Pourtant Ecair a dû se ressourcer auprès des banques de la place : Banque postale du Congo (1 milliard de f CFA); Besca (10 milliards de f CFA); BGFI Bank (25 milliards de f CFA…), confie, sous couvert de l’anonymat, une source proche du dossier.

À l’issue de l’audit diligenté par l’Etat congolais pour déceler les causes de la mise en déroute de la compagnie aérienne nationale Ecair, les experts-comptables ont découvert une société transformée en tonneau des Danaïdes avec des chiffres terrifiants qui donnent le tournis.

Après avoir cloué Lina Congo, Air Congo, le régime de Brazzaville vient d’inscrire un nouveau palmarès de champion d’Afrique, toutes catégories confondues, de la mauvaise gestion et de la gabegie financière.

En effet, au regard des éléments consignés dans le rapport de l’audit dont les Afriques s’est procuré une copie, audit effectué conjointement par les cabinets congolais Cacoges et Rainbow, «il ressort que les pertes d’exploitation (d’Ecair), très importantes, ont consommé 187 milliards de f CFA, soit 52% du total des ressources ou encore 69,7% des ressources sur le financement État…».

Les auditeurs spécifient, entre autres, que sur la période 2011-2016, la publicité a absorbé plus de 12 milliards de f CFA! C’est scandaleux! s’exclame un expert proche du dossier. Comment peut-on communiquer de manière ostentatoire pour aboutir à un résultat négatif sur toute la ligne? Pourtant, plusieurs médias présentaient la directrice de cette compagnie, Beyina Moussa, comme l’une des meilleures managers des sociétés aériennes africaines. Nonobstant, les injonctions de certains barons du pouvoir ont une incidence négative sur la gestion de la compagnie (recrutement des membres de leurs familles, réquisition de certains aéronefs pour des déplacements).

Sur un autre chapitre, le rapport d’audit spécifie que lorsque la compagnie a été confrontée à une crise de trésorerie avec un manque de liquidités, Ecair a dû se ressourcer auprès des banques de la place : Banque postale du Congo (1 milliard de f CFA); Besca (10 milliards de f CFA); BGFI Bank (25 milliards de f CFA…), confie, sous couvert de l’anonymat, une source proche du dossier.

Par ailleurs, sur instruction du président du conseil d’administration, Jean Jacques Bouya, dont il sied de noter qu’il est à la fois président du conseil d’administration d’Ecair et du Port autonome de Pointe-Noire, ministre à la présidence chargé des Grands travaux), une dette de 2 milliards a été contractée par Equatorial Congo Airlines (Ecair) auprès de la direction du port, actionnaire à hauteur de 0,000 015% contre 98, 99% pour l’État congolais et Heli Avia (0,000 015%). Dans la même période, l’administration de la compagnie a lancé auprès de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDAC), un emprunt obligataire dans la zone Cemac.

Autant d’anciennes «créances qui pèsent, malheureusement, aujourd’hui sur la trésorerie des banques, surtout en ces temps de “rupture”», s’exclame un expert financier qui a requis l’anonymat en disant : «Voilà la Nouvelle République» terme d’expression pour désigner le régime au pouvoir qui modifié la Constitution pour pérenniser la mauvaise gestion du pays. Sous d’autres cieux, une telle gabegie devrait conduire à une mise en examen de l’ensemble des dirigeants de cette société tout comme de la tutelle pour crime économique. On attend de voir cette justice se saisir de cet audit pour engager des poursuites contre les auteurs de cette gabegie qui ont causé la faillite de la société laissant sur le tapis un personnel condamné désormais à une perte d’emploi.

Cette situation de gestion scandaleuse et chaotique nécessite une moralisation de l’espace public congolais qui au fil du temps ne dispose plus d’un fleuron national économique qui ferait sa fierté.

RODRIGUE FÉNELON

Source : http://www.lesafriques.com/actualite/congo-brazzaville-ecair-gate-un-scandale-de-gestion-du-label-nat.html?Itemid=89