LAMYR NGUELE
Par : Pascal AZAD DOKO ( la semaine africaine)
Le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Lamyr Nguele, a animé mercredi 28 août 2018 à Brazzaville, un point de presse pour apporter son éclairage sur le dernier rapport de la commission qui a suscité des réactions qui sont, selon lui, pour la plupart erronées. En effet, depuis la publication de ce rapport, Lamyr Nguelé subit des critiques même au sein de son propre camp de la majorité présidentielle, pour avoir dénoncé un certain nombre de dérives.
Pour lui, la lutte contre la corruption est un engagement affirmé du chef de l’Etat. «Elle est une exigence de développement et une condition de survie en tant que nation, surtout en cette période de crise économique et financière», a-t-il assuré.
«Nous n’avons pas pour habitude de faire des communications après la publication de nos rapports. Mais, la publication de notre dernier rapport a suscité tellement de réactions, pour la plupart erronées, que nous nous voyons dans l’obligation de sortir de notre réserve et d’apporter quelques éclairages», a-t-il dit. Il a rappelé que la commission est un organe technique qui assiste le Gouvernement dans la mise en œuvre de sa politique de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude. «Dans la réalisation des enquêtes et investigations, la commission respecte scrupuleusement les principes du contradictoire, de la présomption d’innocence, mais aussi l’obligation de réserve et le secret professionnel. Elle ne reçoit aucune injonction de quelque autorité que ce soit. Elle se saisit d’office ou par dénonciation», a-t-il rappelé. Pour bien faire comprendre cette démarche, le conférencier s’est appesanti sur deux exemples: «X est ministre, il est mis en cause, auditionné sur procès-verbal; on lui donne lecture des déclarations de ses collaborateurs ou des témoins; on lui présente les pièces comptables nécessaires et lui demande de faire ses observations y relatives. Tout ce qu’il dit est mentionné dans son procès-verbal qu’il signe avec la mention «lu et approuvé». En aucun cas ce procès verbal qui est une pièce du dossier, ne peut être envoyé, ultérieurement, à l’enquête. Z est ministre et n’est pas mis en cause. Ce sont les collaborateurs de Z qui sont mis en cause. A la fin de l’enquête, une copie du rapport est transmise au ministre Z, en tant que tutelle pour lui demander de parvenir ses observations ou commentaires. Dans les deux cas, le principe du contradictoire est bel et bien respecté». «Curieusement, après la publication du dernier rapport, les questions liées aux enquêtes qui pourtant, relèvent du domaine technique, ont été sciemment, transportées dans les états majors politiques dans le seul but de brouiller les cartes», a-t-il dénoncé. Pour lui, les citoyens auditionnés lors des enquêtes n’ont pas la qualité d’accusés, mais celle d’enquêtés. «La suite de la procédure leur donne l’occasion de se défendre devant les juridictions appropriées. On ne peut donc pas soutenir que la commission ne respecte pas la présomption d’innocence des enquêtes», a-t-il rétorqué à ses détracteurs. A propos du mode de prise de décision, le président de la commission a fait remarquer que tout rapport d’enquête est présenté à l’Assemblée plénière avant sa publication. L’Assemblée plénière délibère en toute indépendance en indiquant la suite à donner au rapport. Lorsque le président de la commission rend public le rapport, il le fait au nom de la commission et non en son nom personnel. Les attaques personnelles et répétées dont il fait l’objet ne sont pas fondées et peuvent lui donner l’occasion d’intenter des procès en diffamation», a-t-il prévenu. Et d’ajouter: «Lorsque la commission conclut que les faits sont avérés et que de lourds soupçons pèsent sur l’enquêté, le dossier est transmis au parquet de la République pour des poursuites pénales. Là s’arrête le travail de la commission», a-t-il indiqué.
Au sujet de la réforme de la commission, Lamyr Nguele a relevé que dans l’accomplissement de sa mission, la commission est confrontée à des difficultés de plusieurs ordres. «Le Gouvernement a donc décidé d’y apporter des solutions en procédant à sa réforme. La reforme en cours est donc la bienvenue. Elle n’est nullement liée aux critiques que certains protagonistes ont fait à la suite de la publication du dernier rapport de la commission, ni par le manque de son indépendance», a conclu Lamyr Nguele qui pense que sa commission n’est pas une entreprise de destruction des cadres, mais au contraire, «elle concourt à l’amélioration de la gestion de la chose publique».