Le dialogue national initié par le président Denis Sassou-Nguesso s’ouvre ce lundi 13 juillet à Sibiti, capitale du département de la Lékoumou au sud-ouest de Brazzaville. Officiellement, il s’agit de débattre de l’avenir des institutions et de l’organisation des élections, notamment de la présidentielle de 2016. L’opposition pose des préalables et boude le lieu choisi pour ces assises qui vont durer cinq jours.

Les discussions qui s’ouvrent ce lundi à Sibiti, cité qui a abrité les festivités de l’indépendance du Congo l’an dernier, sont loin d’être inédites. Il s’agit en fait d’un énième « dialogue » que le Congo-Brazzaville organise régulièrement depuis la Conférence nationale souveraine, qui a ouvert la voie au multipartisme en 1991.

Les débats seront axés sur deux principaux thèmes : l’avenir des institutions et la méthodologie à employer pendant les élections à venir, notamment pour la présidentielle de 2016. Le premier a divisé la classe politique. L’opposition, regroupée au sein du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel, a exigé le retrait de ce thème de l’ordre du jour. Mais jusqu’à ce lundi matin, elle n’a pas obtenu gain de cause et a donc annoncé officiellement ce lundi 13 juillet qu’elle ne partciperait pas au «dialogue national».

Les participants à la réunion qui s’ouvrent à Sibili ne sont donc issus que des partis de la majorité, du centre et de la société civile. Tous doivent débattre et prendre des recommandations, mais celles qui avaient été prises lors des concertations de Ewo en 2011 et celles de Dolisie en 2013 attendent toujours d’être appliquées. « Sibiti sera une étape pas comme les autres », assure cependant un dirigeant de la majorité.

Fronde interne au PCT


Le Parti congolais du travail fait face aussi à des voix discordantes en interne, des critiques venant notamment de l’un de ses membres les plus éminents : André Okombi Salissa. Dans une déclaration solennelle lue devant la presse samedi, celui qui fut ministre de façon ininterrompue entre 1997 et 2012 a qualifié de « monologue et de divertissement » le dialogue national qui s’ouvre à Sibiti. André Okombi Salissa, toujours député du PCT, prend là un peu plus ses distances vis-à-vis de la majorité, après sa suspension du bureau politique fin 2013 pour « divergences de vue ».

Pour Pierre Ngolo, secrétaire général du PCT, André Okombi Salissa est « un camarade qui s’égare ». « Le camarade Okombi, on sent aujourd’hui que ses prises de positions sont véritablement aux antipodes de celles du parti. Donc, s’il considère qu’il n’est plus membre du Parti congolais du travail, c’est à lui de tirer les conséquences », estime le secrétaire général du PCT au micro de RFI. Pour ce dernier, « à toutes les concertations, nous nous sommes retrouvés, majorité, opposition, le centre, la société civile et le gouvernement. Donc, il n’y a jamais eu de monologue. Et cette fois-ci aussi, c’est un dialogue qui se tient, qui a été demandé avec insistance par toutes les forces vives nationales. »

Des Congolais entre espoirs et résignation


Ce dialogue national et les polémiques qu’il engendre sont suivis par les Congolais, mais certains se montrent dubitatifs quant à son efficacité réelle. « Je suis les images à la télé. Je sais qu’il y a le dialogue national », explique un Brazzavillois, qui juge que « c’est une bonne initiative ». Il espère que cette réunion va permettre « de mettre un peu au clair un certain nombre de problèmes de notre pays ».

Mais, à l’instar des opposants, certains citoyens se demandent pourquoi la cité de Sibiti, a été choisie pour abriter le dialogue. Plusieurs délégations ont rejoint dès dimanche par avion ou, trajet difficile, par la route cette ville excentrée par rapport à la ligne du chemin de fer qui relie Brazzaville et Pointe-Noire. Sibiti a cependant eu le mérite d’abriter les festivités du 54e anniversaire de l’Indépendance du Congo, en 2014. « Quelles sont les raisons qui ont fait que ce dialogue puisse se tenir à Sibiti ? », s’interroge l’un d’entre eux. « Oui, Sibiti, c’est le Congo. Mais moi je veux ça se tienne dans la capitale politique Brazzaville, qui est le centre de notre pays ».

D’autres n’attendent pas grand-chose de cette messe. « On va attendre quoi ? Tout est déjà établi, tout est déjà monté », regrette un Brazzavillois interrogé par RFI. « De Ewo à Dolisie, il y a eu la Conférence nationale. On va faire le dialogue pendant combien de temps, dix à quinze fois, pour le même problème ? ».

Par RFI