Alors qu’un calme précaire a régné sur Brazzaville ce mardi 5 avril, le village de Soumouna, situé à environ 45 km au sud de la capitale, a été la cible de tirs d’hélicoptères de l’armée, selon plusieurs sources. Soumouna est considéré comme l’un des quartiers généraux du pasteur révérend Ntumi, un ancien rebelle congolais accusé par les autorités d’être à l’origine des violences qui ont secoué Brazzaville lundi.

Jean-Gustave Ntondo est secrétaire général par intérim du Conseil national des républicains, le parti politique du pasteur Ntumi. Il se trouvait à Soumouna lorsque tout a commencé. « À 6h45 exactement, deux hélicoptères sont arrivés de Brazzaville. Ils ont tourné sur Soumouna, sur le domaine du révérend pasteur Ntumi, explique-t-il. Ils sont passés sans rien faire et sont allés vers Kinkala. Puis, un hélicoptère est revenu, il s’est positionné et il a tiré. Il tirait des obus. Il a bombardé puis il est allé de l’autre côté et il a à nouveau pilonné des bâtiments. »

Puis, à « 9h15 exactement », assure Jean-Gustave Ntondo, un hélicoptère est revenu : « Là, c’était différent. Il y avait un militaire avec un fusil mitrailleur à la portière. Cette fois, l’hélicoptère était beaucoup plus bas. Pendant qu’il pilonnait avec des obus, le militaire qui était à la portière tirait avec son fusil mitrailleur », raconte-t-il.

Plusieurs sources rapportent que Mayama, l’autre base du pasteur révérend Ntumi, qui abrite notamment une école et un hôpital, a été touchée. On ne sait pas quels sont les dégâts à l’heure actuelle.

« Le gouvernement de la République a perdu toute raison »

Guy-Brice Parfait Kolelas, arrivé deuxième à l’élection présidentielle et député de Kinkala, la capitale du Pool située non loin de Soumouna, condamne ces « bombardements ». Il dit en avoir été alerté tôt ce matin par ses administrés.

« On m’a confirmé qu’il y a eu pilonnage à Soumouma, puis à Mayama. Les populations sont inquiètes, affirme Guy Brice Parfait Kolelas. Moi je crois que le gouvernement de la République a perdu toute raison. Car on ne fait ça qu’après enquête et s’il y a vraiment danger. Mais là, le ministre de la Communication nous a bien dit que les enquêtes continuaient… Pendant une enquête en cours, on fait survoler les hélicos pour aller tirer ? Ça me rappelle des souvenirs, lorsque les populations du Pool fuyaient. Ils sont restés des années en forêt. C’est ce que nous voulons éviter. »

L’ONU préoccupée

Dans un communiqué, Charles Zachaire Bowao, le président de l’IDC Frocad, la principale plateforme de l’opposition congolaise, évoque une « forfaiture » et condamne des « bombardements à l’arme lourde ». Il demande à la communauté internationale de créer les conditions d’un dialogue politique dans le pays en vue d’une sortie de crise.

En début de journée, Abdoulaye Bathily, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale, s’était dit « vivement préoccupé » et appellait toutes les parties prenantes à « faire preuve de retenue » pour préserver les « acquis obtenus à la suite d’une longue et difficile période d’instabilité qu’a connu le pays » et « dont il tente encore de se remettre ».

Une source gouvernementale déclare ne pas souhaiter commenter ces allégations dont elle doute de la véracité et de la matérialité.

Par RFI

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Vital Kamerhe demande à Sassou Nguesso de préparer son départ.

JOURNAL D’AFRIQUE TV5 MONDE / 5 Avril 2016

Répondant aux questions d’actualité sur TV5 Monde, le Président de l’UNC, Vital Kamerhe a eu des mots durs contre les dirigeants Congolais. En effet, les événements qui secouent le Congo-Brazzaville suite à l’élection présidentielle du 20 mars dernier semblent faire perdre au Président Sassou quelques soutiens de la sous-région.

VITAL KAMERHE : « J’ai comme l’impression de les autorités de Brazzaville ne se sont pas donner rendez-vous avec l’histoire. Ils devraient se rappeler qu’à l’occasion des affrontements de 1997 entre le Président Denis Sassou Nguesso, qui était à ce moment-là considéré comme la victime et le Président Lissouba qui était sortant, Il y a eu énormément de morts et de casses inutiles. Nous nous pensions que ces heures sombres étaient derrière nous. Moi, je ne peux pas comprendre que l’on puisse aller encercler le domicile d’un candidat qui a concouru à l’élection présidentielle. Nous sommes entrain de tuer la démocratie.

Il y’a eu une élection au Sénégal, on n’a pas vu des militaires aller malmener ceux qui ont perdu. Ce que je peux dire au Président Denis Sassou Nguesso qui est un sage africain, comme on a l’habitude de le dire, c’est de se ressaisir et de comprendre qu’il y a aucune arme qui vaincre la volonté d’un peuple qui est déterminé à prendre son destin entre ses mains. Le mandat qu’il vient d’avoir, je ne sais pas comment ça va se passer, qu’il puisse préparer tranquillement son départ. Je pense que ça sera pour le bien des peuples du Congo-Brazzaville, et ça sera aussi pour le bien de toute l’Afrique. Et nous lui en serons reconnaissants. »