Par : DAC
Article publié le 20 Mai 2010 remis au goût du jour
En 58 ans d’indépendance, le bilan est affligeant. Les guerres civiles, les crises, la pauvreté jalonnent le parcours de ce qui a été autrefois capitale de la France libre et le berceau de l’éducation africaine. Un pays sans projet politique cohérent et continue, sans véritable politique économique sérieuse et rassurante ; le niveau de formation des équipes dirigeantes est noyé dans la perfidie et la corruption, les dirigeants choisis pour la plupart par affinité plutôt que pour leur compétence, la démission des intellectuels à jouer leur rôle d’incitation aux réveils des consciences. Le Congo se meurt à petit feu sous une liesse d’un peuple drogué à l’alcool pendant qu’on tue et massacre ses enfants.
L’année 2018 sera marquée par la célébration des 58 ans d’indépendance pour bon nombre de pays africains francophone dont le Congo-Brazzaville. Malgré la liesse qui gagne le pouvoir de Brazzaville il nous parait inexcusable de ne pas esquisser une réflexion sur le bilan de ces cinquante-huit dernières années dont une trentaine sous le règne de SASSOU. Le Congo-Brazzaville a-t-il su tirer profit de cette accession à la souveraineté internationale ? Le sujet mérite d’être abordé sans un esprit arabesque et sans polémique inutile. Le premier constat que l’on observe est que, malgré les avantages immenses en ressources naturelles, le Congo-Brazzaville reste, sans l’ombre d’un discours hypocrite quelconque, à la traine du train du sous-développement pris par bon nombre de ses voisins africains. Aussi, si l’on peut percevoir dans ses rapports déséquilibrés avec le reste du monde, notamment avec ses partenaires africains les dirigeants congolais qui se sont succédés depuis les années 1960, à quelques exceptions près, ont plutôt manifesté une seule volonté, se maintenir au pouvoir contre vent et marrée dans une ambiance très souvent teintée de coups d’Etat , de guerres civiles, de mauvaise gouvernance, de népotisme, de corruption, de concussion, de gabegie financière, d’enrichissement personnel et illégal, de trafic d’influence et autres maux qui contribuent au sous-développement du pays, de manipulation des institutions et des règles démocratiques les plus élémentaires, qui ont caractérisés la gestion du pouvoir dans ce pays.
Certains dirigeants ont fait du tribalisme politique un mode de gestion du pouvoir. Autant de questions qui suscitent notre curiosité intellectuelle sur le bien-fondé de vouloir célébrer ces 58 ans avec faste, alors que beaucoup d’interrogations restent en suspens.
Un président mal élu et rejeté par la plupart des congolais enferme les démocrates congolais sous des motifs fallacieux et sans aucun doute dans un souci évident de pérennisation au pouvoir. Que le peuple s’accroche à un énième discours d’un président dictateur pour quémander une amnistie est tout simplement un aveu d’abandon d’un quelconque combat pour la démocratie. Le peuple devrait se lever pour libérer ses prisonniers et non un dictateur qui les a injustement enfermés dans des geôles insalubres de les libérer pour témoigner d’un humanisme ignoble. Demander l’amnistie de sassou c’est reconnaitre ce fou comme Président. NON !! SASSOU n’est pas le président du Congo.
De même, on peut noter sans risque de se tromper que les défis socio-économiques soulevés par une population galopante et non maîtrisée augmentent avec acuité le chômage qui se complexifier chaque jour notamment dans les centres urbains : plus de 2/3 de la population urbaine vivent dans un habitat précaire et insalubre dépourvus de tout, sans services essentiels… L’absence d’un vrai programme d’assainissement expose aujourd’hui les populations vivant dans les grandes villes aux phénomènes d’inondations récurrents et surtout à une pénurie sans précédent en eau potable et électricité. Les périodes d’embellie connues les 20 dernières années ont servi à alimenter les comptes offshores des dignitaires qui ont choisi de privilégier les intérêts égoïstes au lieu d’investir dans des projets de relance d’emploi pour les jeunes. Plus de 14 000 milliards se sont volatilisés ruinant ainsi l’avenir de toute une génération. Les entreprises hier florissantes sont bradées et livrée à la rapacité des investisseurs étrangers qui se délectent de posséder aujourd’hui la SNE ET LA SNDE pour mieux assujettir encore les congolais. Drôle d’indépendance….
Selon la tradition congolaise, 58 ans c’est l’âge de la sagesse, un âge où l’on vient vous consulter pour votre culture, votre perspicacité à aborder les sujets, à régler les problèmes, bref votre sagesse devient une bibliothèque pour l’avenir. Seulement le Congo-Brazzaville paraît pourtant comme un malvoyant à qui on doit tenir la main pour traverser une rue. A 58 ans, le Congo-Brazzaville demeure un Etat avili qui multiple les recettes immatures, accroît son acculturation par l’abandon d’une politique éducative sérieuse. 27, 73%, admis en 2018 un résultat décevant pour un pays qui réalisait des records d’alphabétisation dans les années 1980. L’enfant congolais aujourd’hui est incapable de lire et écrire en arrivant au CM1. Quelle honte ! Pendant que certains Etats voisins (Guinée équatoriale, Angola , Ruanda…) ont estimé réfléchir sur le comment sortir leurs pays de la médiocrité chronique où ils sont maintenus par les politiques néocolonialismes qui ne cessent de les assujettir, la Commission de lutte contre la corruption se lance des déclarations insolites sous prétexte qu’elle fait la chasse aux antivaleurs. Comme pour mieux appuyer cette thèse de l’infantilisme de l’homme politique congolais, la corruption est aujourd’hui érigée au rang de sport national. Pompeusement on nous présente l’un des plus grands voleurs du Congo-Brazzaville, ces 20 vingt dernières années Denis Christel SASSOU NGUESSSO comme le futur sauveur du Congo. Drôle de sketch !!!
Quand la mafia règne au sommet de l’état ?
Trafics d’influences, commerces illicites, malversations, paradis fiscaux, sociétés offshore, corruption… malgré les discours réformateurs sans contenus que nous chantent les responsables politiques congolais le virus de la mafia est bel et bien installé au sommet de l’Etat congolais érigé de surcroît en méthode de gouvernance politique.
Le système économique et financier instauré par nos politiques au pouvoir s’accommode fort bien avec des comportements « mafieux » observés. Une « corruption scientifique » est entretenue au sommet de l’Etat. Ces maux et anti-valeurs qui s’enracinent au sein de la société congolaise ne cessent de prendre de l’ampleur et inquiètent toute conscience humaine. Ces anti-valeurs reprennent leur place de choix dans le processus de destruction du pays et constituent le plus grand ingrédient contributeur au sous-développement du Congo. Quand la Banque Mondiale et le FMI demandent l’éradication de ces antivaleurs, le gouvernement s’empresse à exposer des fonctionnaires « seconds couteaux » qui perçoivent plusieurs salaires et pensions de retraites. Des ministres, menus fretins, pour se dédouaner de la grosse escroquerie que le Congo n’est jamais connue et surtout dont les responsable sont connus de tous.
Détenir un parc auto de moins de 5 voitures de luxe est une infamie, une seule villa est un tar, l’étalage d’une fortune honteusement acquise est presque devenue une nécessité, une distinction de réussite. Quand bien même l’on sait que cette corruption réduit gravement notre capacité de pouvoir s’attaquer sérieusement à l’éradication de la famine et de la malnutrition dont les conséquences négatives sur les capacités intellectuelles et physiques des populations sont évidentes. L’impossibilité de pouvoir combattre efficacement des maladies comme le paludisme, le sida et d’autres maladies endémiques éradiquées ailleurs depuis longtemps, et dont la persistance, voire l’aggravation, résultent de la détérioration continue des conditions de vie des populations… Les dignitaires s’organisent pour détruire le seul Hôpital capable de soigner convenablement les populations le CHU est devenu un mouroir à ciel ouvert. En 10 ans des agissements indignes d’un Etat de droit et qui prouvent le manque d’exemplarité au sommet ont été perpétrés par des agents dont les ramifications et des soutiens douteux au sein d’une « mafia étatique » ne laissent aucun doute ont périclité le CHU aux abimes d’un hôpital de la mort.
Autre fait insolite d’un Etat en faillite Il est devenu courant au Congo de SASSOU que des fonctionnaires de l’etat transforment leur maison en des banques. Où est le sens de la solidarité et du respect du service public, lorsque l’Etat cautionne la rétrocession des primes aux agents de la fonction publique dans le cadre de l’exercice de leur fonction ? Est-il acceptable qu’un agent de l’état puisse garder des sommes aussi colossales destinées à payer les salaires des citoyens dans un endroit non seulement inapproprié, mais surtout sans aucune mesure de sécurité ? Les cas cités ci-dessus alimentent aujourd’hui les quotidiens ds bistrots et Nganda des congolais. Alors que nous sommes au 15 mois sans salaires pour nos retraités.
Qu’attendre du discours d’un homme qui a abimé, divisé, ruiné et surtout transformé le Congo en une terre de barbare ou les militaires tuent les populations civiles, les policiers massacres dans des commissariats, des paisibles démocrates injustement incarcérés Rien…. Si cette décision d’amnistier les prisonniers intervient, elle n’est pas du bon vouloir de sassou mais de la pression extérieure pour éventuellement permettre une large participation de tous les acteurs politiques » au dialogue « entre le gouvernement et les partis politiques légalisés, acteurs politiques de l’intérieur et de la diaspora, société civile et confessions religieuses. Mais là aussi les dés sont bipés d’avance …
58 ans pour une réflexion vers une nation tournée vers l’avenir
Ne serait-il pas l’occasion d’organiser une vraie rencontre entre congolais pour réfléchir à une sortie de crise face au dilemme sociopolitique que traverse le pays depuis l’arrêt brutal de la démocratie congolaise en 1997 ? Comme chacun le sait plusieurs milliards ont été débloqués pour magnifier semble-t-il les 58 e années d’indépendance. Or aucun Congolais n’ignore que l’ambiance dans le pays n’est pas à la fête, tant les défis restent énormes. Au chapitre sanitaire, la situation n’est guère reluisante. La pandémie du Sida, le paludisme et la tuberculose ne cessent de progresser dont les enfants et les femmes sont les plus vulnérables. Outre ces pandémies, la mortalité maternelle et infantile progresse alors que le paludisme reste encore la première cause de mortalité du pays, détruisant parfois des familles entières, auxquels s’ajoutent la poliomyélite, le choléra, la méningite, la bilharziose, la fièvre typhoïde, les AVC et les nuisances sonores provenant des lieux de cultes et des bars dancing et sur les voies publiques, etc., et la sous‐alimentation reste une équation insoluble.
L’agriculture n’a jamais décollé, pire encore elle est devenue archaïque et dépendante de l’extérieur. On préfère octroyer des milliers d’hectare aux fermiers Sud-africains, au lieu de privilégier et d’encourager la préférence nationale. Les vieilles recettes de villages coopératifs qui ont pourtant échoué en Europe de l’Est refont surface chez nous à IGNE et NKOUO à 80km au nord de Brazzaville. Un manque de considération inadmissible pour le paysan congolais a qui l’on fait croire qu’il est incompétent alors même qu’on lui refuse tous les moyens nécessaires pour son développement. L’autosuffisance alimentaire d’ici à l’an 2000 slogan pompeux des années 80 est vite oublié et rangé dans les tiroirs. Sans oublier que le pays en 58 ans d’indépendance peine à sortir de son insuffisance en matière d’infrastructure routières.. Le Congo demeure très enclavé malgré une richesse insolente.
Après 58 ans d’indépendance, le Congo-Brazzaville a du mal à décoller et à se concentrer sur une stratégie de sortie du sous‐développement ou de pauvreté presque chronique. Le pays ne cesse de se tourner des institutions financières internationales. Après cinq décennies d’indépendance, doit-on s’interroger si l’ancienne puissance colonisatrice avait correctement coupé le cordon ombilical ? L’heure n’est-elle pas venue d’aborder un nouveau virage pour s’affranchir de la servitude néocoloniale ? En tout cas la situation observée un peu partout dans tout le pays, donne tristement raison aux arguments brandis par certains observateurs qui visitent notre pays et qui remarquent ; « les congolais ne s’aiment pas»; « les congolais aiment faire la fête au détriment de s’investir sur l’avenir » ; « les congolais sont tous corrompus »; « ils aiment le pouvoir pour le pouvoir sans une ambition collective ». La liste est longue de ces remarques qui fleurissent sans cesse sur l’image d’un pays à la dérive.
Est-il logique qu’un Président se paie des pavillons à travers le monde et une armada de voitures de grand luxe à coup de milliards, alors qu’une bonne partie de son pays est encore complètement enclavée ?
Est-il concevable qu’un Président s’étonne de l’état de délabrement de sa capitale entourée des immondices forçant ainsi son peuple à y cohabiter alors aucun effort n’est fait pour y remédier ?
Est-il logique que l’on change de gouvernement sous des critères totalement partisans teintés d’un clientélisme notoire qui se pavane dans les rues de Brazzaville en étalant une fortune douteusement acquise alors que plus de 58 % de sa population ne mange pas à sa faim ?
Est-il logique que des membres du gouvernement fêtent des milliards au moment où les hôpitaux de leur pays n’ont même pas de coton et fauteuils roulant pour les handicapés ?
Est-il logique qu’un président nomme de force un député ayant été désavoué par les électeurs bafouant ainsi toutes les règles élémentaires de la démocratie ?
Pourquoi le président peut-il demander à un ministre de réinstaller dans son fauteuil un DG qui venait d’être suspendu ?
Peut-on gouverner sérieusement un pays lorsque les policiers deviennent des assassins du peuple ?
N’est-il pas temps que l’Organisation panafricaine fasse son introspection en examinant les causes qui conduisent aux coups d’État et autres crises politico-institutionnelles à la place des condamnations tous azimuts après coup ?
NON ! 58 ans d’indépendance ne méritent pas une fête grandiose mais bien une réflexion sur notre politique de gouvernance.
Autant de questionnements entre autres, que les congolais doivent se poser aujourd’hui à la place des fastes insouciants. Le développement du Congo passe nécessairement par les Congolais eux‐mêmes. Ça, c’est un fait ! Ainsi, le contexte actuel du Congo interpelle tous congolais, diaspora comme populations de l’intérieur, même si les élites, notamment politiques, ont une responsabilité première de l’état du pays.
En effet, le destin du Congo est entre les mains des Congolais, qui malheureusement, se sont plutôt présentés, à ce jour, comme les véritables fossoyeurs tout en criant au loup. Il est temps de s’arrêter et de reconnaître que « les ennemis du Congo sont les congolais » eux‐mêmes. C’est un peu trop facile de mettre tout sur le dos des autres, sans oser regarder avec responsabilité, les actes que l’on pose chaque jour, sa manière de faire et sa manière d’être dans un monde qui se complexifie chaque jour.
Ce cinquantième huitième anniversaire doit être fondamentalement, l’heure de l’introspection et sur comment faire pour sortir le Congo du sous-développement, de la pauvreté et du mal gouvernance chronique. La célébration de ces 58 ans d’indépendance, doit avant tout se décliner sous l’angle d’une nouvelle tonalité écartée de tout perspectif victimaire, pour interroger la vraie réalité des pratiques de gouvernance instaurées au pays depuis ces dernières années. Cela passe avant tout par la démission de sassou et son gouvernement .
DAC