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Dans la presse écrite congolaise de ces derniers temps, la question d’un dialogue politique revient de manière quasi lancinante. Et pour cause! Le pays va mal. Le baril de pétrole, notre principale ressource, se vend mal: 40 à 50 dollars le baril, lequel atteignait les 107 dollars, avant le début de sa chute, en 2014. Des entreprises ferment ou compriment leurs effectifs. Le chômage grimpe. A l’étranger, les bourses des étudiants ne sont plus payées. La peur du lendemain, accrue par la terreur qui s’est abattue sur le pays depuis l’élection présidentielle et les bombardements du Pool, accentue l’incertitude et gagne toutes les couches de la population.

La nouvelle République s’ouvre sous de funestes auspices. Comment ne pas s’en inquiéter, quand on est le premier ministre de ce pays sinistré, contesté dans sa légitimité politique? Le premier ministre songe à un «dialogue avec tout le monde, sans tabou».

Qui est «tout le monde»?

Il convient de le préciser. Et c’est à quoi s’attelle le premier ministre, sans doute. Car, si tout le monde est victime de la situation chaotique qui s’aggrave, tout le monde n’est pas impliqué dans le contentieux électoral à l’origine du malaise politique et des bombardements. Or, les principaux acteurs concernés, ceux sans qui aucune solution ne saurait être viable, sont aux oubliettes.

«Seuls des hommes libres peuvent négocier», répondait Nelson Mandela à ceux qui lui proposaient l’ouverture de négociations avec l’African national congress (A.n.c). On connaît la suite.

Qui parle de négocier ? dirait-on

Mais le dialogue, n’est-il qu’un banal échange de propos? N’est-ce pas aussi une «discussion en vue d’un accord» (Larousse) ? Un accord sur quoi, dans le contexte actuel de notre pays ? La préoccupation du chef du gouvernement n’est-elle pas d’apaiser le climat politique, pour pouvoir travailler ?

Si notre premier ministre veut réellement assainir le climat politique, qui n’est pas sans incidence sur le climat économique, il lui faut, au préalable, libérer les opposants emprisonnés ou assignés à résidence, mais aussi, libérer la parole des uns et des autres, celle des partisans du pouvoir en place, comme celle de ceux qui contestent la légitimité de ce pouvoir. Car, un dialogue se prépare. Au grand jour et non dans des trous de souris.

Il ne s’agit donc pas, comme par le passé, d’opposer de prétendus modérés à de prétendus radicaux, qu’on exclut de ce fait du débat, ni d’interdire l’accès à la table des négociations aux véritables détenteurs de la solution, au profit de fantoches prêts à se vendre au plus offrant. Notre pays n’a que trop souffert de ces pratiques outrageantes pour tous.

Que le premier ministre consulte et prenne son temps pour réfléchir, avant d’organiser une rencontre, est tout à son honneur. Il serait également tout à son honneur de permettre à la partie adverse, c’est-à-dire à l’opposition, d’en faire autant. Ces concertations parallèles auraient pour avantage:

  1. d’évacuer, avant le dialogue proprement dit, le problème des conditions préalables exigées de part et d’autre, ou d’y consacrer moins de temps, puisqu’elles auraient déjà été examinées par les uns et les autres;
  2. d’aborder plus sereinement les questions à l’ordre du jour, qui auraient déjà fait l’objet d’une réflexion;
  3. de parvenir, rapidement, à un accord, ce qui favoriserait un gain de temps, et donc d’argent, au lieu de ces négociations qui s’enlisent dont notre pays est coutumier?

Face à la débâcle qui nous menace, personne n’y a intérêt.

Mambou Aimée GNALI

IDC/FROCAD