L’une des figures marquantes de la musique africaine et plus singulièrement de la scène congolaise, a tiré sa révérence dans la nuit de dimanche à lundi, à Brazzaville.
Chanteur et auteur-compositeur, Antoine Moundanda a longtemps joué au kisansi, cet instrument traditionnel composé de lames en fer fixées sur une caisse de bois creux. Dès 1955, une carrière internationale s’ouvre à lui. La sanza, autrement appelée kisansi, en main, il sillonne les quatre coins de la planète, tantôt en solo, tantôt accompagné par d’autres artistes.
Perfectionniste, résolument moderne, il a donné une autre dimension à cet instrument traditionnel, en le portant de neuf à vingt-deux lames. Chanteur d’exception, compositeur inspiré, Antoine Moundanda est l’un des créateurs de la rumba et l’un des pères fondateurs de toute la musique moderne zaïro-congolaise.
Au sein de son trio appelé Likembés-Géants, Antoine Moundanda a donné une nouvelle vie au piano à pouce appelé aussi kisansi, le glissant dans la rumba des années 1950, revitalisant ainsi le patrimoine traditionnel.
D’où a-t-il tiré cet instrument ?
Originaire de Kinkala dans le département du Pool (qui abritera cette année les festivités du 15 août), Antoine Moundanda apprend la musique en jouant du kisansi, l’ancêtre du likembé, conçu pour chasser les mauvais esprits, accompagnant ainsi son père dans son travail de guérisseur. À la mort de son père, il s’installe à Brazzaville, avant de se plonger rapidement dans la nuit brazzavilloise.
Encouragé par Paul Kamba, leader du Victoria Brazza, il introduit le likembé dans la rumba, au grand dam de sa famille qui considère l’instrument comme rattaché aux musiques rituelles et le modernise.
En 1955, il crée avec Papa Kourand, le Likembé-Géant, enregistre une trentaine d’albums pour le label Ngoma, et remporte le prix Osborn. Son style va de la variété (polka, rumba, djebola) à des styles régionaux. Plus tard, il va travailler avec le Ballet national congolais et le théâtre Sony Labou-Tansi’s Rocado Zulu, tourne dans les pays voisins et se produit à Dakar en 1966, à l’occasion du Festival des arts nègres, où il est couronné.
Il connaîtra une reconnaissance dans les années 1990, tournant en Europe et sortant plusieurs albums dont Kesse kesse et Mosseka. Antoine Moundanda tire aujourd’hui sa révérence à plus de 84 ans. La nation congolaise doit rendre hommage à ce digne fils.
Que ton œuvre t’accompagne dans l’éternité !
© Jean Dany Ébouélé – Adiac
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