Lancés, officiellement, le 26 juin 2015, par le président de la République, Denis Sassou-Nguesso, en compagnie de son épouse, Mme Antoinette, lors d’une grande cérémonie à Mindouli, en présence de Mme Saskia De Lang, ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne au Congo, les travaux de la route Kinkala-Mindouli (54 km), réalisés par le groupement des sociétés Dragages et Razel Bec, ont atteint la phase de bitumage, tout au moins à partir de Kinkala.
Prévus pour être achevés en décembre 2016, c’est, finalement, en mars 2017 que ces travaux devraient, en principe, se terminer, à cause d’un arrêt de trois mois provoqué par le retard de paiement de la contrepartie congolaise. Pour une seconde fois, les travaux de cette route sont menacés d’abandon, à partir du 15 août prochain, si le gouvernement ne met pas la main à la poche. Que se passe-t-il?
Co-financés par l’Union européenne, dans le cadre du 10e Fed (Fonds européen de développement) et le gouvernement congolais, pour un montant total de 37.685.630.347 F. Cfa, les travaux de la route Kinkala-Mindouli ont connu un premier arrêt de trois mois, entre novembre 2015 et janvier 2016. Les sociétés en charge des travaux les avaient arrêtés, pour obliger le gouvernement congolais à faire aussi une avance sur sa contrepartie.
En effet, si l’Union européenne avait fait une importante avance qui a permis le démarrage des travaux, le Congo trainait encore les pieds. Sur le montant total du chantier, l’Union européenne apporte 14,5 milliards de francs Cfa, tandis que le gouvernement contribue à hauteur de 29,5 milliards de francs Cfa. Depuis le début des travaux, l’Union européenne a décaissé 10.382.313.954 F. Cfa, tandis que le gouvernement a déjà déboursé 12.867.573.869 F. Cfa.
Le gouvernement a promis un nouveau décaissement de 5 milliards de francs Cfa. Mais, la fiche de paiement, portant le numéro n°264, est en souffrance au Trésor public, depuis le mois de juin dernier. Pourtant, tous les ministres s’y sont mis. La ministre du plan, de la statistique et de l’intégration régionale, Mme Ingrid Olga Ghislaine Eboucka-Babackas, avait transmis le dossier à son collègue, Calixte Ganongo, ministre des finances, du budget et du portefeuille public, pour que le paiement soit effectué. Lors d’une visite du chantier, le ministre de l’équipement et de l’entretien routier, Josué-Rodrigue Ngouonimba, avait promis aux autorités locales que le gouvernement fera de son mieux, pour que les travaux de cette route s’achèvent normalement. Le premier ministre, Clément Mouamba, a pris le dossier en main. Et pourtant, le deuxième décaissement ne sort toujours pas.
Voulant tenir leur cahier des charges, les responsables du groupement de sociétés Dragages et Razel ont bourlingué à Brazzaville, la semaine dernière, et sont repartis à leur chantier, sans trouver gain de cause. A l’heure de la crise financière dont les causes suscitent de nombreux commentaires, le gouvernement n’arrive pas à trouver même un petit trois milliards, pour éviter l’arrêt du chantier. Faut-il espérer sur le retour, à Brazzaville, du ministre de l’aménagement du territoire et des grands travaux, Jean-Jacques Bouya, qui est reparti en Chine, le vendredi 22 juillet dernier, après une séance de travail avec l’ambassadeur de l’Union européenne? En tout cas, le groupement Razel-Dragages, qui a déjà beaucoup fait pour reprendre le chantier de cette route, dégage sa responsabilité, au cas où après le 15 août prochain, les travaux ne reprennent pas. Ce serait une catastrophe, si l’on se retrouve, de nouveau, dans ce cas de figure, pense-t-on. En effet, l’arrêt de chantier occasionne, toujours, des frais supplémentaires.
Après le premier arrêt, les deux sociétés en charge des travaux ont introduit une requête auprès du gouvernement, pour réclamer une indemnisation de 5 milliards de francs Cfa, pour immobilisation du matériel et du personnel, conformément aux dispositions contractuelles. Les deux parties sont en négociation à ce sujet. Pour la reprise des travaux, en mars dernier, il a fallu payer la réparation de la dégradation du chantier. Autant dire que personne n’a intérêt à ce que le chantier s’arrête. La route Kinkala-Mindouli, qui doit rejoindre la route lourde Pointe-Noire/Brazzaville, à Mindouli, va faciliter l’écoulement des denrées produites dans le Pool, département à fort potentiel agricole, améliorer la sécurité routière, réduire le temps de parcours et faciliter la circulation des personnes, avait expliqué le ministre Emile Ouosso, lors de son lancement. Les populations espèrent que le gouvernement ne laissera pas ce chantier à l’abandon et qu’une solution sera, malgré tout, trouvée.
Joël NSONI.
Source : http://www.lasemaineafricaine.net/…/13713-construction-de-l…