Congo-Brazzaville : Le Gouvernement des Généraux de l’Empereur Sassou Nguesso Ier

gouvernement-2-650x362

Patrice Aimé Césaire Miakassissa

Gynécologue-Obstétricien Chirurgien des hôpitaux Praticien hospitalier
miakassissa1-300x270-7037884
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

On nous avait promis pendant la campagne présidentielle de mars 2021, un gouvernement de guerre débarrassé de toutes les antivaleurs qui devraient être jetées dans le fleuve congolais. Mais finalement c’est un pétard mouillé qui nous a été servi avec celui qui incarne à lui tout seul toutes les antivaleurs, la corruption à l’échelle de tout un pays, Denis Christel Sassou Nguesso.

C’est un gouvernement des Généraux prêts à en découdre avec le peuple congolais. Quelle mascarade, car à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire !

Toutes les Congolaises et les Congolais ont de la nausée rien qu’à l’évocation de ce nom. Avec sa gestion désastreuse de la SNPC (Société Nationale des Pétroles du Congo), il détient à lui seul la moitié de la dette congolaise soit 7 milliards de dollars. C’est la raison pour laquelle l’Empereur s’oppose à l’audit de la SNPC pour ne pas mettre en porte à faux son rejeton.

Tel dans le film le Roi lion, l’Empereur vient de présenter à la face du monde, son fils, son lionceau, son successeur.

Le premier de la classe c’est bien le lionceau, Denis Christel Sassou Nguesso, qui malgré ses frasques à travers le monde s’est vu décerner une immunité diplomatique en béton, en tout temps comme son Père et le Ministre des Affaires étrangères. Les autres Ministres de la république ne bénéficient d’une immunité diplomatique que dans le cadre de l’exercice de leur fonction.

L’immunité diplomatique de Denis Christel Sassou Nguesso est permanente en tant que ministre de la Coopération internationale. Ainsi, il pourra parcourir en toute impunité le monde dans son jet privé. Il pourra même rencontrer le nouveau Pablo Escobar colombien sans nullement être inquiété. En s’arrogeant la Promotion du partenariat public- privé, il coupe l’herbe sous les pieds de Monsieur Jean-Jacques Bouya et devient de fait l’ordonnateur des Grands travaux. Chapeau maestro !

S’étant livré corps et âmes à monsieur Sassou Nguesso, les sages du Kouilou voulaient qu’un de leur fils occupe la Primature. En tant que Directeur national adjoint de la campagne de l’Empereur, nous savions qu’il occuperait ce poste de Premier ministre dépouillé de toutes ses prérogatives. Le directeur national de la campagne, monsieur Pierre Moussa, Secrétaire général du PCT (Parti congolais du travail) quant à lui, doit tenir la maison qui se mettra au service de Denis Christel Sassou Nguesso le moment venu. L’Empereur à la dent dure et n’a toujours pas oublier sa cuisante défaite, son camouflet en mars 2016 à Pointe-Noire.

La suite du projet est le suivant. Après avoir rencontré les grands de ce monde dans des milieux feutrés où l’argent ne fait pas de bruit, Denis Christel Sassou Nguesso sera nommé ministre de la Défense en ayant au préalable placé ses fidèles à des postes stratégiques pour assurer la succession du Père au Fils. Ces militaires qui seront acquis à sa cause braqueront leurs armes contre les Congolaises et les Congolais au lieu de défendre l’intégrité territoriale et assurer la sécurité publique. Le schéma gabonais nous pend au nez. La prochaine restructuration de l’armée congolaise sera scrutée à la loupe. Le lionceau y mettra ses hommes de confiance pour mâter toute révolte populaire en cas de succession comme au Tchad.

Monsieur Anatole Collinet Makosso n’est qu’un Premier ministre de façade qui est cerné par quatre Ministres d’État dont l’éternel gendre, monsieur Firmin Ayessa. Ces ministres d’État ne rendent compte directement qu’à l’Empereur. Même Denis Christel Sassou Nguesso a plus de prérogatives que celui qui n’est autre que le Chef de la chorale du gouvernement congolais. « L’Empereur n’aime pas les rats qui vont qui piquer son fromage sous son lit. »

En cette période de pandémie de la Covid-19, la nomination du Général de Division Gilbert Mokoki au ministère de la Santé et de la Population ressemble à une mise à mort des Congolaises et des Congolais. Il eut été judicieux de nommer un ministre ayant une compétence métier, au lieu d’en avoir un qui va lire les fiches techniques de ses collaborateurs dans sa berline noire en évitant les nids de poule qui sont les œuvres de monsieur Jean-Jacques Bouya, ministre de l’Aménagement du territoire, des infrastructures et l’entretien du territoire, surtout ministre des Éléphants blancs au profit du clan. Mais l’Empereur peut nommer qui il veut, ce sont ses prérogatives.

Comme nous le pressentions et l’avions écrit, Jean-Marc Thystère Tchikaya, l’anomalie sympathique du gouvernement congolais, a été exfiltré du ministère des Hydrocarbures car devenu trop vorace pour le ministère des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande. Le pétrole se trouve à Pointe-Noire mais reste la propriété des Mbochis seuls habilités à gérer cette manne tombée du ciel. Jean-Marc Thystère Tchikaya étant l’enfant d’un ancien idéologue néfaste du PCT et pour sauver les apparences a été parachuté ailleurs où il pourra piquer quelques subsides pendant que Pointe-Noire est devenue une ville poubelle.

Les fonctionnaires de la mairie de Pointe-Noire ne sont plus payés depuis 07 mois. En allant réclamer leur dû, ils se font bastonner par les nouveaux maîtres congolais comme du temps des colonies. Ne sommes-nous pas dans un Empire ? Je pleure mon Congo-Brazzaville réduit à l’état de mendicité et dans lequel la vie humaine n’a plus aucun sens ni d’importance.

Au ministère des Hydrocarbures, on note le retour de monsieur Bruno Jean Richard Itoua, celui à qui l’on attribue à tort la création de la SNPC (Société Nationale des Pétroles du Congo). La guerre sera rude avec son ancien associé Denis Gokana, Conseiller spécial du Président Denis Sassou-Nguesso pour les affaires pétrolières, l’un des plus influent. Le mélange de genre de cette personne politiquement exposée qui est à la tête de sa propre firme pétrolière Africa Oil & Gas Corp (AOGC) où il rafle permis sur permis est édifiant. C’est un conflit d’intérêt flagrant, mais nous sommes au Congo-Brazzaville, une épicerie familiale, où les affaires publiques se confondent avec les affaires privées.

Le nouveau Directeur Général du groupe SNPC (Société Nationale des Pétroles du Congo), Maixent Raoul Ominga, un nouveau pion de Denis Christel Sassou Nguesso et trésorier du Père et du Fils, aura du mal à exister entre les deux poids lourds précédemment cités.

Monsieur Bruno Jean Richard Itoua dont la promesse du boulevard énergétique se fait toujours attendre depuis 2002 a retrouvé ses anciennes prérogatives sous la bénédiction du « Saint esprit » qu’il invoque en tout temps avant de s’habiller, de manger ou avant chaque prise de décision importante. C’est la confusion de rôle entre l’État et la religion. Le Congo-Brazzaville étant un état laïc, la séparation entre l’État congolais et la religion est acté par la Constitution qui garantit également la liberté de culte. Le gouvernement congolais serait-il devenu une congrégation religieuse avec des Pasteurs ? La guerre des tranchées a commencé entre monsieur Bruno Jean Richard Itoua qui veut retrouver son faste d’antan après avoir végété au ministère de l’Enseignement supérieur et Denis Gokana qui veut défendre ses prébendes.

On nous avait promis un gouvernement qui combattrait les antivaleurs. Mais force est de constater qu’au Congo-Brazzaville l’on fait toujours du neuf avec du vieux. Le retour de madame Inès Nefert Ingani fraichement débarquée et qui se retrouve au ministère de la Promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement nous montre que les habitudes ont la vie dure. Il faut avoir les faveurs du Père et du Fils. On prend les mêmes et on recommence. C’est Albert Einstein qui disait : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Nous y sommes.

Les traitres sont restés à la porte du gouvernement, car qui a trahi trahira. Madame Gilda Moutsara qui défendait bec et ongles l’alternance démocratique en 2015 s’est muée en mars 2021 en porte-parole de celui qu’elle combattait politiquement. Elle qui s’est époumonée en mars 2021 pour faire gagner son nouveau champion, a été priée d’attendre dans l’antichambre du gouvernement, un résultat nul. Elle a été payée en monnaie de singe, celle réservée aux traitres. Seul Thierry Lézin Moungala a une longévité de traître à faire pâlir les fidèles au gouvernement après avoir trahi son mentor André Milongo. Le cas de Thierry Lézin Moungala est une énigme en politique de traître en homme de confiance.

La politique est une question de conviction. La cohérence de la pensée et de l’action est un élément essentiel et structurant du discours politique. Madame Gilda Moutsara se contentera peut-être d’une direction générale avec un véhicule et un chauffeur pour service rendu. L’Empereur aime garder à ses côtés ses adversaires afin de mieux les contrôler. Sans colonne vertébrale, elle restera une fourbe dans le regard de ses nouveaux amis. Qui peut faire confiance à une traîtresse tout en sachant qu’en 2015, lors de la campagne contre le changement de la Constitution de 2002 il y’a eu des morts qui ont cru en elle. À la moindre occasion il lui sera répétée qu’elle n’est qu’une félonne. C’est la fin d’une pseudo-carrière politique. Triste fin pour une étoile filante.

Dans la constitution de ce gouvernement les deux gendres ont été maintenus sans savoir ce qu’ils y font. Malgré le désenvoutement du stade de football de Kintélé, les Diables rouges ont perdu de leur superbe pour devenir des Diables transparents. L’autre gendre plus discret fait moins de vague et fait beaucoup plus office d’homme de compagnie. Son seul fait d’arme sans importance aucune a été de dissoudre le parti de Charles Ganao dans le PCT. Il existe même des beaux-pères dans ce gouvernement congolais qui ressemble plus à une auberge espagnole.

Tout passe, tout lasse, tout casse. Les choses, les sentiments, ne sont pas durables. L’Empereur Sassou Nguesso, Général d’armée de son état, est lassé du pouvoir. Il préfère aller se reposer à Oyo-City pour jouer au casino avec l’argent du peuple congolais qu’il peut perdre sans rendre des comptes.

Monsieur Gilbert Ondongo a été éjecté du gouvernement pour des malversations financières familiales en laissant 8 millions d’euros à la police portugaise en arguant que cet argent ne lui appartenait pas dans une maison dans laquelle il logeait régulièrement. On y ajoutant les nuitées à 5000 euros par jour à Venise en Italie, la coupe était pleine. Dorénavant c’est comme Collaborateur direct du Chef d’État avec les attributs officiels qu’il va gérer des questions soi-disant stratégiques mais qui en réalité sont liées à la gestion de ce qui reste des 14 000 milliards des francs CFA détournés dont il est l’une des rares personnes à y avoir accès. Il eut été suicidaire dans ce contexte de crise économique, de disette, de laisser Monsieur Gilbert Ondongo comme un électron libre avec la clef du coffre-fort. Monsieur Gilbert Ondongo a été nommé avec rang et prérogatives de ministre d’État, représentant personnel du Président de la République, chargé du suivi et de l’évaluation des plans et programmes.

Quant à l’autre Général de Division Pierre Oba, il a été élevé au rang de Ministre d’État des Industries minières et de la Géologie, malgré une gestion catastrophique des mines du Congo. Monsieur le Général Pierre Oba est là pour sécuriser le pouvoir de son frère d’arme le Général d’armée l’Empereur Sassou Nguesso.

N’étant plus du goût du maître de céans, madame Yvonne-Adélaïde Mougany a été évincée du gouvernement afin de le rafraichir. Sa campagne de Mindouli en faveur de l’Empereur ne l’a pas sauvé du lifting. Va-t-elle rejoindre l’opposition des perdants de leur maroquin ? Qu’elle n’ait aucune inquiétude car personne en dehors de sa famille biologique ne savait qu’elle était au gouvernement.

Les nouveaux ministres festoient avec leurs parents ne sachant pas qu’ils ont été nommés pour résoudre les problèmes des Congolais et non se servir.

Les pseudo-opposants de Paris qui peuvent rentrer et sortir du Congo-Brazzaville sans être inquiétés n’ont pas été gratifiés malgré les appels de pied insistants. L’on ne peut pas être opposant le jour et membre de la majorité présidentielle le soir au Palais. Comme dirait l’autre rien de neuf sous le soleil brûlant du Congo-Brazzaville.

Le Recteur de l’Université Marien Ngouabi a été récompensé au dernier moment pour assurer l’équilibre régionale de partage du pouvoir et le fait d’avoir livré à la police politique les étudiants qui avaient houspillé deux ministres venus inaugurer une salle d’informatique ; Voilà à quoi servent les Ministres congolais.

Quant à l’ancien ministre Martin Parfait Aimé Coussoud-Mavoungou, il va nous manquer car aucun congolais ne savait ce qu’il faisait dans ces gouvernements pendant 16 ans. Il en est de même des siestes parlementaires de l’ancien Premier ministre Clément Mouamba qui sont devenues légendaires.

La chorale du Congo-Brazzaville ainsi constituée, il ne reste plus qu’à aller chanter les louanges à la gloire de l’Empereur leur bienfaiteur qui se prélasse à Oyo-City tant il a échoué dans tous les domaines, malgré ses 40 ans d’exercice de pouvoir.

Deux Congo se regardent maintenant en chien de faïence, celui des nantis et celui des démunis. L’étincelle qui allumera le feu de la révolte sera dévastatrice tel un tsunami qui va engendrer la perte de tous. « Qui frappe reçoit des coups, telle est la règle » disait Pindare, et il ne faut jamais oublier que tout système a une fin et que la fin des pouvoirs tyranniques est tragique.

Pour les Congolaises et les Congolais démunis c’est un autre chemin de croix qu’ils devront faire avec des promesses non tenues.

Le Général de Division Charles Richard Mondjo est le ministre de la Défense nationale depuis le 25 septembre 2012.

Le Général de Division Guy Blanchard Okoï, Chef d’État-Major de l’armée du Congo-Brazzaville est là pour sécuriser le dispositif militaire nécessaire pour l’ascension du lionceau au trône.

C’est monsieur Florent Tsiba, Directeur du cabinet du chef de l’État, avec rang de ministre d’État depuis le 22 août 2017, qui a annoncé la composition du nouveau gouvernement. C’est ce même Général de brigade à la retraite, de sinistre mémoire dans le subconscient des Congolais qui annonçait les exécutions d’autres congolais au petit matin à l’époque du CMP (Comité militaire du Parti). L’histoire n’oublie jamais.

C’est Jean-Jacques Rousseau qui disait : « Quand un peuple ne défend plus ses libertés et ses droits, il devient mûr pour l’esclavage. »

 Patrice Aimé Césaire Miakassissa

Gynécologue-Obstétricien Chirurgien des hôpitaux Praticien hospitalier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *