unitc3a99-300x145-4172021Par:   Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

Une nation est un « groupe humain assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun. »

Il est temps de sortir de cette posture victimaire qui consiste à attirer toute l’attention sur une seule ethnie.

Nous ne pouvons nier que l’ethnie Lari au Congo a payé un lourd tribut depuis l’indépendance tant sur l’ostracisme, les brimades, la discrimination professionnelle et la mort de ses ressortissants, résultant de la bêtise humaine que certains esprits malins qualifient d’aujourd’hui de ‘Génocide des Laris au Congo ». Cela ne peut plus durer et les Laris devraient arrêter de se victimiser pour penser un avenir meilleur tout en faisant une analyse objective du passé pour éviter que les mêmes erreurs se répètent.

Ainsi au lieu de continuer à discourir sur le passé néanmoins douloureux avec des plaies ayant du mal à se cicatriser, nous devrions proposer des solutions qui sortent le département du Pool de cette particularité de n’être que le prétendu fief des rebelles, des contestataires hostiles au développement du pays.

Les intellectuels, les cadres, les docteurs, les professeurs au Congo n’existent pas que dans le Pool. En cela toutes les élites congolaises devraient se pencher sur le devenir de notre pays qui pour l’instant, est une dictature dirigée de main de fer par Sassou.

Il est temps de tendre la main à Charles Zacharie Bowao, à Clément Miérassa, à Claudine Munari, à Jean-Marie Michel Mokoko, à Okombi-Salissa, à Paulin Makaya, à Mathias Dzon, à Joseph Ouabari Mariotti et autres, pour construire le Congo de demain, car ils ont compris qu’une nation ne se bâtit qu’avec l’apport de toutes ses filles et de tous ses fils, dans un contexte constitutionnel qu’ensemble nous aurions choisi. Le « Tout sauf le Sud » et « la conservation du pouvoir au Nord » n’ont pas leur place dans une société démocratique notamment le Congo de l’après Sassou.

« Le Génocide des Laris au Congo » ce brûlot indigeste ne fait que fracturer notre société déjà divisée pour des raisons plus mercantiles que d’appartenance à une nation.

Je le répète et le clame haut et fort que je suis Lari, mais avant tout Congolais car c’est ce qui fait mon appartenance à ce pays. Je suis un républicain, progressiste par opposition aux conservateurs, un de ces hommes de gauche sans attaches partisanes, respectueux de l’ordre et de la justice, et convaincu qu’une bonne gestion de l’État est seule en mesure d’assurer la pérennité du lien social dans une démocratie, et favoriser le développement dans un esprit de justice sociale. Je fais de la rigueur morale ma boussole et du sens de l’État une doctrine. Ma certitude c’est que le droit constitue le plus sûr vecteur des valeurs fondamentales d’une société démocratique.

Le Pool ne sera et ne pourra jamais devenir le Québec du Congo-Brazzaville car nous n’avons pas la même histoire. Le peuple congolais est un, uni et indivisible. Pour ceux qui pensent que j’ai une plume anti-lari, que je ne suis pas Lari, que je suis mbochi, un collabo et un traître, je réponds simplement que je suis un Congolais qui n’accepte pas l’état dans lequel se trouve mon pays.

Ceux du Pool qui pensent que l’unité nationale est impossible du fait des traumatismes du passé, doivent comprendre qu’il est temps que nous nous retrouvons tous pour le bien-être de nos enfants et de nos petits-enfants. Il y a déjà eu tant de générations sacrifiées, laissées au bord de la route par la cupidité de ceux qui nous gouvernent actuellement. Nous ne pouvons croiser les bras et laisser faire dans un pays aussi riche que le nôtre, que le niveau et les conditions de vie de nos populations soient déplorables.

Une politique ne peut se résumer à des massacres suivis de ramassages d’armes avec nos partenaires étrangers au développement. Nous l’avons déjà expérimenté maintes fois mais pour quels résultats ? Contrairement aux esprits chagrins, dans notre pays l’ethnie Kongo en dépit de sa richesse ne peut avoir une suprématie sur d’autres ethnies. Les mêmes qui soutiennent aujourd’hui mordicus la thèse du « Génocide des Laris au Congo », sont ceux qui hier réclamaient une Conférence internationale pour le Congo. L’auraient-ils organisé entre les seuls ressortissants du Pool ? D’où le manque de cohérence de l’action politique.

Le dépassement de soi est une condition nécessaire pour un Congo nouveau. L’exemple de l’Afrique du Sud doit nous édifier car après 3 siècles de domination blanche, d’apartheid, un homme, Nelson Mandela a réussi à réunir tout son peuple avec le fameux slogan « one man, one vote ». D’aucuns estiment que la pensée de Mandela est une catastrophe pour l’Afrique du Sud en matière de réconciliation nationale. On pourrait en sourire. Mais en toute humilité ce Prix Nobel de la paix a su marquer de son empreinte notre histoire contemporaine.

L’humilité et le respect de l’autre nous permettrons de construire le Congo de demain. Les diplômes tant prisés par les Congolais résultent d’une instruction qui n’a rien à voir avec le bon sens qu’exige la politique, bien que l’on ne puisse se passer de l’un comme de l’autre. Nous avons déjà essayé avec les diplômés, mais avec quels résultats ? Sortons du carcan des élites qui se regardent le nombril au lieu de résoudre les problèmes difficiles qui se posent à nos concitoyens. Si nous y arrivons c’est de là que nous tirerons notre légitimité. La politique c’est donner de l’espoir, partager des valeurs, donner du sens à ses actions et agir conformément à ses convictions.

Nous ne nions pas la « mbochisation » de l’appareil étatique qui pose un sérieux problème au peuple congolais. C’est ce système que nous nous efforçons de combattre afin que le Congo, notre pays aille de l’avant. Le système actuel ne doit sa survie que dans sa fuite en avant. Mais comme tout système, il a des failles et celui-ci est voué à disparaître. C’est pour cela que nous avons besoin de toutes les Congolaises et de tous les Congolais pour y mettre fin, afin que nous soyons fiers du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest d’appartenir à un seul et même pays. Toute société connait dans son histoire des tragédies. Il est temps que les femmes et les hommes se lèvent pour dire STOP et proposer un modèle dans lequel tout congolais aura son mot à dire.

Si nous mettons en avant nos diplômes pour se faire une place au soleil et laisser de côté les plus démunis d’entre nous, alors nous aurons raté une part de notre humanité qui consiste à aider les autres.

Pour mémoire aucun soi-disant leader du Pool de Kolélas père ou fils, Boukadia, Makaya et autres n’ont jamais parlé de Génocide des Laris. Cette construction intellectuelle déviante qui consiste à occulter l’essentiel qui est la reprise en main du pays, n’a vocation qu’à singulariser ses auteurs pour qu’ils soient invités au buffet. Cette indignation tardive et sélective est malsaine pour la cohésion nationale.

Le peuple congolais a besoin de leader capable de prendre en charge leurs problèmes au quotidien et non ceux qui prônent la haine, la division du fait de leur appartenance ethnique. Le moment est propice à cette réconciliation nationale.

Nous n’oublions pas le temps de la réparation car notre État a failli dans de nombreux domaines notamment avec des morts inutiles pour asseoir sa domination. Ceux qui ont perdu la vie et leur condition sociale devront être reconnus comme des victimes et être indemnisées au nom de la solidarité nationale.

Le temps est venu de panser nos blessures, le moment est venu de réduire les abîmes qui nous séparent. Le temps de la construction approche.

Comme disait l’autre : « Pardonner c’est continuer à aimer malgré les blessures car la perfection n’est pas de ce monde. »

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA