les membres du gouvernement congolais
Par : C.Y-Ng (la semaine africaine)
Une fois de plus, le Gouvernement a été acculé et accablé par les députés. La séance des questions orales avec débats qui s’est tenue le jeudi 22 novembre 2018 sera sans nul doute celle qui va marquer la 14e législature de l’Assemblée nationale qui compte à son actif 5 mois d’arriérés de paiement des émoluments. Est-ce cela qui explique le «mordant» des élus? En tout cas, les débats étaient houleux. Ils portaient sur la gouvernance, la décentralisation qui a maille à prendre son envol au Congo, la grève à l’Université Marien Ngouabi, l’éducation, l’agriculture, etc.
Ils étaient près de 22 députés à poser des questions. Ils voulaient comprendre pourquoi, malgré le dispositif juridique, la décentralisation a du mal à trouver sa place dans le pays. «Elle est loin d’être efficace», a dit l’un des députés. La concurrence déloyale qui affecte la société Saris Congo à cause de l’entrée frauduleuse du sucre sur le marché congolais; le rançonnage des véhicules opéré par les gendarmes et policiers exigeant des taxes farfelues sur le trajet Loutété-Pointe-Noire; la grève à l’Université Marien Ngouabi qui perdure depuis bientôt 3 mois; la dette intérieure, la situation exacte d’Ecair et du CFCO; l’affaire Chacona; le chômage des jeunes et le livre sur le génocide des Laris au Congo: tels sont les différents sujets qui ont donné des sueurs froides aux membres du Gouvernement. Son chef, Clément Mouamba, dans ses réponses, a reconnu que la décentralisation n’était pas en marche. «Il n’y a pas de craintes à la mettre en marche, mais simplement des difficultés de financements. Le pays se retrouve avec des ressources financières amaigries qui ne lui permettent pas de la mettre en marche», a-t-il avoué, tout en laissant entendre qu’ un ou deux mois seront payés d’ici la fin de l’année dans les collectivités locales. Sur le drame de Chacona qui avait entraîné la mort de 13 jeunes, le premier ministre a reconnu la responsabilité de l’Etat. Il a rappelé que le Gouvernement a assuré les obsèques des victimes. S’agissant de la grève à l’Université Marien Ngouabi, Clément Mouamba a fait remarquer que la situation financière du pays ne permet pas de payer correctement les agents de cette alma mater. «Chaque fois que la paie se fait, on s’arrange à ce que l’Université et le CHU soient payés», a-t-il signifié. Prenant à partie les syndicalistes, Clément Mouamba pense que ceux-ci ont durci leur mouvement et rompu le dialogue avec la tutelle. Ils exigent un changement d’interlocuteur, suite aux accusations portées à leur égard par le ministre de l’Enseignement supérieur. Chose que le premier ministre a refusé pour la simple raison, selon lui, que Bruno Jean Richard Itoua est très compétent. «Nous sommes un Gouvernement solidaire. Objectivement, nous gérons l’Université avec des difficultés. S’ils ne sont pas payés, ce n’est pas parce que c’est une mauvaise volonté. Et, nous n’avons pas besoin d’une année blanche. En plus, les arriérés de salaires ne sont pas une exclusivité de l’Université Marien Ngouabi», s’est-il défendu. Interpellé sur les fonds alloués à l’agriculture de 2002 à 2017, le ministre Henri Djombo a évoqué le chiffre de 168 milliards 532 millions de F.Cfa. Parmi les réalisations faites de cet argent, il a, entre autres, cité la création du Fonds de soutien à l’agriculture qui, malheureusement,n bat de l’aille à cause de l’argent prêté auprès de certaines personnalités qui ont du mal à le rembourser jusqu’aujourd’hui; la mécanisation agricole avec la mise en place des centres d’exploitation des machines agricoles qui ne sont pas également opérationnels; la création à coût de milliards de deux villages agricoles à Nkouo et Imvouba qui n’existent plus que de nom et qui n’ont pas atteint leurs objectifs. Au vu des sommes décaissées, le ministre d’Etat a estimé que les résultats obtenus sont faibles. Pour lui, la faute revient à ce que «nous n’avions pas disposé d’assez de moyens pour lancer l’agriculture. Cette situation doit nous amener à tirer les leçons franches», a dit Henri Djombo. Acculé sur la situation de Saris-Congo qui connaît actuellement des difficultés à cause de la concurrence déloyale qui affecte sa production avec l’entrée frauduleuse du sucre et le commerce illicite du sucre sur le marché congolais, le ministre Alphonse Claude N’Silou a, d’entrée de jeu, affirmé que le Gouvernement ne délivre pas de licence d’importation de sucre. Il a appelé l’entreprise à revoir sa politique de marketing pour rendre ses produits plus compétitifs. «Il faut créer plusieurs Saris pour que les Congolais aient du sucre à un prix plus bas comme nous l’avons fait dans le secteur du ciment», a-t-il suggéré. Le ministre Charles Richard Mondjo, de la défense nationale, s’est justifié sur la présence de barricades et les taxes illicites et farfelues que prennent les gendarmes et policiers sur le tronçon Pointe-Noire-Loutété. Pour lui, ce qui se passe ne doit pas être assimilé à des barricades, mais plutôt des points de contrôle établis par la Force publique contre la délinquance routière. «Ce qui est qualifié de taxes farfelues est souvent la contrepartie du monnayage des infractions au code de la route. Il y a un corrupteur et un corrompu. Cela dit, si ces actes sont avérés, ils sont contraires à l’éthique et à la déontologie. Par conséquent, ils sont passibles de sanctions à la règlementation en vigueur. Nous punissons nos agents», a martelé le ministre de la défense. Il a demandé aux populations et aux usagers de la route de dénoncer de telles pratiques. «Un numéro vert, le 117 est fonctionnel, pour recevoir leurs doléances. Nos populations ne doivent pas subir, il faut qu’elles résistent à tous ces agents véreux», a dit Charles Richard Mondjo.
Très attendu sur la question de l’Université, le ministre Bruno Jean Richard Itoua s’est plus contenté des réponses données par le premier ministre sur la question. Néanmoins, il a tenu à préciser qu’il n’y aura pas d’année blanche. «Si nous avons rattrapé l’année dernière, après 4 mois de grève, nous espérons que cette année, nous n’irons pas jusqu’à 4 mois. Nous avons la capacité académique d’achever très rapidement l’année académique», a-t-il rassuré.