000000000000000000000000000000000000000000000000000000youl-1275640Même si l’on a tout manigancé pour que Brazzaville, capitale politique de la République du Congo, se détache et devienne un département à part entière de la région du Pool, Brazzaville fut et demeure malgré tout une composante de son département d’origine.

Le Pool est le champ de bataille politique du Congo

Qu’on le veuille ou non, ses habitants sont, à 70% au moins et 80% au plus, des ressortissants du département du Pool. Ce n’est pas par hasard que Bernard Kolelas avait remporté – à la majorité écrasante -, l’élection présidentielle de 1992 à Brazzaville. N’a-t-on pas remarqué que lorsqu’on veut agrandir la capitale politique du Congo, on le fait toujours en intégrant (à nouveau dans ladite capitale) certains villages du Pool et leurs ressortissants ? Telle est la première leçon à retenir.

De plus, c’est à Brazzaville (donc dans le Pool) qu’on conquiert, gère et conserve le pouvoir ; et c’est aussi dans le Pool qu’on organise toutes sortes de complots et de coups d’Etat. Le Pool est, comme qui dirait, le champ de bataille politique du Congo-Brazzaville. Eu égard à cela, comment peut-on dire sans vergogne : « C’est toujours le Pool ! Pourquoi toujours le Pool ?»

La réponse est simple :

Lorsque la politique est faite dans les règles de l’art au Congo, dans le Pool il n’y a pas de problème. Mais quand elle ne l’est pas, le Pool en fait les frais. Aussi longtemps que Brazzaville sera la capitale politique de la République du Congo et que tous les scenarios politiques se dérouleront ou se décideront dans cette ville-capitale (totalement enchevêtrée, inextricable et indissociable au département du Pool), il n’en saurait être autrement.

Un brin d’histoire

A titre de rappel, les premières violences politiques dans ce pays eurent lieu à Pointe-Noire et non dans le Pool. Elles furent la résultante de la guerre politique que se livraient (dans cette ville, à l’époque capitale politique du Congo) Jacques Opango et Fulbert Youlou. Quand la capitale politique fut transférée à Brazzaville, ce que nous venons d’appeler « champ de bataille » fut également déplacé.

Le Pool : théâtre de la vie politique nationale

Tant que la lutte pour la conquête et la conservation du pouvoir se mènera sur son sol, le Pool et ses ressortissants seront toujours le théâtre de la vie politique nationale. Ce département sera continuellement détruit et reconstruit. Et ce sera toujours à ses fils de se sacrifier ou d’être sacrifiés pour la cause nationale ou l’intérêt général. C’est là, le côté obscur du grand destin qui est le sien. Ceci est la deuxième leçon à retenir.

Le Pool demeurera exigeant et dur vis-à-vis des gouvernants

Depuis que les combats ont repris dans le département du Pool, il n’est pas rare d’entendre: « C’est toujours les gens du Pool ! Encore et toujours le Pool ! Ces gens n’aiment pas le Président Sassou. Quoiqu’il fasse pour le Pool ou pour le pays, ils ne l’aimeront jamais ! » D’autres vont même jusqu’à agiter la fibre sensible du tribalisme en disant : « Toujours ces Lari, ces bakongo-là !». Le moins que l’on puisse dire c’est que tout le long de l’histoire de ce pays, les fils du Pool se sont toujours montrés exigeants et dur vis-à-vis des gouvernants. Même quand il s’est agi de leurs propres ressortissants à la tête de l’Etat. Faut-il rappeler qu’ils ont contribué à évincer du pouvoir l’abbé Fulbert Youlou et Alphonse Massamba-Débat, deux anciens Chefs d’Etat originaires du Pool ? Faut-il également faire remarquer que les fils du Pool ont été en première ligne de front parmi les cobras qui ont provoqué la chute du Président Pascal Lissouba en 1997 pour permettre à Denis Sassou-N’guesso de revenir aux affaires ?

Le Pool est alerte à tout ce qui touche à la gouvernance du pays

Le problème du Pool n’est donc pas à rechercher dans le tribalisme. Pour preuve, aucun autre peuple n’est si accessible et vit comme un poisson dans l’eau avec les ressortissants des autres départements. Le problème du Pool c’est qu’il reste alerte à tout ce qui touche à la gouvernance du pays. Il n’aime pas la dictature, l’accaparement du pouvoir et la mauvaise gouvernance. Le Pool est une sorte de « gardien du Temple ». Aussi, il faut retenir que ce département, comme démontré plus haut, reste un témoin privilégié de la scène politique nationale. Qu’arrive-t-il à un témoin quand il devient trop gênant ? Devinez. Ce sera la troisième leçon à retenir.

Guy Milex M’BONDZI