Les plateformes FROCAD-IDC ont présenté leur analyse de la situation politique du Congo. Au terme de quatre jours de réflexion, elles nous ont instruit sur leur maturité a dépasser les blocages et incompréhensions qui sont le lot dans toutes les luttes.
Des voix discordantes entendues ça et là, nous aurions souhaité qu’elles s’expriment lors de cette convention, confrontent leurs points de vues et la loi des organisations aidant, participent aux décisions collectives. Hélas il n’en a pas été ainsi. Nous savons que sans cette discipline minimale, cette cacophonie ne sert pas les intérêts du peuple, et sa perception de l’opposition ne peut s’en trouver que brouillée. La présidentielle avancée, la plateforme a désormais pris acte des conséquences de la forfaiture du dictateur. Elle s’est ressaisie en toute responsabilité en se mettant en ordre de bataille, ,et en rappelant une fois de plus les conditions minimales utiles pour la bonne tenue de cette élection. Il s’agit de la gouvernance électorale que toutes les préconisations internationales recommandent de mettre en œuvre pour des élections apaisées et impartiales. En pays souverain le Congo les a signées et ratifiées. D’une dictature, l’opposition, la société civile et l’Eglise savent pertinemment à quoi s’attendre. Tout est donc possible y compris le refus de l’expertise de l’OIF. La forfaiture consommée, le but recherché hier, aujourd’hui et demain est sans nul doute le boycott de cette élection par l’opposition. Le système s’y emploie. Si avec 5% de taux de participation à la mascarade de référendum il a parlé d’une adhésion populaire à 95%, à fortiori, pour cette présidentielle, élection majeure même avec 1% de participants, ils nous parleront de triomphe à la soviétique. Que ceux qui s’opposent à ce système des temps anciens ne s’y trompent pas, l’objectif recherché est de s’assurer l’absence de challengers au dictateur, lui qui n’a jamais gagné une seule élection à la régulière. Tout est ainsi fait dans ce sens: information au conseil des Ministres de la création d’une CENI, puis fixation de la date de l’élection par le dictateur, miaulement des responsables du PCT tendant à démontrer que la gouvernance électorale était déjà en place, y compris le fichier électorale… le ridicule ne tue pas et nous n’en sommes qu’au début. Ainsi, le rôle de la CENI et son utilité sont à chercher: circuler Messieurs, il n’ya rien à voir. L’opposition ne doit pas s’attendre à une quelconque ouverture en ce sens, bien au contraire. Ces deux mois restant seront utilisés à dessein par le pouvoir dans des actes de diversion par des stratégies d’évitement et de fuite en avant. L’adversaire, l’opposition devra être écœuré, poussé dans ces retranchements et de préférence hors du ring électoral. L’opposition a aujourd’hui une légitimité de représentation populaire, tirée de l’adhésion massive que l’on constate sur les réseaux sociaux, dans des manifestations récurrentes dans diverses capitales occidentales, mais surtout par l’approbation massive constatée lors de ses activités alternatives sur place au Congo: la convention de DIATA, les diverses manifestations publiques sur le territoire national à la fin de l’année 2015, le tout clôturé par la dernière convention de l’opposition du 9 au 13 janvier 2016 qui a consacré la maturation de l’opposition et posé le principe de sa participation à cette échéance, sous conditions. Leur lecture de la typologie de l’électorat national est toute aussi pertinente. Ils ne se sont pas enfermés dans la candidature unique sur laquelle serait susceptible de s’abattre une invalidation meurtrière pour la démocratie. Ce ne serait d’ailleurs pas une première. Sans que cela ne soit l’exemple à suivre, l’élection du 2 août 1992 avait connu dans notre pays dix huit candidats, et , dans des conditions acceptées de toute la classe politique et édictées par la constitution du 15 mars 1992, notre dictateur champion avait été battu à la régulière, n’obtenant que la troisième place avec 16.87%. L’opposition doit désormais s’atteler à communiquer, informer. Communiquer à l’intérieur du pays pour vulgariser sa démarche, rassurer les populations et maintenir la ferveur pour cette lutte; communiquer à l’extérieur pour prendre à témoin la communauté Africaine et Internationale sur le côté inique de ce pouvoir et ce dictateur grand donneur de leçons à l’extérieur et complètement hermétique quand il s’agit de son pays. La liberté des Congolais est à ce prix, et ce combat ne met pas à mal la continuité de l’Etat. Il ne fragilise pas non plus le maillon que notre pays représente dans cette chaine sécuritaire, bien au contraire. Ces deux mois doivent donc être mis à profit pour préparer une désobéissance démocratique le 20 mars 2016: le vote des Congolais épris de démocratie et d’alternance. Ne nous trompons pas, le vote des 95 % des congolais qui n’ont pas cru en la mascarade du référendum est une arme de destruction massive redoutée par les tenants du pouvoir. L’affluence aux bureaux de vote et sa traduction dans les urnes, la confirmation des résultats issus des urnes par les votants organisés est la seule véritable réponse à la fuite en avant et aux tergiversations de ce pouvoir. Ce tsunami démocratique est notre seule force, la force démocratique. A ceux qui doutent encore de notre force je leur objecterai que ce pouvoir qui n’a plus de légitimité, a toujours gagné par défaut. Si nous sommes la majorité, alors exprimons-nous dans les urnes et que chacun prenne ses responsabilités. Si par malice cette victoire certaine nous était volée, alors le peuple tout entier en tirerait les conséquences.
Jycert PASSI