ACCORD DE RESTRUCTURATION DE LA DETTE : Une vaine euphorie du gouvernement congolais

dette-300x268-1586060Par    JOSEPHINE NGONK

Faisons dans la simplicité absolue pour rendre accessible à tous ce que c’est qu’une restructuration de dette.

La restructuration est le mécanisme par lequel une entreprise ou un pays qui rencontre des difficultés financières et confronté à une éventuelle faillite, sollicite ses créanciers pour trouver un accord possible en vue de l’allègement de sa dette.

Une restructuration de dette peut porter sur trois modalités.

 – Une restructuration par le refinancement de la dette. Elle consiste à renégocier une baisse des taux d’intérêt, un allongement de la maturité ou durée afin diminuer ou alléger le service de la dette. Elle peut aussi consister à obtenir simplement un moratoire sur le service de la dette. C’est à dire que le créancier accepte de ne pas percevoir sur une certaine période, en général 3 ans, le service de la dette.

Mais dans tous les cas, le nominal ne change pas et reste à rembourser.

C’est ce que l’on entend aussi par rééchelonnement de dette. C’est à dire que la dette qui devait être remboursée sur 5 ans va l’être sur 10 voire 15 ans ou plus. Ce qui reporte sur les générations futures, une dette qu’elles n’ont pas contracté.

– La restructuration peut aussi être une négociation pour l’annulation ou la réduction de tout ou partie de la dette: réduction de la valeur nominale du stock de dette. C’est ce que le gouvernement congolais en principe voulait obtenir de la Chine en vue de rendre sa dette soutenable. Mais la Chine a catégoriquement refusé cela.

Le Congo a déjà bénéficié de cette solution en 2010 dans le cadre de l’accession à l’initiative PPTE. Il avait ainsi bénéficié de l’annulation d’environ 80% de sa dette, ramenant celle-ci à 20% de son PIB soit environ une réduction nominale de 9.26 Milliards de dollars à 1.9 Milliards de dollars de dette publique extérieure.

– La restructuration par le rachat de la dette contre des liquidités.

Cette éventualité est impossible pour le Congo car elle suppose que l’Etat congolais disposerait des ressources pour rembourser avant terme ses créanciers et voudraient négocier les conditions avantageuses.

En ce concerne le Congo, il est claire que les deux dernières modalités de restructuration de dette sont à écarter
C’est donc une restructuration par le refinancement c’est à dire la renégociation des taux ou de la maturité (durée) ou un moratoire sur le service de la dette que le Congo s’apprête à entamer avec la Chine. C’est le rééchelonnement.

Que les choses soient donc claires, la dette ne vas pas disparaître, le Congo va devoir payer sa dette envers la Chine. Comme on peut le constater, après avoir dilapidé l’argent du compte des générations futures, le pouvoir de Brazzaville décide de reporter le paiement de ses engagements à des générations congolaises futures.

Revenons donc sur le rééchelonnement puisqu’il s’agit finalement de cette modalité que le Congo a remué ciel et terre pour obtenir de la Chine.

Si le gouvernement congolais a annoncé en grande pompe la restructuration de sa dette par la Chine, il est cependant peu disserte sur le fond, il n’a pas expliqué en quoi consistait cette restructuration. C’est sa caisse de résonnance, Jeune Afrique qui apporte la précision, il s’agit d’un rééchelonnement.

Puisque ni le gouvernement congolais ni Jeune Afrique n’ont voulu approfondir la question, nous allons le faire à leur place et montrer aux Congolais que l’euphorie du gouvernement congolais cache une nouvelle désillusion.

En effet, comme susmentionné, le rééchelonnement peut porter sur une baisse des taux, un allongement de la maturité ou simplement un moratoire sur le service de la dette.

Qu’est-ce que le gouvernement congolais a pu obtenir de la Chine et à quel prix.

Que la Chine accepte de baisser ses taux ou allonger la durée de remboursement pour alléger son service de la dette vis à vis du Congo, ou simplement de s’asseoir sur ses intérêts, sachant que les chinois sont réputés dur en affaire, qu’est-ce qu’elle a donc demandé ou plutôt exigé en retour.

Ailleurs elle demande des concessions sur 99 ans mais qu’a t-elle exigé du Congo?

Le rééchelonnement de la dette congolaise est présenté principalement par le gouvernement congolais comme un tremplin vers la signature d’un programme avec le FMI. Et nous savons que le FMI exige non seulement des réformes de bonne gouvernance mais aussi que la dette soit soutenable.

Mais avant de rendre une dette soutenable, il faut déjà la circonscrire. C’est la difficulté que le FMI rencontre avec le Congo, il n y a pas de clarté sur sa dette, il existerait encore des engagements cachés de la part du Congo et l’opacité dans les contrats avec la Chine ne permet pas de comprendre et maîtriser sa dette envers la Chine. Elle est ta tantôt évaluée à 2 Milliards de dollars tantôt à 3 Milliards de dollars comme l’a indiqué dernièrement le journal de l’ami François Soudan.Le rééchelonnement de la dette chinoise permettra au moins de savoir a combien s’élève-t-elle finalement.

Mais est ce que le rééchelonnement va rendre soutenable cette dette?

C’est toute la question qu’il faut examiner.
En effet, le rééchelonnement n’est pas l’annulation, le stock de dette reste en place. Pour que le rééchelonnement rende soutenable une dette il faut que les marges qu’il offre permettre de se relever.

En permettant de baisser le service de la dette ou de ne pas le payer pendant un temps, le rééchelonnement permet simplement d’obtenir un petit souffle.

Pour qu’il soit profitable au pays concerné, il faudrait que la petite marge qu’elle offre permette de faire des investissements sur des secteurs porteurs de croissance et donc générateurs de revenus afin de continuer le remboursement de la dette.
Mais est ce qu’un gouvernement, un pouvoir qui n’a pas été en mesure de mieux faire avec plus de 14 000 Milliards soit en environ 28 Milliards de dollars peut mieux faire avec les quelques dizaines de millions de dollars que le rééchelonnement lui permettra de dégager.

S’agissant de sa soutenabilité, il ne faut pas se voiler le visage, nous savons aujourd’hui que la dette du Congo c’est 9.8 Milliards de dollars sinon plus. Et que sur ce stock, la Chine ne détient que 2 Milliards de dollars. Mais comment peut-on expliquer que ce soit seulement le rééchelonnement du stock chinois qui rende la dette congolaise insoutenable?

Qui peut croire un seul instant que la seule baisse du service de la dette auprès de la Chine rende la dette congolaise soutenable.

Pour que celle-ci soit soutenable, il faut que le gouvernement congolais parvienne à restructurer au moins 60% de sa dette.
Il faut donc que la dette des traders et autres créanciers soit également structurées.

S’agissant de cette restructuration de la dette congolaise auprès de la Chine. Mais de quel stock porte la restructuration. Est sur le stock public chinois ou sur le stock des entreprises chinoises de droit congolais?

En effet, si la négociation porte sur le stock public, c’est donc avec l’état chinois que nous discutons, mais si c’est sur les stock privé, il est donc certain que la négociation se déroule avec les représentants des entreprises chinoises de droit congolais dont les bénéficiaires effectifs ne sont autres que les autorités congolaises eux-mêmes.

Comme nous l’avons toujours dit, la dette congolaise auprès de la Chine reste un arbre qui cache la forêt. La dette estampillée Chine n’est vraiment pas que chinoise.
A défaut d’avoir la clarté de ladite dette chinoise, le FMI avait décidé de filer le bébé à la Chine en lui faisant endosser la responsabilité d’un endettement non maîtrisée de l’Afrique.

En n’acceptant la restructuration de la dette congolaise, la Chine veut faire du Congo le modèle de sa transparence. La Chine veut montrer à l’opinion internationale qu’elle n’est pas responsable de la situation du Congo et de l’Afrique en générale.

Pendant où à la fin de ces négociations, il en ressortira que la restructuration n’a pas rendu soutenable la dette du Congo. Il sera alors demandé au Congo de négocier avec les autres créanciers.

C’est là que la communauté financière internationale mettra en lumière le caractère prédateur du pouvoir congolais qui est lui-même détenteur de la plus grande partie de son stock de dette.

Doit-on rappeler que le US sont farouchement opposés au financement des pouvoir antidémocratiques et corrompus?

Chers compatriotes le sourire des autorités congolaises sera de courte durée.

Les semaines à venir leur réservent des surprises.

Par  :  JOSEPHINE NGONK