Par OUBARAI MARIOTTI
Depuis quelques jours, circulent sur les réseaux sociaux des images, tout à la fois insoutenables et révoltantes, d’étudiants congolais à Cuba, au Maroc, en Russie, en Ukraine, au Sénégal, manifestant pour réclamer, non seulement leurs droits à la bourse, mais encore l’apurement de plusieurs mois d’arriérés de paiement de ladite bourse. Cette bourse qui leur permet de faire face aux situations courantes et imprévisibles qu’appellent leurs études universitaires à l’étranger, avec tout ce qu’impliquent les conditions sociales propres à leurs établissements et les modèles pédagogiques d’enseignement supérieur mis en œuvre.
Martyrisés par leurs dirigeants, au regard de toutes les épreuves et autres avanies qu’ils endurent dans un pays en crise politique, économique et sociale, les congolais ne comprennent pas que les autorités nationales aient étendu à leurs enfants en formation à l’étranger les malheurs auxquels ils font face à l’intérieur, les abandonnant à leur propre sort.
Sous l’œil indifférent des gouvernants, des étudiants dont le logement, les transports, la restauration constituent le premier poste de dépenses d’autant qu’ils ne vivent plus sous le toit parental, se retrouvent plusieurs mois sans ressources. Pour n’avoir que pacifiquement revendiqué un droit légitime au paiement de leurs bourses, des étudiants, régulièrement inscrits dans les universités cubaines, tels des malfrats, sont pourchassés, battus et menacés au pistolet par la police cubaine qui par ailleurs les traque avec l’appui des bergers allemands dont nul n’ignore l’agressivité. Des étudiants, à travers le monde, originaires d’un pays argenté, parmi les plus fortunés d’Afrique au Sud du Sahara, au rapport richesses naturelles – tête d’habitant, sont humiliés face à la posture favorable de leurs collègues africains dont les Etats, moins nantis que le Congo, s’acquittent plus aisément de leurs obligations vis à vis de leurs boursiers.
Et pourtant, rien n’indique qu’a été ralenti le train de vie de l’Etat, en raison de la mauvaise passe que traverse le Congo. Les rendez-vous internationaux sont honorés, aux échelons des représentations exigées par les pays d’accueil. L’effectif des missions diplomatiques, avec leurs ambassadeurs, est intact. Les émoluments des autorités nationales, toutes institutions de la république confondues, pas revus à la baisse, même si l’on apprend qu’ils accusent quelques retards de paiement. Aucune de ces pléthoriques institutions, dont certaines, non essentielles et non productives pour la conjoncture, n’ a été supprimée. Le parc auto des véhicules de luxe affectés aux autorités et à leurs familles n’a jamais décru. Les cérémonies privées des dignitaires du régime, toujours grandioses.
Ainsi, par sa pratique, le pouvoir de Mr Sassou Nguesso, loin d’assainir le climat général dans le pays et d’y travailler à l’apaisement, il contribue à davantage le fragiliser. Les scrutins aux présidentielles de 2021 et autres à venir, organisés en l’état, avec le système électoral en vigueur, aggraveront le mal congolais.
En réalité, ce pouvoir n’en peut plus. La mauvaise gouvernance, l’usure et la longévité le paralysent. Dans son caractère, il s’exerce, s’appuyant sur la force parce qu’il redoute la contestation populaire.
Ce qui le pousse à une autosatisfaction de façade pour légitimer ce qu’il considère comme étant la paix et les avancées socio-économiques qu’il a instaurées dans le pays. Au juste, il se dégrade.
Dans l’intérêt supérieur de la nation, les congolais sont en droit légitime de s’en libérer pour donner à leur pays plus de chance d’aller vers le progrès. Les expériences en cours du combat patriotique des peuples algériens et soudanais sont des leviers à saisir.
Paris le 10 avril 2019 –
Mr OUABARI MARIOTTI
OUABARI MARIOTTI