0000000000000000000000000001opoosasss-4981613Le Congo vit dans un tourbillon de suspicion gangréné par des leaders en fin de cycle s’activant pour se hisser en haut de la tribune au moins une fois dans leur existence de politicien dépourvu de conviction. Et comme à chaque fois, cela intervient au moment où on s’y attend certainement le moins. En effet, après l’ERRDUN, le FRONT UNI, en passant par le collectif des 17 partis et enfin le FROCAD, l’opposition congolaise contre le régime de SASSOU (Mr 8%) manque à ses principes fondamentaux et appréhende mal l’ampleur de la menace du système Sassou.

Pour ceux qui ont commencé ce combat il y a 18 ans se rendent bien compte que celui-ci est mené par des acteurs devenus des experts du surplace. Les mois et années passent, on oublie ce qui a été déjà fait, on repart pour un tour de bis repetita et on fait de nouveau place à un énième avatar politique. Pendant que le pays fait face à une crise politique majeure qui s’est aggravée ces derniers mois résultant d’une profonde crise institutionnelle accentuée par une ethnisation et une militarisation du pouvoir en place. Le Congo vit sous une peur permanente. Beaucoup ne s’attendaient pas d’être la cible des bombardiers de la mort dans le POOL. Personne ne s’imaginait qu’ils s’offriraient la terrible audace d’agir comme ils le font depuis le 04 Avril 2016. Tout simplement sauvage et barbare !

A défaut de combattre la gangrène qui se propage dans la société congolaise, l’opposition préfère s’auto-flageller. De la Bande des quatre (MOUNGOUNGA KOMBO, Christophe MOUKOUEKE, Martin MBERI et Victor TAMBA-TAMBA) en passant par le triangle des frères ennemis (Bernard KOLELAS, André MILONGO, Pasteur NTUMI, TCHIMBABELELA et autres), cette opposition se construit et se déconstruit dans des alliances qui vacillent et s’entre-déchirent. Le fait est que la faiblesse de plus en plus redoutée puisse provenir de l’intérieur de ses structures dites de l’opposition choque et déroute au plus haut point le peuple congolais qui ne sait plus sur quel saint se vouer.

Ne nous voilons pas la face, nous sommes dans une situation où ce sont les rapports de force qui dominent et qui mènent à une série de consensus fragiles. TSATY MABIALA évincé pour traîtrise, KOLELAS fragilisé pour soupçon d’allégeance et de concussion, nous avions nous-mêmes semés les germes de notre propre échec. Nous avions fait confiance à Jean Marie MOKOKO, simplement sur la base d’une conviction qui s’est avérée fausse. « Seul un général peut détrôner un autre général, disions-nous ! ». Sans une préparation conséquente, sans une organisation solide, sans un relais composé de réseau important, nous venons de livrer en pâture l’un des hommes qui pouvait peut être assuré une « transition efficience ». Faute d’un leadership dans l’opposition et d’une vraie entente sur le but final à atteindre, nous avions péché par excès de zèle.

Au lieu de tirer les leçons de ce viol électoral dont nous sommes victimes, on ressort les vieilles recettes des rancœurs pour poursuivre l’opération d’automutilation.

Nous, les congolais, sommes les premiers à exiger des changements profonds au Congo, y compris à la tête des institutions de la République. A la moindre incartade, ou simplement à base de suspicion, nous procédons à l’auto-flagellation de nos leaders politiques de l’opposition.

Il ne faut pas se leurrer, car nous Congolais, bien que nous voulons que la situation change, mais notre défaut, nous donnons l’impression que nous avions des solutions à tout problème. La première tâche étant de reconnaître nos tords et faire notre Mea Culpa si nécessaire, ensuite de proposer une solution afin de résoudre le problème. Ceci nous permettra de réaffirmer d’une manière notre patriotisme républicain et de faire comprendre aux hommes politiques notre volonté d’améliorer les choses et d’aboutir au changement tant souhaité.

Nous devons nous remettre en question et travailler notre manière de désigner les hommes politiques qui doivent incarner le combat politique pour arriver à chasser le régime tribalo-militaro-sanguinaire de Sassou Nguesso, Mr 8%.

Pour y parvenir, posons-nous les vraies questions sur les qualités des leaders politiques de l’opposition, à savoir :

· Compétence. Sont-ils suffisamment qualifiés pour assurer cette tâche au sommet de l’Etat ?

· Intégrité. Les leaders politiques au Congo peuvent-ils se regarder dans la glace tous les matins ?

· Communication. Leurs informations sont-elles correctement transmises ? Sont-ils suffisamment clairs ?

· Courage. Ont-ils assez confiance en eux pour soutenir leurs idées ?

· Prise de recul. Est- ce qu’ils ont pris le temps de réfléchir et de poser la situation actuelle du Congo-Brazzaville ?

· Ouverture. Comprennent-ils les Congolais et s’adapter aux attentes des Congolais, à leur situation, sont-ils capables ?

· Humilité. Ça ne fait de mal à personne et bien au contraire c’est le Congo qui en sortira gagnant ;

Une fois ce travail effectué, les leaders de l’opposition au Congo devront retrouver la confiance des militants. Il s’agit ici d’un travail de longue haleine qui n’aboutira peut-être pas à un succès total. Mais les beaux discours et l’improvisation n’ont pas de place face aux attentes des Congolais.

Les leaders politiques de l’opposition devront notamment, de manière progressive, passer plus de temps avec les congolais pour réaffirmer leur expertise et développer des journées de cohésion nationales, de sorties de crise… Afin d’améliorer le tissu social national qui a été détruit par Sassou et son clan.

Nous, congolais, que voulons-nous réellement ? Qu’est-ce que nous exigeons des leaders de l’opposition ?

En effet, à peine installée Mme Claudine MUANRI subit des attaques en règles. « Mettre à la tête du FROCAD, celle qui a trahit la république, c’est perdu d’avance… ». « Si Sassou est revenu au pouvoir, c’est à cause de sa traîtrise… ». « Comment pouvez-vous faire confiance à MUNARI qui joue le jeu de BOWAO, OKOMBI et KOLELAS, tous étaient avec Sassou et ils le sont encore d’une manière ou d’autre autre… ». « Elle trahira le FROCAD, comme Marie Paul MPOUELE et TSTAY MABIALA, laissez-lui seulement le temps… ». J’en passe, toutes ces accusations tombent tous les jours dans les oreilles et sur notre table de rédaction. Tomber dans cette cabale ça serait amené les leaders de l’opposition à étaler leur faiblesse et leur manque de courage sous les pieds du dictateur. Une faute qu’il faut absolument éviter.

Le plus grand malheur de cette opposition, c’est qu’elle traîne un lourd secret qui se niche sous l’épais couvercle de pierre de la tombe d’André MILONGO et la trahison inqualifiable du premier président élu et démocratique du Congo, Pascal LISSOUBA, où les antagonistes se regardent dans le blanc des yeux en se tenant par la barbichette.

De Jean Marie Michel MOKOKO, Parfait KOLELAS en passant par André OKOMBI, Charles BOWAO, Clément MIERRASA, Claudine MUNARI et beaucoup d’autres sont loin d’être des leaders modèles que le peuple aurait voulu à la tête du pays. Mais ce sont peut-être pourtant les moindres maux face au monstre de dictateur que nous combattons. Au-delà des apparences, ce n’est pas seulement une affaire de personnalité, mais de système. Les leaders de l’opposition actuels sont-ils fondamentalement, personnellement, plus mauvais que ceux qui sont au pouvoir ?

Nous pensons fortement qu’ils incarnent tout simplement les qualités nécessaires d’opportunisme pour réussir dans le métier politique et qui n’appellent guère (sauf exception) la force de l’intelligence visionnaire, ni de la fermeté de conviction, ou du courage de l’action.

Sans pour autant basculer dans la naïveté enfantine nous savons comme le disait NIESZCHTE que « Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi ». On regarde un abîme pour le sonder, c’est-à-dire pour prendre la mesure de son immense profondeur, de sa profondeur monstrueuse. Mais si l’abîme nous regarde aussi, alors en sondant l’abîme, nous sondons notre propre monstruosité, celle qui se cache dans les profondeurs de notre être.

Il y a certes un danger à devenir, sans s’en rendre compte, monstrueux dans le combat contre les monstres. Mais il y a aussi un danger pour soi : à sonder l’abîme, on risque de découvrir, tapi dans les profondeurs de notre conscience, un sujet monstrueux.

Notre devoir, c’est de faire en sorte que ces leaders politiques de l’opposition congolaise ne soient pas les monstres de demain. L’enjeu fondamental ne tient pas aux hommes ou femmes, qu’ils soient du NORD ou du SUD, EST ou OUEST, mais aux mœurs politiques du moment. Alors, il faut que chacun reste à sa place, joue son rôle au service du Congo, raisonne et se comporte en termes de devoir.

Et ne désespérons pas. Le mal que nous fait vivre le dictateur Sassou n’est pas éternel, même si nous avions l’impression que cela dure une éternité. Il jouit simplement de l’intelligence satanique et profite de l’angoisse, l’amertume de ceux qui ont peur des progrès que peut accomplir notre peuple. Posons–nous les bonnes questions, comment dépasser le sentiment de dérision actuelle pour en tirer quelque chose de positif ? Si l’alternance se produit, peut-on éviter que le spectacle auquel nous assistons ne se renouvelle?

Le peuple congolais n’attend pas des miracles de la politique avec les leaders que nous avons, mais au moins un comportement qui exige la responsabilité et le sens du devoir de leurs futurs dirigeants.

Toutefois, cette grande dissimulation sera éventré, le peuple vaincra la dictature et reprendra son bien, c’est-à-dire le pouvoir. Ayons en nous une grande lucidité, même si notre colère est immense et légitime. N’oublions pas ce qui ferait plaisir à ce système érigé par des barbares, c’est de s’adonner à cette cabale de dénigrement permanent, à cette course aux faux et vrais traîtres et bien entendu à des raccourcis trompeurs.

Quelques soient les griefs légitimes et justifiés qu’on puisse avoir devant nos leaders politiques, sachant montrer notre soutien et faisant cause commune avec cette opposition unie face au péril d’un système immonde.

Cessons de nous juger les uns les autres, chacun de nous est victime du système, peut être parfois il ignore qu’il est même plus impacté à différents niveaux, mais ce n’est pas en nous jugeant et condamnant les uns les autres que nous ferons évoluer la situation. Sachons prendre de la hauteur en fixant notre attention regardant vers les véritables responsables de ce qu’il se passe, ceux qui souhaitent un pouvoir absolu sur toute chose, ceux qui ont laissé faire malgré leur position, ceux qui n’ont pas voulu savoir pour des raisons pratiques, et les autres.

Préparons-nous plutôt pour l’inéluctable car il va bien falloir un jour que le système montre ses véritables défaillances et ce que cela implique, et qu’enfin les responsables paient leurs actes passés, leurs alliances contre le peuple, leurs petits secrets pour des intérêts égoïstes, nous découvrirons comment les apparences vont s’écrouler les unes après les autres. Les congolais doivent être maitres de votre propre destin. Pour cela, soyons avant tout et surtout maitres de notre propre réflexion.

C’est de cette manière et de seulement celle-ci que nous vaincrons cette dictature qui nous étouffe depuis des lustres.

Par :  Jean-Claude BERI