Comme les années précédentes, le FESPAM avec un budget revu cette année, soit un peu plus de 5 milliards, vient de fermer ses portes. Un saignement de plus pour le Trésor Public.
Sensé promouvoir la culture africaine en générale et congolaise en particulier, cet événement est devenu une mine d’or pour quelques apparatchiks du pouvoir qui s’en sont accaparés pour enrichir leurs affaires douteuses (Maîtresses, hôtels particuliers, voyages, des dotations insensées entre musiciens conciliants…)
L’on se demande sur les 5 Milliards, plus de 3 Milliards vont droit dans les comptes de loueurs des matériels de sono, de chapiteaux, des chaises et de surcroît ce sont des entreprises gérées par les enfants de l’actuel dictateur.
Les musiciens congolais étant très faiblement rémunérés désertent de plus en plus les scènes. Laissant la place à une pléiade de musiciens étrangers payés à coup de millions de F. CFA pour quelques minutes de scènes. Je me demande où se trouve la notion de promotion de la musique congolaise ?
Cet évènement souvent décrié par la population par son budget astronomique d’année en année (6 milliards de CFA de budget estimé pour l’édition 2015) et dont les musiciens congolais n’en tirent aucun profit. C’est une messe pour le dictateur Sassou Nguesso où beaucoup des musiciens viennent pour chanter ses louanges. Qui peut dire aujourd’hui que le ministère congolais de la Culture apporte un soutien aux musiciens congolais dans l’exercice de leur activité ?
Entre les danseuses de l’autre rive invitées en grands nombres pour exhiber des danses non moins conventionnelles pour ne pas dire obscènes, les conditions de sécurité et l’accueil du public qui sont déplorables.
Cet évènement est un gouffre à sous sans grand apport sur le développement de la culture congolaise.
Des jeunes mécontents ont failli gâcher la clôture du Fespam
La cérémonie de clôture du Fespam (Festival panafricain de musique), mercredi 22 juillet 2015, au Stade Félix Eboué, à Brazzaville, s’est déroulée dans un climat plus électrique que jamais, avec des cris de jeunes qui voulaient exprimer leur mécontentement au gouvernement aux aux organisateurs.
Alors qu’il prononçait le rituel solennel de clôture, au nom du président de la République, le ministre d’Etat Florent Ntsiba, avec à ses côtés, le ministre de la culture, Jean-Claude Gakosso, a eu du mal à faire entendre sa voix, tellement les jeunes criaient. A deux ou trois reprises, il a été empêché par des cris des jeunes. Mais, le ministre d’Etat Ntsiba a gardé son sang-froid et a poursuivi son allocution.
En tout cas, à travers des cris et des insultes, des jeunes ont exprimé leur ras-le-bol qui a failli gâcher la fête.
La dixième édition du Fespam, organisée avec un budget cisaillé, s’est, finalement terminée avec des huées du public, laissant la place à la préparation de la onzième.
Jean-Claude Beri
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Le Congo financera-t-il encore seul le Fespam ?
La question n’est pas de savoir si le Fespam maintiendra sa destinée, mais si le gouvernement congolais, après 20 ans de conviction sur le rôle important du festival, continuera seul à faire rayonner la musique africaine au-delà des mers.
Le Fespam 2015 a baissé ses rideaux plus tôt que prévu, laissant une soif aux milliers de spectateurs accablés. Comme son organisation, éméchée de disconvenus et de polémiques sur un budget d’1 milliard 350 millions jugé mitigé, la clôture de l’édition 2015 a sans doute corsé le malaise qui flânait depuis sur cette édition.
Les commentaires sortent de partout sur la dégringolade du festival porté à 90% par l’Etat congolais. En dix éditions, malgré des budgets avoisinant les 4 milliards de FCFA, le Fespam n’a semble-t-il pas trouvé de filons nécessaires pour convaincre d’autres partenaires et, peut-être, s’autofinancer.
L’édition jubilaire qui s’est achevée le 22 juillet, de laquelle on espérait une fête immense, a révélé plusieurs limites. Des acteurs culturels mais aussi d’observateurs opiniâtres pensent qu’il est l’heure de faire le bilan, afin de recadrer l’événement créé par l’Union africaine et attribué au Congo.
En 20 ans, le Congo n’a pas failli à cet engagement panafricain. Déterminé à assurer son leadership musical sur le continent, les budgets du Fespam sont allés crescendo. Un serment qui expliquerait sans doute le rôle de Brazzaville choisie par l’Unesco comme ville créative et c’est sans conteste que la ville abrite le siège du Conseil africain de la musique, qui est la branche régionale du Conseil international de la musique.
Si le succès diplomatique suit, en effet, des professionnels estiment par contre que le festival n’a vraiment pas fait de bonds prodigieux. « Il faut lui redonner un peu plus d’éclat. Je crois qu’il faut redéfinir un certain nombre de choses. Dans ce genre d’organisation, il faut aussi faire appel à des gens qui ont beaucoup de maîtrise. Nous étions à l’époque entourés de beaucoup de professionnels et c’était le prix à payer pour mettre le festival sur les rails », rappelait Constant Ferréol Ngassaky’s, ancien commissaire général du festival, lors d’un entretien.
La fameuse question budgétaire et le festival
Quoique des arguments budgétaires liés à la baisse du baril de pétrole expliquent le rétrécissement de l’enveloppe de l’édition 2015, des propos font allusion à un ras- le bol de l’État. Le Fespam, souligne-t-on, coûte cher à l’État. « Si le budget allait crescendo d’édition en édition, c’est plutôt une bonne chose mais le but était aussi de permettre à l’État de s’y désengager progressivement », explique Ferréol Ngassakys.
Devant cette analyse, des acteurs culturels s’interrogent si l’Etat va-t-il poursuivre à financer le Fespam à la hauteur des éditions précédentes. « Ce n’est pas tant une question d’argent, mais d’organisation. Je pense que le Fespam est mal vendu, et c’est ce qui justifie probablement le désintérêt des partenaires », analyse Gervais Hugues Ondaye, membre du comité de direction du Fespam pour le compte de la Mairie de Brazzaville, et responsable du festival Feux de Brazza.
Comment expliquer alors que plusieurs festivals en Afrique et ailleurs s’organisent avec des budgets conséquents et bénéficient du soutien des sponsors crédibles et d’institutions internationales ? Le Fespam serait-t-il abandonné par manque d’organisation efficace ?
S’il est permis de faire une comparaison pour comprendre ce quiproquo, le Festival des Arts nègres de Dakar, au Sénégal, est une illustration parfaite. Le budget avait été établi à environ 48 milliards de FCFA. Le gouvernement sénégalais a soutenu le festival avec 20 milliards et les autres partenaires ont apporté le reste. Le Congo aurait financé à hauteur d’un peu plus de 300 millions de FCFA. Coca-Cola a apporté 1 milliard ainsi que la Libye et le Cameroun.
Pourtant, jamais de tels gestes ont été faits à l’endroit du Fespam. Les sponsors locaux, même ceux qui se déclarent être « officiels » affichent des maigres budgets souvent convertis en services. Sponsor officiel du Fespam 2014, la société de téléphonie mobile Azur avait apporté 50 millions de FCFA convertis en gadgets et autres supports de communication pour soutenir le festival. « insignifiant ! », pensent d’ailleurs les experts qui regrettent le maigre pourcentage de 10% que prennent les sponsors dans le budget du festival.
« Changer les choses, ne voudraient pas seulement dire regarder du côté du Commissariat général. L’Etat est responsable également, car très souvent les budgets alloués arrivent en retard et parfois écornés, alors que des chapitres importants auraient déjà été consommés », averti, sous anonymat, un spécialiste au ministère de la Culture et des arts.
Quentin Loubou
Adiac