Congo-Brazzaville: Le dynamitage des partis de l’opposition

La cupidité et l’inconstance semblent les maux qui caractérisent les forces de l’opposition congolaise. Leur légèreté et leur enfantillage mettent en lumière le degré d’abaissement de la politique dans notre pays.

Depuis le retour au pouvoir du clan militaro-politique de Denis Sassou Nguesso, les partis de l’opposition ont montré leur cupidité et leur appétit sans limite pour l’argent. Il se passe actuellement quelque chose de curieux au sein de l’opposition congolaise et, à voir de près, on a l’impression que les responsables de ces partis politiques le banalisent.

Nous avons de la peine à comprendre que, tout en donnant l’impression de marquer leur hostilité vis-à-vis des prédateurs de la République, les bourreaux du peuple que sont le PCT et le clan Sassou, les partis de l’opposition encouragent indirectement et sciemment  la perpétration de cette prédation au Congo.

L’UPADS, le congrès de la honte

Derrière les Congrès à répétition qui sont servis aux congolais, se jouent en coulisse des manœuvres bien vicieuses de surenchères politiques pour s’amarrer à la mouvance PCTïste en marche pour 2016. Ces manœuvres s’observent également à travers l’implosion programmée d’une frange de l’opposition dite traditionnelle.

Le paysage politique congolais s’éclaircit de plus en plus. L’alignement de certains cadres de l’UPADS, réunis en congrès ce 7 juin n’est que la continuité de la stricte politique de torpillage qui a déjà fait exploser le MCCDI, le RDD, Le RDPS et l’URD… Le cas de l’UPADS est juste le dernier maillon déclencheur du dynamitage de l’opposition, scellant ainsi le débarquement du navire, désormais substitué par une opposition « prostituée et corrompue jusqu’à la lie.  Une opposition qui accepte sans honte ni gêne son nouveau statut d’épouvantail de la gouvernance Sassou. »

Le cocu qui rêve de redevenir premier ministre, qui a avalé des couleuvres par dizaines, croit tenir là sa revanche oubliant cette belle sagesse d’Héraclite d’Éphèse qui nous enseigne que « l’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve »; Ange Edouard POUNGUI jubile en croyant tirer les bonnes ficelles. C’est une « grenouille voulant devenir plus grosse que le bœuf .» Il pense avoir jeté un pavé dans la mare, mais il se révélera très rapidement n’être qu’un pétard mouillé.

Ce congrès n’en est pas un, c’est plutôt un concert de l’humiliation, un meeting des traites, des affameurs du peuple, un rassemblement des morts vivants; C’est un non événement qui vient d’élire Pascal Tsaty Mabiala. En tout état de cause, la mort clinique de cette frange d’opposition était déjà annoncée depuis la dernière et triste élection législative.

Au risque de disparaître définitivement des écrans radars, ou de se fondre dans l’anonymat, ces pseudos opposants ont choisi de se ranger la queue entre les jambes comme des chiens réclamant un os. S’éterniser là-dessus, c’est leur donner plus d’importance que le mépris susciter par leur comportement d’incurables vagabonds politiques.

Le congrès qui se tient présentement à Brazzaville va-t-il sceller définitivement la division de l’UPADS? Tenant compte de la persistance de cette division, Christophe Moukouéké, l’un des vice-présidents qui rejette la tenue de ce concert de l’humiliation, pense que les dés sont déjà pipés en déclarant: « Nous avons constaté l’émergence de deux lignes politiques. Une ligne, celle que nous incarnons et qu’incarne la majorité des vice-présidents de l’UPADS, qui veut que nous nous présentions comme un parti véritablement de l’opposition. Et il y a une autre ligne qui a tendance à accepter la volonté du pouvoir. »

Vers un déchirement définitif de l’UPADS, le PCT jubile

Le peuple n’est pas dupe. Une frange d’anciens exilés et de retraités visiblement dépourvus de moyens, ne comptant que sur les maigres cotisations des militants de leurs partis respectifs et de l’allocation versée par le gouvernement, se retrouvent brusquement avec la bagatelle somme de 200 millions de FCFA pour organiser un « pseudo-congrès ».

Cela ne vous rappelle rien ?  Un ancien président déchu complotant ardûment pour revenir au pouvoir n’a-t-il pas déclaré qu’il dormait tranquillement dans ses appartements lorsqu’il avait été attaqué? Pourtant à son réveil, il avait une milice armée « les cobras » plus outillée que les forces armées Congolaises (FAC).

Le mensonge, la manipulation et l’achat des consciences ont toujours été le fort de Denis SASSOU NGUESSO.

Ce qui se trame n’est, plus ou moins, qu’une tentative de mise en orbite d’une démocratie sans partis d’opposition. C’est l’ambition du PCT; ses partenaires ont fait éclater son caractère inédit au grand jour – après moult tergiversations –  en ne laissant aucune place à l’opposition.

C’est cela, le jeu démocratique qui nous est imposé par un Chef de l’Etat qui a décidé de mettre en avant son désir d’enfermer tout le monde dans le même sac.

Comme l’a si bien dit notre ami Gilles ONOUNGUI. (1)

« Notre pays ne verra pas arriver d’élites plus responsables  au pouvoir, et celles qui s’y trouvent aujourd’hui ne commettront pas moins d’erreurs, elles n’agiront pas avec plus de détermination, elles ne défendront pas avec plus de volonté les intérêts congolais, tant que le cadre sanctionnant le comportement desdites élites, à savoir le respect des valeurs inscrites dans notre constitution, dans notre culture, dans nos fondements traditionnels  n’aura pas été fondamentalement repensé. Mais ce débat est masqué par un choix fallacieux entre « démocratisation et ethnisation. » Dans ce contexte, le  jeu démocratique est biaisée d’avance par une élite corrompue et manipulée sous l’autel d’un pouvoir qui asservi le peuple. »

Que l’on ne s’y trompe pas, le peuple n’est pas aveugle sur l’Etat du Congo, les congolais sont conscients du naufrage et rien n’arrêtera l’insurrection des oubliés. Ce peuple longtemps opprimé, refusera bientôt d’être considéré comme déchets ou rebus.

Ne rien faire, c’est déjà prendre position dans cette société congolaise en perdition. Ne pas s’engager aujourd’hui est la légitimer cette société telle qu’elle est. On ne peut pas éviter d’agir pour notre destin, même si c’est au péril de nos vies. Ce sont les individus qui font l’histoire en même temps qu’ils naissent dans un contexte social-historique qui les constitue.

Toute organisation sociale découle d’une détermination politique. C’est pourquoi il faut agir. Agir c’est retirer son consentement à la tyrannie. Agir c’est, ne pas apporter sa caution sous quelque forme que ce soit en participant à un quelconque congrès finement orchestré pour accompagner ce vil pouvoir. Agir c’est, sortir de cet état de d’hypnose devant la force qu’inspire le tyran. Agir c’est refuser de servir le maître en brisant les chaînes qui vous enferment.

Leur jour viendra, mais bien malin celui qui pourrait prévoir pendant combien de temps ils devront encore subir la domination des tyrans cyniques qui les écrasent depuis des décennies.

Après la prise de conscience, les congolais doivent savoir réagir puis agir et surtout tirer les leçons du passé pour ne plus laisser les épisodes désastreux de notre histoire se répéter. La tyrannie doit définitivement cesser. La liberté doit régner.

Jean-Claude BERI, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

(1) http://www.dac-presse.com/actualites/a-la-une/politique/493-lelite-congolaise-et-le-jeu-democratique.html: L’élite congolaise et le jeu démocratique.