Par : Oleg Fabrice KIESSILA
Il est très indécent, voire intolérable de parler de son pays en des termes aussi durs que virulents, mais dans le cas où se trouve le nôtre, l’on ne peut pas en faire l’économie. La situation est socialement désastreuse, politiquement chaotique et économiquement catastrophique, financièrement explosive. Mettons tout de suite les mains dans le cambouis!
En effet, le Congo est plongé dans une situation financière et économique très très alarmante, situation par laquelle il peine à sortir; pour des raisons multiples.
Quelques années après la fin de la guerre de 1997, le Congo bénéficiait de l’effacement d’une grande partie de sa dette envers les organismes internationaux à partir du programme PPTE- (Pays pauvre très endettés). Cet effacement partielle de la dette avait fait bénéficier au Congo la possibilité de reprendre du poil de la bête, 20% de la dette effacée, les programmes de développement avaient toutes les raisons de se mettre sur scelle sans grandes difficultés ; dans une période correspondant à un boom pétrolier jamais vécu auparavant dans notre pays. Le pétrole dont la valeur marchande du baril avait atteint un sommet assez conséquent était censé renflouer les caisses de l’Etat et de donner ainsi des gages d’une stabilité financière et économique. Les principaux budgets de fonctionnement de l’Etat durant toutes ces années de gloire financière, faisait état des excédents budgétaires qui pouvaient assurer le soutien de tous les efforts. Ce qui nous donnerait toutes les raisons du monde de croire que notre pays ne pouvait pas subir une telle catastrophe. Tout était en sa faveur, puisqu’à cette période précise, le gouvernement de la république annonçait de façon triomphale la création d’un fond des générations futures et adhérait au slogan utopique africain « l’Emergence à l’horizon 2025 !!!!» Aujourd’hui, hélas, la situation est toute autre. Elle est même plus intrigante, plus désastreuse. La question qu’on pourrait se poser, est celle-ci : Comment en sommes-nous arrivés là ?
Il faut dire que dès le départ, après avoir obtenu l’effacement d’une partie de la dette en 2010, respectivement les 26 et 27 janvier, (des conseils d’administration de la Banque mondiale et de FMI, et avec la manne pétrolière) le Congo signait avec la République de Chine plusieurs accords de préfinancement notamment des programmes de développement et construction des infrastructures de base. Ces programmes rentraient dans le plan de la municipalisation accélérée du Congo voulu par le gouvernement de la république. La chine, dans cette optique s’était engouffrée dans la brèche et n’arrêtait pas de financer des projets en accord avec le gouvernement congolais sous la haute direction du ministère des grands travaux et non de celui des Finances, ni de celui du Plan !
Ce qui était au final visé, c’était de tenir le Congo par la gorge afin de se donner les moyens de mettre la main basse sur ses matières premières. Près de 3,15 milliards de dollars seront injectés par la Chine au Congo Brazzaville. Jusque-là, tout semblait aller de l’avant !!
Les dignitaires de Brazzaville, malgré les nombreuses alertes données par les opposants, s’en satisfaisaient. Tant qu’il y avait du miel qui continuait à couler, l’on pouvait continuer à danser, à chanter, à manger, bref, à festoyer sans se soucier du lendemain. C’est là justement que se trouvait le piège, comme dans la fable de La Fontaine de la cigale et la fourmi, le Congo se réveillait plus tard, sous un ciel couvert de nuages.
Tout était par terre !
Tout est à reconstruire !
Dans cette phase, le pétrole qui avait généré beaucoup de dividendes à notre pays, subit depuis une perte significative de sa valeur marchande. Le prix du baril de pétrole sur le marché international atteignant le niveau le plus bas de son histoire.
Le Congo, de ce fait se retrouve sans liquidités. Pour cause, la vente du pétrole s’était opérée toutes ces années dans des conditions les plus obscures. L’opacité qui entoure jusqu’à nos jours l’exploitation du pétrole, la seule ressource qui finance à hauteur de 90% le budget congolais, fait que le Congo soit à genoux. Pire, il est obligé de faire la courbette aux créanciers. Plongé en effet dans une crise financière très profonde dans un contexte mondial très complexe, le Congo a engagé des négociations avec les institutions internationales notamment le FMI aux fins de bénéficier d’un financement afin de lui permettre de trouver une voie de sortie face à la crise profonde du moment.Cette institution exige du Congo plusieurs conditions entre autres :
-la clarification de la situation sur la dette insoutenable du Congo Brazzaville, estimée à 110% de son PIB ;
-le rééchelonnement de cette dette. ;
-des réformes ;
– un douloureux programme d’austérité…
À la grande surprise, il a réussi avec la Chine un deal qui a conduit à la restructuration de la dette du Congo. Mais à y voir de plus près, c’est un étalement de la dette opéré sur plusieurs années. Et notre pays n’est pas sur la voie de sortir du chaos. Plusieurs générations sont engagées, à date chaque congolais doit 1 500 000 FCFA à la Chine !
En plus, la crédibilité de l’accord Eximbank (chine) est mise en doute par les conseillers Dominique Strauss-Kahn et Mathieu Pigasse. Ce deal avec la Chine est sensé faciliter les négociations qui devraient aboutir sur un accord avec le FMI. Il faut dire que cet accord conclut avec la Chine ne motive pas les différents partenaires car les mêmes hommes qui ont conduit le Congo Brazzaville dans l’abîme sont aux commandes. Ils sont au cœur du système.
Comment mettre de l’argent dans un gouffre ?
Il faut donc de l’audace de la part du président de la république, lui qui perd le sommeil à cause de cette crise désastreuse :
-Remettre en question tout son dispositif idéologique et dirigeant.
-Remettre tout à plat.
-Oser autre chose.
-Mettre le pays sur la route royale des réformes, de la transparence, de la lutte contre la corruption ce qui conduirait ainsi au respect de la démocratie.
Ce qui n’est vraisemblablement pas sa tasse de thé !
En conclusion, tant qu’il n’y aura pas une véritable stabilité politique au Congo Brazzaville, il serait difficile de parler de stabilité économique et financière. Moins encore de développement ! Il serait de même difficile d’obtenir un accord avec le FMI, car de la dette opaque du Congo envers la république de Chine débouche la catastrophe dans laquelle le pays est plongé.
Les organismes internationaux le savent !
Une seule invite ! le dialogue inclusif !!!
Oleg Fabrice KIESSILA
Oleg Fabrice KIESSILA.