Brazzaville, la capitale congolaise est en train de devenir une des destinations à risque pour les hommes politiques venant d’autres pays.

On commence à éviter de s’afficher avec Denis Sassou Nguesso sauf quand une telle présence à ses côtés vous procure de juteux contrats ou vous permet de des sacs de nguiris (argent de la corruption), avant d’embarquer dans l’avion du retour dans votre pays.

Sassou n’a ni une bonne image ni une bonne presse : sanguinaire à souhait et empoisonneur hors pair, il n’existe pas un Congolais qui dit du bien de lui sur ce chapitre. Même pour ses amis politiques, il est un diable. Il a réussi, par des techniques de plus en plus sophistiquées, à envoyer, avant le temps, vers l’au-delà, les ¾ sinon plus de ses compatriotes qui aspiraient à un titre ou à un autre, occuper la charge suprême de l’Etat.

Il se veut incontournable, irremplaçable, indéboulonnable. Un petit dieu (plutôt le diable) sur terre.

A la tête d’une fortune évaluée à 20 milliards de dollars planquée, essentiellement, dans des paradis fiscaux (Iles Vierges, Iles Caïman, chine, ect), il cherche à mourir au pouvoir pour ne pas avoir à répondre devant la justice des hommes dont celle de la France où il a cessé de faire des placements depuis que ses amis de l’Hexagone lui cherchent des poux sur la tête.

C’est dans les tribunaux parisiens que le dossier des Biens mal acquis (version Congo-Brazzaville) empêche le dictateur de dormir sans souci. La justice française est libre. Pas celle du Congo.

Quand Sassou s’endort (sans réellement dormir à cause de ses nombreux soucis), il ne sait jamais de quoi demain sera fait dans son dossier des Biens mal acquis, qui peut balayer toute sa famille qui, elle, est non détentrice de l’immunité de chef d’Etat.

Effrayé par le sort qui pourrait lui être réservé s’il n’était plus président de la République, il a entrepris, toute honte bue, des grossières manœuvres en vue d’organiser un référendum dont l’issue est connue : Les troubles comme au Burkina Faso et au Burundi.

Mais Sassou n’en a cure. A Oyo où il a laissé entendre à ses parents qu’il n’abandonnera jamais le pouvoir aux gens du Sud et qu’il avait besoin de leur appui bruyant, on n’attend que le référendum qui lui permettra de changer la constitution et de se présenter en 2016.

Objectif : se faire élire, réélire et ré-réélire pour mourir au pouvoir, sans passer par Monsieur le Juge.

Les occidentaux le regardent comme s’il avait la peste. Même ses amis chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest auprès de qui il joue le rôle de distributeur de billets de banque, commencent à dire dans des cercles privés que Sassou est né avant la honte.

Voilà pourquoi les hommes et femmes de bon sens commencent à l’éviter, sauf quand cela n’est pas possible.

Comme il a promis la guerre à ses opposants qui ont juré de le renvoyer à la retraite en 2016, on a plus qu’à attendre. Le sang va à nouveau couler à Brazzaville.

Source Afrique Education, N° 420-421. Du 1er au 31 août 2015