Bwanga, Félix Mombo, Jean-Bernard Foundoux (père de Foundoux « Mulele »), Bernard Baruti, François Mobilo, Albert Moberou, Pierre Mompepe et Joseph Hounounou.

Détaché du CFCO en 1958, Albert Loboko est devenu de nombreuses années durant, Maire-Adjoint de l’arrondissement 01 Mvumvu, à Pointe-Noire. Avant d’être admis à la retraite en 1971, il revient à Brazzaville où il meurt le 5 Mai 1985.

Clément Ossinondé