La formation future d’un gouvernement d’unité nationale pour le Congo après un referendum désastreux est une idée périlleuse, au vu de la réticence qui couve  dans le pays. La succession des enlèvements des paisibles citoyens congolais perpétrés depuis le 20 Octobre inaugure bien l’entrée du Congo dans la nouvelle ère de la domination stalinienne sassouiste. Cet état de fait  est la conséquence d’un Etat en déliquescence.

A chaque fois, les responsables politiques de l’opposition congolaise  brandissent l’urgence d’agir, mais s’abstiennent de mettre les conditions pour permettre l’action de se mouvoir. Ils sont comme tétanisés devant la stratégie à adopter pour contrer le camp adverse qui avance sournoisement mais surement ses pions. Sassou se sent plus fort parce qu’il a toujours une longueur d’avance sur l’opposition. Alors même, qu’il expérimente des « mesurettes » qui ne tiendront pas une seconde devant la manifestation d’une vraie opposition.

L’Etat Congo n’existe plus, disons-le clairement, en tant qu’ETAT.  C’est devenu un territoire   qui  est divisé depuis longtemps entre les oligarchies claniques dont le siège est à OYO et le reste de la population installés un peu partout sur le territoire subissant les foudres des ceux qui se sont emparés de force le pouvoir. La réalité c’est celle-là, insaisissable et hors de contrôle. Le Congo est devenu un bateau fantôme qui navigue dans des eaux troubles. D’autres citoyens désemparés et désorientés sont arrivés à avoir des idées d’abandon  « il ne reste qu’à espérer un nouveau dictateur si ce n’est pas celui qui nous opprime actuellement ”. Cette fatalité n’est pas acceptable pour les congolais engagés pour sauver la démocratie. Dans notre combat les congolais de faible d’esprit n’ont pas leur place.

Peuple congolais, il est inutile  de pérorer sur les pratiques de  langues de vipères  des occidentaux quand il s’agit d’agir pour aider les africains. Ils sont plus enclins dans l’ouverture de la boîte de Pandore qu’apporter des solutions constructives. Les exemples du Burundi et du Congo doivent nous édifier sur la propension des occidentaux à faire une analyse froide et souvent irréaliste des crises africaines.

Ne nous leurrons pas, tout reste à faire et les motifs de révoltes sont réunis à l’aune d’un référendum chaotique et la formation d’un gouvernement d’union nationale pour sceller cette parodie d’unité d’un pays qui ne cesse de se fissurer.  L’usurpation et violation des droits, domination par les armes du peuple souverain,  l’anarchie et prévalence des privilèges d’une minorité sur tout le peuple, tractations et invectives, comme autant d’ingrédients  que la classe politique congolaise  continue d’ignorer les vrais enjeux et les attentes des citoyens. Ce que nous venant de vivre ces deux derniers (Octobre et Novembre 2015) et probablement encore les mois à venir sont les symptômes d’un mal profond dont souffre le Congo : l’effondrement de l’unité nationale si nous y prenons pas garde.

L’opposition politique congolaise,  explique-t-elle, n’a ni les moyens, ni la volonté politique, pour se lancer dans une opération militaire – qui serait forcément très longue et compliquée, face à des factions claniques, des suzerains de la guerre, des truands importés des pays voisins  qui changent d’alliance au gré de leurs intérêts du moment mais dépourvus de toute humanité. Cette éventualité d’une nouvelle guerre civile au Congo  est certes à soupeser avec toute la prudence nécessaire, car elle attirerait les « djihadistes » d’OYO, comme des mouches sur le miel ”. C’est une solution qu’il affectionne avec délectation: En finir avec les non-soumis sudistes qui contestent le pouvoir d’un clan.

C’est pourquoi, il faut travailler davantage, à se défaire de l’héritage de  la dictature sassouiste  aujourd’hui avec une certaine malice  tout en évitant  que soient légués à d’autres tous les ingrédients du chaos savamment préparés par les officines d’Oyo.

Comme on le voit  on est bien loin des espoirs suscités  par la Conférence Nationale Souveraine (CNS) 25/02/1991. Pourtant, avec des réserves pétrolières généreuses et une population de 4 millions de personnes pour se partager ces revenus, le Congo en 1992 semblait tout prêt pour un avenir brillant dans la solidarité et l’équité  de toutes les filles et tous les fils.

Ce que nous propose ce gouvernement de la mort  c’est  la politique illusionniste  qui tient de plus en plus au gâteau à étages où l’apparence prime sur le goût : un étage de promesses électorales non tenues, une couche de programmes enterrés sitôt l’élection gagnée, un nouvel étage de gouvernance à outrance et répressive  ; le tout recouvert d’une couche épaisse, lisse et écœurante de privation de liberté , d’assassinats, de corruption de membres de l’opposition , surmontée d’un gros nœud en forme de slogan creux, appelé pompeusement NOUVELLE REPUBLIQUE.  Gavés de ce gâteau empoisonné,  on vite atteint de la maladie TOSA O LIA et l’on est vite victime d’un essoufflement ou simplement d’un manque d’intérêt pour la gestion des affaires de la cité.

Il est intellectuellement inacceptable d’encourager un régime dictatorial qui s’arme pour tuer une partie de sa population simplement par crainte de la prise par ces dernier du pouvoir démocratiquement.

La formation d’un gouvernement d’union nationale brandit comme la solution miracle à la crise congolaise est un choix opportuniste et démagogue qui ne propose aucune alternative à la hauteur des enjeux, mais parie sur un ressort vieux comme le monde : le bouc émissaire. La désignation d’un ressortissant du SUD (le nom de Clément MOUAMBA est cité)  venant comme pour appuyer l’idée d’un Congo uni. Une belle acrobatie consistant à faire un tour sur soi-même.

Ne pas voir que le Congo se meurt à tant de niveaux est terriblement pernicieux : environnement, économie, valeurs, éducation, santé, sécurité… Il serait plus qu’urgent d’intégrer ses enjeux et d’en comprendre les implications et de lancer les indispensables réflexions et évolutions pour empêcher les nouveaux monstres tapis dans le bas fond de l’épicerie clanique d’Oyo de surgir. Le départ de sassou n’est pas un projet politique.

On peut rabâcher, à longueur de discours, des promesses et appels aux sacrifices pour lutter contre ce pouvoir sanguinaire, il faut également reconnaitre que nous sommes face à une évolution de fond de notre société et  de nos acquisitions.

Qu’aujourd’hui, il faut repenser la politique, sa valorisation, sa forme et sa place dans nos sociétés. Que dans le même élan, l’on ne peut éviter une réflexion sur notre modèle économique en général, alors que la société de médiocratie en vogue  a montré ses limites. Aujourd’hui, les responsables claniques  doivent sortir de leur bulle a savoir qu’il faut apprendre à  notre jeunesse comment  pécher le poisson et non l’exemple très pervers qu’affiche les KIKI, CLAUDIA, WILLY ETOKA…consistant à aller puiser dans les caisses du trésor publics ou simplement dans la falsification. Ce n’est certainement pas  dans la distribution des armes aux populations que le Congo gravira les marches de l’excellence, ni encore moins dans le musellement de l’opposition que la démocratie sera consacrée au Congo.

Si nous nous ne voulons pas sombrer demain, il faut proposer aux peuples de vrais projets de société. L’opposition doit aller plus loin, engager une réflexion ouverte, honnête et courageuse sur les enjeux et défis qui bloquent  le Congo. C’est une entreprise, certes difficile, mais c’est une des pistes  qui engendrera l’espoir qui, seul, pourra faire barrage aux monstres sanguinaires qui veulent s’éterniser au pouvoir. L’heure n’est plus au bricolage, mais à la réinvention. Autrement place à la scission.

Jean-Claude BERI

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