Sida : une avancée très importante dans la prévention de la transmission du virus

Trente ans après le début de l’épidémie de sida, un essai clinique international publié jeudi 12 mai 2011 aux États-Unis démontre qu’un traitement précoce avec des antirétroviraux éliminerait quasiment le risque de transmission par des personnes séropositives.

Le traitement aux antirétroviraux réduirait de 96 % les risques de transmission du VIH-sida aux partenaires sexuels stables. Une piste très intéressante dans le domaine de la prévention.

On s’en doutait fortement, cette étude le prouve : le traitement contre le sida peut prévenir la contamination. L’essai clinique a été mené sur plus de 1700 couples hétérosexuels stables, dont l’un des partenaires est séropositif, l’autre pas ; il s’est déroulé dans neuf pays dont l’Afrique du Sud, l’Inde et les Etats-Unis. Le résultat est sans appel : traiter très tôt des personnes porteuses du virus du sida réduit de 96% le risque de transmission à leur partenaire.

En effet, les médicaments antirétroviraux quand ils sont bien pris, font en général baisser considérablement la quantité de virus dans l’organisme, et de ce fait le risque de transmission.

De nouvelles orientations stratégiques …

« Cette percée scientifique change considérablement la donne et assurera l’avancement de la révolution de la prévention. Elle place le traitement anti-VIH au rang des nouvelles options de prévention prioritaires », a indiqué Michel Sidibé, directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, l’Onusida . « Les résultats produits pas l’essai vont renforcer et étayer les nouvelles orientations que l’Organisation mondiale de la santé (OMS)- publiera en juillet pour aider les personnes vivant avec le VIH à protéger leur partenaire », précise le Dr Margaret Chan, directeur général de l’OMS.

* Au niveau individuel, le traitement pourrait donc être utilisé en association avec d’autres outils de prévention, comme le préservatif, la circoncision ou la réduction du nombre de partenaires.

* Au niveau collectif, cette stratégie pourrait avoir un impact sur la progression de l’épidémie. Encore faut-il que les médicaments soient disponibles. Or on est loin du compte : seules 5 millions de personnes sont traitées alors que plus de 13 millions auraient besoin de l’être.

Jean-François Delfraissy, président du Comité d’experts sur la prise en charge thérapeutique des personnes séropositives et chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, souligne néanmoins qu’il s’agit d’une réelle avancée : « On pensait jusqu’à présent que les antirétroviraux pouvaient réduire le risque de transmission du virus. Désormais, on sait qu’ils constituent un nouvel outil de prévention pour limiter la contamination. Il ne faut pas opposer les traitements antirétroviraux aux autres méthodes de prévention. »

© Anne Corpet (RFI)