Dans l’histoire du parlement congolais, notamment de l’Assemblée nationale, Justin Koumba est celui qui aura battu le record de longévité à la tête de l’institution. Cinq ans passés à la tête du Conseil national de transition (de 1997 à 2002), il achève dans 2 ans, son second mandat de président de l’Assemblée nationale.
Preuve sans doute de sa maîtrise et de sa bonne gestion des affaires publiques. On est tenté de le croire. Et pourtant, dans les couloirs du palais des congrès, tous, députés comme collaborateurs se plaignent de sa gestion.
Ancien fonctionnaire au bureau de l’Unesco à Kinshasa, le député nommé de Banda dans le département du Niari (l’homme n’a jamais remporté une seule élection dans sa circonscription), Justin Koumba n’a rien assimilé des principes de rigueur et de transparence qui caractérisent l’organisation onusienne.
Il gère la chambre basse du parlement congolais dans une opacité déconcertante. Moins visible à son bureau du 6è étage du palais des congrès où il ne vient que pour recevoir ses hôtes, l’homme passe le clair de son temps entre Paris et Pointe-Noire. A peine a-t-il ouvert ou clôturé une session de l’Assemblée, le voilà dans un Boeing d’Air France pour Paris, pour un séjour de plusieurs semaines dans un grand palace. Chacun de ses multiples déplacements privés, mais érigés en mission d’Etat, est une véritable saignée pour les finances de l’Assemblée : pas moins de 100 millions F.CFA sont dépensés. Son épouse qui n’est ni parlementaire, ni membre de son cabinet voyage – avec un ordre de mission – aux frais de l’Assemblée nationale.
Pour ses déplacements à l’intérieur du pays, Justin Koumba n’a aucune préférence pour les compagnies nationales. C’est à bord de jets privés loués par l’Assemblée nationale qu’il aime voyager. Une gabegie qu’aucun président de l’Assemblée avant lui ne s’est rendu responsable.
Au comportement sulfureux, Justin Koumba est un personnage sans cœur. Un regard bienveillant vis-à-vis d’un collaborateur en détresse, est une idée qui n’a jamais traversé sa tête. Pour l’achat des véhicules des députés en 2013, il avait prévu dépenser la coquette somme de 10 milliards F.CFA. Une commande surfacturée qui a éveillé l’attention du ministre des finances, Gilbert Ondongo qui, après contre-expertise, ramena le montant à moins de 3 milliards FCFA, brisant ainsi le rêve du président de l’Assemblée nationale de se mettre plusieurs milliards de F.CFA dans les poches.
En fin d’année et depuis plusieurs législatures, les députés et le personnel de l’Assemblée nationale perçoivent un intéressement. Tout comme leur est versée une prime à l’occasion du vote du budget de l’Etat. Au cinquième mois de l’année 2015, les députés et le personnel n’ont que leurs yeux pour pleurer. L’argent nécessaire, pourtant décaissé par le trésor public, d’après certaines indiscrétions, a pris des destinations connues des seuls présidents de l’Assemblée, du premier questeur et du directeur financier de l’institution.
Les fins de mois sont des périodes de stress à l’Assemblée nationale. Alors que la Chambre sœur a toujours débuté la paie des émoluments des sénateurs et des collaborateurs à bonnes dates (souvent le 25 du mois), à l’Assemblée nationale, c’est l’incertitude, surtout pour ceux qui sont payés à la banque. Les émoluments sont payés avec un retard parfois de deux semaines. Ce qui alimente les rumeurs selon lesquelles, l’argent est d’abord fructifié par des placements réalisés auprès de libanais et autres initiés, avant de servir à la paie.
Dommage que ni la Cour des comptes, ni les services du contrôle d’Etat, moins encore l’inspection des finances, ne soient intéressés par la gestion des fonds alloués au parlement. Ce qui laisse cours à Justin Koumba de développer ses appétits budgétivores, en siphonnant en toute impunité les finances publiques mises à disposition de son institution. Qu’à cela ne tienne. Là où ils ont contrôlé, ils n’ont jamais rien trouvé d’anormal. Ainsi va le Congo. Ainsi va le Chemin d’avenir.
Patrick Eric Mampouya