Par: Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
Mort politiquement au sens noble du terme, le voici ressuscité par le diktat de son mentor qui le somme de choisir entre ses croyances religieuses qui relèvent du privé et son engagement politique qui est du ressort public. Encore un deal entre frères siamois fossoyeurs de la politique congolaise.
Apparu à un moment donné comme étant un des résistants face à la dictature congolaise, le soufflé est vite retombé devant les révélations d’un Général sur la connivence entre le Pasteur Ntumi et le pouvoir en place concernant la nature des armes qu’il recevait.
Ce Pasteur était un véritable loup au milieu des brebis du Pool qu’il n’hésita pas à sacrifier afin de faire briller son étoile de libérateur ; Un véritable illusionniste. Aucune consistance idéologique ni politique ne sous-tendait ses actions. Seules les fausses prières, les fausses révélations lui permettaient de berner ses acolytes acquis à sa cause.
Oui, l’on peut être Pasteur et Homme politique, comme Athée et Homme politique, et rien ne l’interdit. Mais au Congo-Brazzaville, le mysticisme a pris le dessus sur tout ce qui est rationnel. L’on ne tolère que les Franc-maçons qui font de la politique ou le « Kani » doté de super-pouvoirs qui est le Président de la république. L’ordre de marche est fixé.
Les morts au Congo servent et ont toujours servi de marche pied vers les sommets du pouvoir à certains hommes politiques congolais. Et le schéma tend à se pérenniser. Cette façon lugubre de faire de la politique est devenue leur marque de fabrique.
Pourchassé depuis le 04 avril 2016 pour atteinte à la sûreté de l’État, le Pasteur Ntumi trouve aujourd’hui grâce aux yeux de ceux qui hier le traitaient de terroriste. Balayée d’un revers de main la tragédie à huis clos qu’a connue le département du Pool avec son lot de morts innocents tant au niveau des paisibles populations que des militaires congolais envoyés par la dictature. Aucune résurrection pour ces derniers.
Aucune commission d’enquête pour le moment n’a pu faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé dans ce département. Comme par enchantement avec un coup de gomme magique, on efface tout et on recommence avec les mêmes pour les mêmes résultats qui ont conduit notre pays à la banqueroute.
Personne ne conteste en tant que démocrate le retour de Frédéric Bintsamou en politique, défroqué de ses habits de Pasteur. En soi, il se renie lui-même pour servir de cheval de Troie à ceux qui considèrent qu’il leur faut toujours des alliés dans le Pool afin de perpétuer un pouvoir bâti sur le sang et les larmes des Congolais.
Qu’il sache dorénavant que le Pool n’est plus un terrain de jeu ni la cinquième roue du carrosse qui accompagnera le tyran congolais et sa clique dans la débâcle du Congo-Brazzaville. Monsieur Frédéric Bintsamou est un citoyen congolais lambda et non le porte-flingue, comme certains, de cette partie du territoire congolais longtemps martyrisée.
La sociologie politique congolaise actuelle bien que déplorable mais qui a le mérite d’exister, m’appelle à prendre position contre ceux qui, éblouis par les ors de la république, se servent des populations de leur contrée comme des boucliers humains, pour des ascensions politiques plus qu’hasardeuses. Ils ont déjà accompagné ce gouvernement dans sa folie et leur bilan est plus que ténu.
Les récents événements nous montrent que l’on ressort toujours les vieilles ficelles en opposant les congolais du Sud à ceux du Nord, comme un chiffon rouge pour s’éterniser au pouvoir que l’on croit détenir de Dieu dans une république, alors qu’en même temps l’on demande à ses complices politiques de se débarrasser de leur foi afin de continuer à faire le spectacle.
Nous prenons acte du retour sur la scène politique de monsieur Frédéric Bintsamou en son nom propre, mais pas au nom de toutes celles et de tous ceux qu’il a délibérément sacrifié pour se faire une place au soleil. Tel Icare, la cire de ses ailes fondra en voulant s’approcher du soleil et il se retrouvera dans le néant.
Le démon du Congo à l’approche de l’élection présidentielle de 2021 recrée la confrontation Nord-Sud afin de contenir les velléités de nos frères du Nord qui contestent sa politique désastreuse.
La politique est un sacerdoce et une mission noble qu’il convient ne pas confier à des guerriers ou illuminés tels qu’ils soient. En cela, il nous revient de créer les bases d’une société congolaise démocratique soucieuse du bien-être du peuple et du développement de notre pays. La démocratie qui ne s’accommode pas de la pauvreté, ne devra en aucun cas ne consister qu’à organiser des élections truquées à des dates fixes afin de s’arroger une pseudo-légitimité.
« Comment aller en 2021 sans courir le risque de perdre l’initiative. Nous ne pouvons pas nous donner le loisir de perdre l’initiative en 2021. On ne peut pas, parce que nous savons pour nombre ici, nous savons ce que c’est que la perte du pouvoir. Quand on l’a perdu, on sait comment on a vécu. » Dixit Pierre Ngolo, Président du Sénat et Secrétaire général du PCT (Parti congolais du travail), dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux. Les jeux sont pipés car pour le PCT le pouvoir assure sa survie alimentaire et non le bien-être du peuple. Le peuple congolais est informé et c’est à lui de faire le bon choix.
Les conditions d’un débat politique serein ne sont pas encore réunies au Congo-Brazzaville où la liberté d’expression est un délit passible d’une condamnation à mort et l’organisation des élections une mascarade. Nonobstant cette incongruité, nous continuerons à apporter notre pierre pour l’édification d’une société démocratique que même le diable dans sa malice ne pourra défaire.
De Pasteur à homme lige tel est le destin que s’est choisi celui qui hier était un soi-disant résistant. La faim aura eu raison de lui et sa rébellion n’aura été qu’une tragique crise d’adolescence avec des conséquences graves et coûteuses. Maintenant il rentre chez lui à la droite du Père.
La transhumance politique devient une plaie, un sport national au Congo-Brazzaville, telle cette migration périodique du bétail entre les pâturages d’hiver quand cela devient dur pour nos hommes politiques et les pâturages d’été pour s’engraisser au détriment du peuple.
Comme nombreux avant lui, l’Homme du Pool brille par sa traîtrise.
C’est Joan Miro qui disait : « Ce qui compte, ce n’est pas une œuvre, c’est la trajectoire de l’esprit durant la totalité de la vie. »
Encore une trajectoire sinueuse, tortueuse, sans œuvre d’un vautour politique au Congo-Brazzaville. —-
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA