Par: Association DAC
A l’occasion de la célébration de la journée mondiale des toilettes, ce 19 Novembre, l’association DAC remet en ligne cette publication qui date du 18 Novembre 2010 pour sensibiliser le grand public sur les questions d’hygiène à l’échelle mondiale d’une part et particulièrement les populations congolaises d’autre part . Et surtout de militer pour obtenir une égalité d’accès aux toilettes pour les femmes et des aménagements spéciaux pour les handicapés qui sont les laissés pour compte dans la société congolaise.
Toutes les villes du Congo-Brazzaville, manquent des toilettes publiques. A quoi attribue t-on cette situation? Nous ne pensons pas que cela soit vraiment inscrit dans le programme d’action du gouvernement de Sassou-Nguesso et des gestionnaires actuels de nos collectivités locales. Les villes de Pointe-Noire, Impfondo, Owando, Dolisie et Brazzaville malgré qu’elles aient bénéficié des investissements de la « municipalisation accélérée » n’ont pas pensé à construire les toilettes publiques. Et pourtant il s’agit d’un moyen très efficace pour lutter contre les maladies liées au péril fécal et à l’incivisme de nombreux Congolais. Il y a lieu d’indiquer que plus de 3/4 des Congolais vivent dans ces grandes villes de notre pays. . La majorité des citoyens passent leur journée entière au centre-ville pour accomplir des démarches administratives diverses ou travailler. Chose qui n’est pas facile puisque toutes ces villes du Congo manquent de toilettes publiques. C’est encore pire dans tous les marchés du pays. Dans beaucoup d’administrations, dans les écoles, à l’université Marien Ngouabi et dans les hôpitaux (au CHU de Brazzaville,les malades, le personnel soignant et les médecins se partagent les mêmes les toilettes exécrables), il n’y a pas de toilettes publiques et si par malheur elles existent, elles sont soit sales ou bouchées ou encore dans un état lamentable (par exemple à Bayardelle ou à l’aéroport de Maya-Maya).
Absence de volonté politique nationale
Tous les congolais, actuellement, sont exposés à l’horreur sanitaire du fait d’un environnement chaud, humide (pendant et après les pluies), où ils éternuent, toussent, se mouchent, transpirent…. Pour assouvir leur envie, ils doivent aller lorsqu’ils le peuvent dans des toilettes des Ngandas (il n’y a pas de chasse d’eau par manque d’eau) sans regarder avec horreur la poignée de la porte et le fond du bidet en songeant au péril fécal.
Dans les restaurants dits « Malewa » qui ne sont jamais désinfectés, ils mangent dans des assiettes essuyées avec un torchon qui n’a pas été au préalable lavé à 100° et à la javel. Ils mangent des viandes « coupé-coupé » qui sont souvent avariées, décongelées et recongelées ou peut-être pas assez cuites ou pire encore ces « coupé-coupé » non vendus la veille sont mélangés avec ceux du jour … et sans penser choper la diarrhée, le cholera, l’ankylostomiase, les amibes, les ascaris, la poliovirus qui sévit actuellement a déjà occasionné plus de 128 morts et 280 personnes atteintes selon l’OMS (la plupart des sujets sont des jeunes adultes dont l’âge varie entre 15, 25, 33 et 45ans), le ténia ou la fièvre typhoïde. Les congolais ne pensent non plus à la vaisselle plongée dans les récipients d’eau sans songer au foyer infectieux que cela représente. La pauvreté aidant, les Congolais ne pensent même plus à tous ces risques auxquels ils sont exposés tous les jours. A la fin des repas, certains essuient les mains dans ces espèces de « torchons publics » à coté des seaux d’eau crades. Les propriétaires des lieux ne songent même pas à mettre à la disposition de ce monde du gel antibactérien.
Pour les Congolais qui ne peuvent rien consommer dans les Ngandas et les restaurants Malewa, dès qu’ils ont soudainement une envie pressante d’urine, doivent de se diriger vers un mur pour se soulager ou aller dans les herbes pour déféquer. Contraindre nos mères, sœurs et femmes à ce rituel malsain est humiliant pour le respect qu’on doit à la femme.
Face à ce comportement incivique qui démontre le manque de maturité, une question s’impose. Que faire en cas de besoins naturels pressants ?
Il faut remarquer, avec grande stupéfaction, que depuis l’indépendance du Congo, il y a 50 ans, les autorités nationales, régionales et municipales préfèrent s’investir dans des projets jugés plus rentables en pourboire: réfection des routes et des trottoirs, signalisation des routes…Même l’assainissement et la collecte des ordures ménagères ne constituent pas des priorités, auxquels il faut ajouter les transports publics. Raison pour laquelle le gouvernement de Sassou-Nguesso peine à les organiser.
Le gouvernement ne s’occupe pas de l’implantation des toilettes publiques qui apparaissent comme des petits détails qui demeurent du ressort des communes et de leur tutelle. Néanmoins, la question mérite d’être soulevée dans le cadre de l’implantation d’un mobilier urbain viable, moderne et adapté de nos villes incluant bien évidemment les toilettes publiques. Malheureusement, les conflits de compétences et les sensibilités régnantes font blocage à ces initiatives.
Quoique tout le monde a tout à gagner, le citoyen en premier et notamment les vendeurs des marchés qui ne seront plus obligés de pénétrer dans les Ngandas souvent insalubres pour se soulager. La ville devra faire bonne œuvre de s’intéresser aux moindres besoins de ses citoyens en préservant en même temps ses espaces publics et ses lieux culturels et touristiques. Ainsi, le touriste qui pourra déambuler tranquillement en ville sans se soucier de se voir rentrer d’urgence à l’hôtel pour se soulager, l’image de nos villes ternie par ce genre de comportements écorne plus l’image du pays et notre capitale qui jadis était la ville verte et attrayante.
Nous incitons le gouvernement et les élus locaux à implanter les toilettes publiques sur des lieux faisant partie du patrimoine urbain et étatique de nos villes en mettant à contribution les sociétés publiques et privées dans un élan de solidarité nationale et urbaine.
Marginalisation de l’absence des toilettes publiques
Le gouvernement, les autorités préfectorales et communales considèrent qu’il s’agit d’un sujet qui n’est pas de leur ressort par aveuglement politique ou pire par esprit de m’en-foutisme (désintéressement, laisser-aller). Ils préfèrent donc le marginaliser.
Nous déplorons par ailleurs le comportement incivique des Congolais qui utilisent les murs et cours des écoles, les murs des églises, les terrains vagues, des coins de rue, des constructions non achevées ou abandonnées, des ruelles sombres, les parcelles non désherbées, des bas-côtés des routes, comme toilettes publiques, démontre le manque de maturité de nos concitoyens.
Le sujet, compte tenu de son coté, qui semblerait honteux pour certains Congolais, n’est pas soulevé par les électeurs. Ils ne s’aperçoivent de son acuité que lorsqu’ils sont coincés quelque part ne sachant où se soulager.
Nous devons admettre que Les principaux responsables de cette négligence sont bien évidemment le gouvernement actuel et les élus locaux qui détiennent les pouvoirs de police administrative et qui ne font aucun effort pour atténuer les citoyens de nos villes par l’implantation des toilettes publiques un peu partout dans les villes sous leur autorité comme c’est le cas dans les grandes cités urbaines partout dans le monde. Ils rechignent à actionner les dispositions réglementaires et environnementales pour sanctionner les contrevenants. Alors comment faire pour redresser la situation ? Porter le débat sur la place publique afin de sensibiliser les Congolais à l’un de leurs droits les plus élémentaires en mettant à contribution les associations et les comités de quartier entre autres.
L’association DAC exhorte le gouvernement et les maires à intégrer la dimension toilettes publiques dans leur programme d’investissement. Des toilettes publiques proches, propres et à prix symbolique (par exemple, le prix de l’utilisation pourrait osciller entre 25 et 50 F CFA).
Ce programme peut concerner aussi bien la réhabilitation des anciens lieux d’aisance considérés comme faisant partie du patrimoine urbain de nos villes au même titre que les bâtiments administratifs du centre-ville et des quartiers. Le gouvernement et les maires doivent sensibiliser les Congolais à cet effet. Une autre solution consiste à importer du mobilier urbain d’aisance de l’extérieur. Et pourquoi ne pas donner la gestion des toilettes publiques à des sociétés privées.
La construction des toilettes publiques contribuerait à l’hygiène sanitaire et permettrait l’éradication des maladies hydriques et bien d’autres. Les toilettes publiques feront partie du mobilier urbain et contribueraient à la propreté et à l’embellissement de nos villes. La gestion et l’entretien de ces toilettes publiques pourraient être assurés par les collectivités locales ou mises en concession.
Association DAC