Les antivaleurs selon SASSOU NGUESSO, c’est taisez-vous, nous, on bouffe !!
Je salue ici deux (2) décisions prises par le gouvernement de la République lors du conseil des ministres qui s’est tenu le jeudi 20 septembre 2018 et dont la mise en application pourra contribuer à la moralisation de la vie publique et combattre certains fléaux qui minent notre société congolaise.
– La première porte sur le projet de loi rendant obligatoire la déclaration de leur patrimoine par les citoyens élus ou nommés à une haute fonction publique. Cette loi qui sera adoptée prochainement au parlement congolais fera donc obligation pour tout citoyen élu ou nommé à une haute fonction publique, de déclarer son patrimoine lors de sa prise de fonction ainsi qu’à la cessation de celle-ci. Cette disposition si elle est appliquée contribuera à améliorer la transparence de la vie publique et économique car très souvent nous voyons des personnes partir d’une situation où elles sont locataires d’une maison et devenir en si peu de temps propriétaire de plusieurs maisons en étage sans être capable de justifier les origines de cet enrichissement galopant. Beaucoup des ministres ainsi que des directeurs centraux ont en peu de temps acheté des maisons en France sans être capables de justifier l’origine de leur fonds. Cette loi permettra donc tant soit peu d’écarter tout soupçon d’enrichissement illégitime ou de conflits d’intérêts.
– La deuxième porte sur le projet de loi créant une Haute Autorité de Lutte contre la Corruption (HALC) aux compétences élargies en remplacement de l’actuelle commission nationale de lutte contre la corruption présidée par LAMIR GUELE ainsi que l’observatoire anti-corruption afin d’atteindre l’objectif de rupture avec les mentalités déviantes et dans le souci permanent de réprimer efficacement les actes de corruption ,de concussion et de fraude.
Ces deux projets de loi qui arrivent à point nommé marquent surement un nouveau départ dans la gestion de la chose publique. Ces lois une fois votées devraient permettre de combattre plus efficacement les pratiques corruptogènes qui gangrènent notre société congolaise. Elles permettront aussi la moralisation de la vie publique et de notre société congolaise. Tout le monde sait que la corruption et la fraude sont parmi les éléments essentiels qui freinent le développement de notre pays. Ils sont une véritable flétrissure morale et un véritable cancer que nous devons éradiquer si nous voulons arrimer notre pays à l’émergence tant attendue. La corruption par ses différentes formes fragilise et compromet notre développement. Elle constitue un fléau et entrave l’activité économique et le développement de notre pays.
Il est de notoriété publique que notre pays le Congo figure parmi les pays où la corruption bat son plein. Plusieurs cadres haut placés se sont spécialisés dans des opérations de fraude et détournent allègrement des fonds de l’État congolais sans qu’ils se cachent. Pour un pays comme le Congo qui connait une crise économique aigüe et qui a désespérément besoin de ressources financières pour répondre à ses nombreux besoins de fonctionnement mais aussi d’investissement, une perte considérable de ressources financières à travers diverses formes de corruption est quelque chose qui devrait être combattue avec la dernière énergie.
Certains corps professionnels et pas les moindres ont malheureusement de longue date, inscrit la pratique de la corruption dans leur mode courant de fonctionnement .Au niveau des régies financières par exemple, la corruption se fait à ciel ouvert et cela est connu de tous. Travailler dans ces administrations, c’est avoir la garantie et la facilité de vite construire des maisons et mener une vie décente alors que certains fonctionnaires tirent la queue pour subvenir et ont du mal joindre les deux bouts du mois.
Il est important de mettre notre pays à un niveau de standards internationaux dans le domaine de la lutte contre la corruption pour que nous ayons des facilités d’accéder aux marchés internationaux afin obtenir des financements.
Cette volonté politique de combattre des comportements antiéconomiques et mafieux doit être accompagnée d’un artifice juridique qui fera que les délinquants économiques remboursent ce qu’ils ont volé et soient condamnés comme il faut car il est inadmissible que des milliards de FCFA échappent chaque mois au trésor public alors que le pays en a profondément besoin. Ces deux lois qui seront adoptées prochainement à l’Assemblée Nationale et au Sénat ne pourront nous conduire à des résultats escomptés que si et seulement si notre justice devient indépendante et jouit des moyens nécessaires et d’un personnel à la hauteur de la tâche qui lui sera dévolue.
Maintenant que la corruption est sortie de l’obscurité pour devenir un vrai sujet de préoccupation et de réflexion et que le gouvernement semble prendre cette fois-ci le taureau par les cornes, il est souhaitable que le pari soit tenu et que ce mal absolu en matière de développement soit réduit dans notre pays.
Mais au-delà de ces annonces, est-ce-que l’application de ces deux lois suffira pour que notre société soit débarrassée du culte des anti valeurs ponctuées par la corruption et la fraude, surtout lorsqu’en sait que l’actuelle commission chargée de lutter contre la corruption, la concussion et la fraude a récemment fait des révélations sur des cas de détournement des fonds publics qui mettaient en cause certains responsables politiques et que celles-ci(révélations) sont restées sans suites. Le tout dernier dossier traité par la commission de lutte contre la corruption concerne l’actuel ministre des hydrocarbures, membre de la majorité présidentielle. Le malaise que ce dernier dossier a provoqué montre à suffisance les limites auxquelles cette nouvelle Haute Autorité de Lutte contre la Corruption (HALC) pourra être confrontée. La solution résidera donc dans la volonté politique clairement définie, affichée et assumée de prendre à bras le corps le problème de la corruption et de la fraude.
Après donc cette bonne intention, le peuple attend que les objectifs définis soient atteints pour que notre pays aille de bons pieds sur le chemin de l’émergence et du développement tant attendu. J’ose espérer que ces lois une fois votées ne tomberont pas dans les oubliettes et ne seront pas pliées et rangées dans les tiroirs des oubliés de la République.
Il est plus que temps de proclamer une République exemplaire.
Fait à Paris, le 24 septembre 2018.
Henri Blaise NZONZA
Paru à Brazzaville, ce 25 septembre 2018 dans le journal » La Griffe«