Ira-t-il, n’ira-t-il pas à New York ? Le dictateur reçoit des signaux contradictoires de ses Services. Même Abdoulaye Bathily, le représentant spécial de Ban Ki-moon, qui lui a rendu visite, mercredi, 14 septembre, à Brazzaville, n’en sait trop rien. Le dictateur voudrait bien aller s’afficher, à New York, qui est l’occasion rêvée pour lui de bomber le torse.
Car à l’international, sa côte d’amour est au point mort : personne n’oublie que lors de l’élection présidentielle du 20 mars, il avait coupé le téléphone, internet et les réseaux sociaux pendant 4 jours, afin de passer en force. D’autre part, son score de 8% obtenu à l’issue de ce scrutin avait, finalement, été transformé à 60%, soit, une victoire dès le premier tour. C’est, donc, un forceur qui souhaiterait quitter Brazzaville pour aller arpenter les couloirs des Nations-Unies, dans l’espoir d’avoir quelques contacts réconfortants.
Cela dit, le dictateur pourrait être contraint de rester sur place, au Congo. En effet, ses services de sécurité lui interdisent, formellement, de bouger du pays, par crainte d’un coup d’état militaire. Après l’avoir raté le 15 août dernier, dans la Bouenza, « les libérateurs » seraient prêts à renouveler leur tentative pendant son absence de Brazzaville. Voilà, donc, le général 5 étoiles mis dans un embarras insoutenable. Que va-t-il décider ? Mystère !
Sassou-Nguesso souhaiterait, pourtant, faire le déplacement de New York dans le but, aussi, et surtout, de tester les dégâts que provoque le rapport de Me Maurice Massengo Tiassé, son deuxième vice-président de la Commission nationale des droits de l’homme. Ce rapport met en exergue ses massacres et les emprisonnements d’hommes politiques perpétrés par le dictateur, depuis octobre 2015, date du changement de sa nouvelle constitution. On compte, depuis cette date, plus de 80 prisonniers politiques dont le vainqueur de l’élection présidentielle du 20 mars, Jean Marie Michel Mokoko, mais aussi, des opposants de premier plan comme Paulin Makaya et Modeste Boukadia, qui n’ont même pas eu l’opportunité de se présenter à la présidentielle, Sassou les ayant emprisonnés.
Ce rapport d’une rare violence met à nu le système de Sassou et montre comment il assassine ses compatriotes et pille le pays avec sa famille, sans que personne n’ait le droit de contester quoi que ce soit. Ce rapport publié dans le numéro 444 d’Afrique Education a mis le dictateur dans tous ses états. Très fâché contre ses services de sécurité, il a dit, devant des proches, ne pas comprendre, jusqu’à maintenant, pourquoi personne n’est capable de lui dire où se cachent le pasteur Ntoumi (malgré les 1.000 militaires et mercenaires lancés à ses trousses dans le Pool), mais aussi, André Okombi Salissa et Marion Madzimba. Sassou-Nguesso ne décolère pas que Me Massengo-Tiassé (avec son brûlot dans les mains) ait quitté Brazzaville sans se faire coincé. Et surtout, comment a-t-il pu réunir autant d’informations à la barbe des services de renseignement ?
Envoyé aux Etats-Unis en éclaireur pour préparer le terrain (politique et diplomatique à son père), Denis Christel Sassou-Nguesso a échoué dans sa mission à cause de ce rapport à charge.
Très mécontent, le dictateur a poussé la comparaison avec l’époque où le général, Emmanuel Ngouelondélé, tenait les Services, avec « exactitude et déontologie » et avec moins de moyens.
Le dictateur est vraiment en colère alors que les grèves se multiplient dans les secteurs de santé, à l’université et dans les entreprises, faute de salaires : la crise est là. Elle a poussé le premier ministre, Clément Mouamba, dont le récent séjour, à Paris, est passé inaperçu, à inviter l’opposition à la tenue d’un dialogue. Seulement, il l’a dit à voix tellement basse que personne ne l’a entendu. Peut-être devrait-il le crier haut et fort sur Télé Congo au journal de 20 heures.
Revenons au rapport de Massengo-Tiassé, qui a réussi à faire perdre le sommeil au dictateur et qui sera disponible sur la boutique d’Afrique Education (www.afriqueeducation.com) dès la semaine prochaine. Sassou-Nguesso enverra, début octobre, une délégation au Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies, à Genève, afin de contredire les « allégations » de Me Maurice Massengo-Tiassé. Cette délégation devrait être conduite par le ministre de la Justice garde des sceaux et comprendrait des têtes brûlées comme le procureur Oko Ngakala.
Afrique Education
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Source : http://afriqueeducation.com/politique/congo_brazzaville_le_dictateur_en_pleine_zone_de_turbulence_et_de_doute