Le dernier rapport de l’ITIE révèle que Brazzaville a de quoi s’inquiéter pour ses recettes pétrolières à venir.
La baisse du prix du baril risque d’avoir des retombées très violentes sur le budget du Congo-Brazzaville, alors même que près d’un baril vendu sur deux sert à rembourser des prêts et que le grand projet pétrolier actuellement en développement, Moho Bilondo (Total), ne sera pas mis en service avant 2016. En 2015, le président Denis Sassou Nguesso ne devrait pouvoir compter que sur le lancement par Chevron de la production du gisement de Lianzi, dont les 46000 baril/jour seront partagés avec l’Angola du fait de sa localisation dans la zone de développement conjoint.
Le cabinet de conseil financier Fair Links vient de publier le rapport 2013 pour l’Initiative pour la transparence dans les initiatives extractives (ITIE) portant sur les revenus pétroliers et miniers du Congo-Brazzaville. Ce document démontre la fragilité du pays.
Premier constat : la production a baissé de 10% entre 2012 et 2013 pour atteindre 240 000 b/j, alors que ce secteur représente 75% des revenus du Congo-Brazzaville mais ne fait vivre que 2000 salariés.
Plus inquiétant encore, sur les 5,1 milliards de dollars de revenus de 2013, une partie très significative n’a jamais atterri dans les caisses de l’Etat, étant directement dirigée vers le remboursement de prêts contractés, en partie pour la construction d’infrastructures. Ainsi, sur les 49 millions de barils vendus par Brazzaville en 2013, 21 millions ont été affectés à ce remboursement. C’est le premier producteur du pays, l’italien ENI, qui a signé ce type d’accord « pétrole contre prêt » avec l’Etat. Ce système a notamment permis de construire la Centrale électrique à gaz du Congo (300 MW), en fonction depuis 2011, sans que Brazzaville ne sorte le moindre sou. Les conditions de ces contrats ne sont pas connues.
ENI, responsable de près de 50% de la production nationale (110 000 b/j), paie beaucoup moins d’impôts et taxes diverses (98 millions de dollars) que Total (230 millions de dollars), qui produit moins (93 000 b/j). L’une des raisons est le paiement par Total de bonus de signature.
Source AFRICA INTELLIGENCE, N°740 DU 17/02/2015