Congo-Brazzaville : Environnement, à quand la prise de conscience ?

insalubritc3a9-a-pointe-noire1-300x167-2153890Par  Jean-Claude BERI

NOTE DE DAC :

  » Nous avions publié cet article le 26 Décembre 2009, nous constatons simplement que notre appel n’a été très suivi d’effet, puisque les congolais multiplient les comportements dégradants,  11 ans après,  les villes de Brazzaville et Pointe-Noire sont loin d’avoir atteint un minimum de salubrité requise pour des villes modernes. La crise actuelle est un prétexte pour les autorités municipales paresseuses et incompétentes qui se désengagent totalement de leur mission de garantes de la protection de l’environnement. Devant la poursuite des actes dégradants de l’espace environnement,  la responsabilité de ces autorités est bien sûr engagée.  Mais seulement,  il est important de rappeler que les  populations doivent elles-mêmes garantir un service minimum des lieux où elles passent la  plus part de leur temps au quotidien. Prenons-nous même le sens du danger qui guette l’ensemble de la population citadine devant la prolifération des déchets ménagers. Avec la saison des pluies approchant, nous rappelons aux populations de veiller à un minimum de respect des conditions de salubrité pour préserver nos vies.  Je remets donc en ligne cet article pour rappel.  »

«  Exigeons de l’Etat, ce que nous sommes nous-mêmes capables d’offrir en matière de protection environnementale »

Après plusieurs années d’insouciance et de comportements dangereux, l’humanité s’est réveillée en ce début du 21 e siècle avec un nouveau défi : la protection de l’environnement pour préserver sa  survie en étant en harmonie avec ce qui l’entoure. Longtemps délaissé le concept de l’environnement monte de plus en plus en puissance a tel point que plusieurs scientifiques plongent désormais sur ce phénomène foudroyant afin de tenter d’en apporter les solutions sécurisantes. Si l’Europe et l’Amérique ont déjà pris une longueur d’avance dans la prise de conscience, l’Asie et l’Afrique  traînent encore le pas malgré quelques tentatives de réveil de conscience observées ça et là.

   Au Congo-Brazzaville, la situation n’est guère brillante. Les causes de ce réveil tardif sont multiples et variées dépassant à mon sens le cadre purement de la seule responsabilité de l’autorité de l’Etat. La misère, les comportements à risques, la culture et l’absence d’une réelle information en la matière sont autant  des freins à la prise de conscience. Les congolais habiles en matière de rejet de leurs propres responsabilités trouvent parfois trop facilement le coupable de leurs maux en la personne morale qu’est l’ETAT. Systématiquement l’état est le responsable de leur mal être lorsqu’on est défaillant dans la maîtrise de ses propres actes.

Malgré plusieurs rappels à l’ordre et les mises en gardes formulées dans les différentes tribunes africaine et congolaise par des ONG et le monde scientifiques sur les dangers du non-respect de l’environnement, nos concitoyens continuent à multiplier les comportements à risques.

Il ne serait pas anodin de répéter ici ce que plusieurs observateurs congolais et étrangers ont largement dénoncé : le phénomène à la mode à Brazzaville baptisé « IR » comme « INTERVENTION RAPIDE ». N’allez pas chercher dans les dictionnaires militaires l’explication pratique de ce phénomène. Il s’agit tout simplement du procédé complètement inconscient et dangereux qui consiste à vider de façon anarchique et irresponsable le contenu des fosses septiques et autres déchets ménagers  à travers les eaux de pluie.  Faut-il rappeler que de tels pratiques entraînent des conséquences graves non seulement sur l’environnement mais constitue une vraie menace pour les enfants ? Chaque jour, des centaines d’enfants jouant à même le sol entrent en contact avec les milliers de résidus non évacués par les eaux s’exposant ainsi à des contaminations multiples. Les conséquences sont immédiates et visibles. L’augmentation des maladies de la peau, des diarrhées inexpliquées, la fièvre typhoïde …..Pourtant tout cela peut-être évité à condition que chacun prenne ses responsabilités et soit conscient que la protection de l’environnement est un des facteurs déterminant pour une meilleure santé. Comme le rappelle  l’OMS  «  …Un quart de toutes les maladies affectant l’humanité est attribuable aux risques environnementaux, notamment chez les enfants, plus vulnérables que les adultes. Parmi les enfants âgés moins de cinq ans, les maladies liées aux facteurs environnementaux sont responsables de plus de 4,7 millions de décès annuellement. 25% des décès dans les pays en voie de développement  sont liés aux facteurs environnementaux, comparés à 17% des décès dans le monde développé »

Encouragé de telles pratiques ou encore fermé les yeux devant la recrudescence de ce phénomène est plus que suicidaire et surtout très compromettante pour la santé. Faut-il le rappeler l’importance de cette eau que nous polluons à travers la nappe phréatique ?

De même vendre des aliments a même le sol est un risque .Car le sol reste le lieu privilégié  où vivent divers bestioles et animaux nuisibles parfois invisibles. Par exemple la chaussée est empruntée par des milliers d’individus, dont on ignore où ils ont traîné leurs semelles, ainsi que par de très nombreux animaux. C’est sur ce même sol  où batifolent nos chers bambins s’ébattent joyeusement les bactéries atterries en même temps que la crotte d’un chat ou d’un chien qui se côtoient avec avec de la viande  ou un morceau de manioc destiné à la vente. Sachant que le service de nettoyable urbain est quasi inexistant , on n’est donc pas à l’abri d’une bestiole nocturne qui serait allée déposer le résultat de sa digestion. Les conséquences de ce comportement sont gravissime pour la santé des citoyens.

Notre devoir est aussi d’éduquer et de prévenir .Nous avons également le devoir de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de notre espace environnemental en obéissant à la nature. Nous pouvons progresser vers un processus de développement durable en modifiant nos comportements dangereux. L’argumentation souvent entendu qui consiste à indexer la responsabilité des pouvoirs publics ne nous disculpe pas de notre responsabilité. En matière environnementale, notre prise de conscience bien qu’elle soit lente et d’autant plus important que l’est également la prise de décision. Et comme l’exprime avec pertinence un vieil adage de l’Inde « ni dans l’air, ni au milieu de l’océan, ni dans les profondeurs des montagnes, ni en aucune partie de ce vaste monde, il n’existe de lieu ou l’être humain puisse échapper aux conséquences de ses actes »

De même, il est à déplorer la transformation en dépotoir urbain de déchets les « poubelles » récemment mises à la disposition des populations pour lutter contre  la prolifération des déchets dit léger (Papiers, sachets, canettes, …) qu’on ne souhaiterait plus voir traînés dans les rues de la ville. Rappelons que ces « poubelles » bien qu’on peut critiquer leur esthétique  ne sont pas là pour recevoir les déchets ménagers. Mais bien pour essayer de maintenir un espace sain et agréable. Aussi, apprenons à nos enfants d’éviter d’utiliser les bacs à fleurs installés dans les grandes artères de la ville comme des urinoirs. Ils ont pour objectif de participer à l’embellissement de l’espace urbain. Une ville fleurie est une ville agréable et qui inspire le bien être.

Ces quelques indications peut-être élémentaires pour certains, sont pour ma part très importantes à observer si nous souhaitons que demain Brazzaville redevienne cette belle ville propre et verdoyante : BRAZZA LA VERTE.

Ayons conscience que l’avenir de nos enfants et de la terre que nous leur léguerons sera étroitement lié aux précautions que nous prendrons pour promouvoir un environnement de qualité et du même coup de la qualité de vie qui en découlera.Certes la politique gouvernementale menée jusque là est loin de satisfaire nos attentes en matière de protection de l’environnement, prenons avant tout conscience de notre devoir, nos revendications ne seront que plus crédibles et incontournables.

 «  Exigeons de l’Etat, ce que nous sommes  nous-mêmes capables d’offrir en matières de protection environnementale »

Jean-Claude BERI