La secrétaire d’État française au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin, a déclaré vendredi douter des chiffres publiés par les autorités congolaises après le référendum constitutionnel organisé dimanche 25 octobre, lequel doit permettre à Denis Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat en 2016.

« Nous avons des doutes sur les chiffres qui ont été exprimés en termes de participation », a lancé Annick Girardin, invitée par RFI au micro de Christophe Boisbouvier, vendredi 30 octobre au matin. « Il y a, avec ce qui est arrivé au Burkina Faso, des exemples qui montrent que la démocratie, la transparence, doivent toujours êtres présents dans les scrutins », a ajouté la secrétaire d’État française au Développement et à la Francophonie. « Organiser un scrutin ne suffit pas pour pouvoir cocher la case démocratie », a-t-elle par ailleurs lancé.

Cette déclaration de la secrétaire d’État survient trois jours après le communiqué de l’Élysée, qui soulignait également la même question. « Les conditions dans lesquelles ce référendum a été préparé et organisé ne permettent pas d’en apprécier le résultat, notamment en termes de participation », avait jugé la présidence française, mardi 27 octobre.

Critiques des États-Unis

Selon les chiffres officiels communiqués par le ministre de l’Intérieur, Raymond Mboulou, le projet de Constitution a été approuvé par 92,96% des voix, avec un taux de participation de plus de 72 %. La fiabilité de ces chiffres contestés par l’opposition avait également été critiquée par les États-Unis.

Dans un communiqué publié mercredi 28 octobre, Washington s’est dit « déçu par le processus gravement entaché ayant abouti au récent référendum ». Avant d’ajouter que « la crédibilité du référendum a été altérée par la violence, l’intimidation et de graves restrictions des libertés fondamentales ».

Avant le référendum, les États-Unis s’étaient déjà inquietés du scrutin, craignant des risques d’embrasement. De son côté, François Hollande s’était attiré les foudres de l’opposition congolaise, après avoir estimé que Denis Sassou Nguesso pouvait « consulter son peuple ». « Ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre », avait-il précisé.

Claire Rainfroy

Source Jeune Afrique

***

Extrait de l’interview de A.Girardin par Christophe Boisbouvier

Au Congo-Brazzaville a eu lieu dimanche dernier un référendum constitutionnel très controversé. Et l’Elysée annonçait quelques jours plus tard que les conditions dans lesquelles il avait été organisé ne permettaient pas d’en apprécier le résultat, notamment en termes de participation. Voulez-vous dire que le taux officiel de participation n’est pas crédible ?

Je crois qu’il faut rappeler la position de la France. Le président de la République l’a dit il y a plus d’un an ; nous étions à Dakar au sommet de la Francophonie et on a rappelé deux choses. La première, c’est que les constitutions ne doivent pas être malmenées. L’alternance ne doit pas être empêchée. Et le deuxième point, c’est que dans une République, les consultations électorales doivent se tenir dans des conditions de transparence incontestables. Parce qu’on voit bien que s’il n’y a pas de transparence, il y a une contestation de l’opposition, une contestation des populations… Et c’est tout à fait logique. Organiser un scrutin ne suffit pas pour pouvoir cocher la case démocratie.

Cela veut-il dire que vous ne reconnaissez pas les résultats de ce référendum constitutionnel ?

Ça veut dire tout simplement que nous avons des doutes sur les chiffres qui ont été exprimés en termes de participation. Vous savez, il faut faire attention. Il y a, avec récemment ce qui est arrivé au Burkina Faso, des exemples qui montrent que la démocratie, la transparence, doivent être toujours présentes dans les scrutins. C’est ce que nous plaidons.

En pointillés, vous nous dites donc que les résultats de ce référendum de dimanche ne sont pas très crédibles. Mais ces résultats aujourd’hui sont validés par le pouvoir et tout laisse penser que l’année prochaine, Denis Sassou-Nguesso va briguer un troisième mandat. Comment va réagir la France ?

Le président de la République François Hollande a appelé à rassembler, a appelé au respect et à l’apaisement. La France a largement montré dans toutes ses interventions combien le dialogue est important, mais le dialogue avec tous, pour une meilleure inclusion.

Source:http://www.rfi.fr/emission/20151030-girardin-democratie-transparence-ebola-afrique-congo-rca-vote?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=FB&ns_mchannel=social&ns_linkname=emission&aef_campaign_ref=partage_user&aef_campaign_date=2015-10-30