Président de Unis pour le Congo (UPC), Paulin Makaya croupit sous les geôles de la DGST, à Brazzaville, après un petit tour chez le substitut du procureur. Là-bas comme ici, pas de dossier d’accusation. Mais il est, néanmoins, gardé, déshabillé, laissé sans boisson, sans nourriture.

Convoqué ce 23 novembre, à 9 h 00, Paulin Makaya et son avocat, Me Ambroise Malonga n’ont pu être reçus qu’après 10 h 00 (9h GMT) par le substitut du procureur de la République, Wenceslas Reddy Wando. Mais au moment où ce dernier se désolait de n’avoir aucun dossier portant le nom de Paulin Makaya pour pouvoir l’interroger, il a reçu la visite des policiers, qui ont demandé, plutôt, à le conduire au Commissariat central, plus précisément, à la DGST (Direction générale de la surveillance du territoire).

Arrivé à ce service vers 11h 00, Paulin Makaya n’a été pris en charge par le colonel Ovoula, que bien après 16h00. Mais là aussi, c’était pour constater qu’il n’avait pas de dossier d’accusation à proprement parler. Toutefois, ici, l’accès à la salle d’interrogatoire a été refusé à Me Malonga, alors qu’il est l’avocat de l’accusé.

On n’oublie pas d’insister sur les mauvais traitements que les collaborateurs du général, Jean-François Ndenguet, sont en train de faire subir à Paulin Makaya. Ses militants de l’UPC, venus nombreux le soutenir (notre photo), pensent, d’ailleurs, que c’est parce qu’on avait prévu de lui faire subir des brimades et des actes dégradants que l’accès à la salle a été interdit à Me Malonga.

Preuve de tels traitements : les policiers ont forcé Paulin Makaya à se déshabiller… Plus grave, ils l’ont laissé affamé. Son épouse a insisté pour qu’elle lui apporte à manger, car depuis le matin, il n’a rien mis sous la dent, mais c’était peine perdue. C’est comme si elle s’adressait à un mur. Elle s’est même vue refuser le numéro de téléphone du général Ndenguet, seul habilité, semble-t-il, à autoriser qu’on lui apporte à manger.

Paulin Makaya a prêché le calme à ses militants, d’autant plus que son dossier d’accusation est (totalement) vide. Plus précisément, il est inexistant. Si on était dans un pays de droit, Makaya dormirait, ce soir, avec sa femme, dans leur maison. Mais au Congo-Brazzaville de Sassou Nguesso, tout est à l’envers : l’on marche sur la tête et non sur ses deux pieds. Alors, on verra bien demain…

A.E.

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Congo : détention de l’opposant Paulin Makaya

Au Congo Brazzaville, Paulin Makaya a été arrêté, ce lundi 23 novembre par la police. Paulin Makaya est l’une des principales figures de l’opposition au référendum constitutionnel du 25 octobre dernier. La réforme a finalement été adoptée dont les dispositions permettent au président Denis Sassou Nguesso de se présenter à nouveau aux prochaines élections. Paulin Makaya a été entendu par les officiers de police judiciaire pour détention illégale d’armes de guerre, mais en l’absence de son avocat.

Paulin Makaya se trouvait dans le bureau du procureur de la République au moment où il a été arrêté. Il était accompagné de son avocat, car il voulait déposer une plainte contre X pour violation de domicile et tentative d’assassinat.

Le 30 octobre dernier, une opération de police dont il dénonce la violence et l’illégalité a eu lieu dans sa résidence.

Selon le porte-parole de la police, c’est au cours de cette opération qui s’est déroulée « en toute régularité » qu’ont été découvertes les armes. « Plusieurs fusils d’assaut de type kalachnikov ainsi que des documents séditieux ont été saisis », affirme le Colonel Monkala-Tchoumou.

L’avocat de Paulin Makaya assure ne pas être au courant de cette accusation.

« Je n’ai pas été autorisé à prendre part à l’audition de mon client. Cela est contraire à la loi », a dit Maître Malonga, avant d’ajouter que la seule chose officiellement reprochée à son client est d’avoir participé à une manifestation interdite.

Paulin Makaya avait pris part à une marche de désobéissance civile, le 20 octobre dernier. Il avait appelé au boycott du référendum sur la modification constitutionnelle avant de dénoncer des fraudes dans l’organisation du scrutin.

Par RFI