On l’espérait mais sans trop y croire. Seul, peut-être, Rémy Ikounga-Ayayos baignait dans cet espoir secret de réussir un grand coup qui resterait à jamais gravé dans les mémoires.
La chance, c’est que l’ensemble du groupe « AC Léopards » a adhéré à l’opération. Alors Eric Nyemba n’a eu qu’à concrétiser une volonté collective, celle de planter deux banderilles mortelles qui ont permis aux « Fauves » » d’accéder pour la première fois, en huitièmes de finale de la coupe de la Confédération Africaine de Football (CAF).
Depuis un moment déjà, c’est la rue qui ne cessait de reprocher aux autorités sportives congolaises de continuer d’engager les équipes de football aux compétitions africaines. Car celles-ci reflétaient à ne plus en finir un football fait d’improvisation, de cafouillage, de corruption, d’intrigue et de triche. Un football aussi sale et aussi faible, logiquement, ne méritait pas de représenter un pays où l’on a choisi de rechercher l’excellence. Mais il y a aussi qu’il fallait échapper aux sanctions des institutions internationales de football en mettant en avant l’adage fort à Baron Pierre de Coubertin à savoir : « l’essentiel est de participer ». C’est ainsi que le Congo, promis à un bel avenir en la matière au lendemain de l’indépendance, n’était plus qu’un simple faire-valoir. Le médaillé d’or 1965 aux premiers jeux africains et champion d’Afrique 1972 a « mystérieusement » perdu tous les arguments qui faisaient jadis sa force et sa fierté. Lentement mais sûrement les nouvelles générations commençaient même à ignorer que le Club Athlétique Renaissance Aiglon (CARA) a été champion d’Afrique des clubs en 1974 et que feu Paul Sayal Moukila a été plébiscité meilleur footballeur du continent la même année.
Depuis 1974, le football congolais n’a fait que dégringoler à l’échelle des valeurs. Jadis réputé comme grande puissance en la matière, le Congo est descendu aujourd’hui si bas qu’il n’a plus que son hospitalité pour se faire remarquer. Même les Tunisiens de CS Sfaxien ont dit tout haut qu’ils se sentaient au Congo comme un peu chez eux en raison d’un accueil chaleureux et fraternel. Voilà pourquoi ils ont fait le jeu, à leur guise, pour l’emporter par 2 à 1. Le plus difficile semblait fait du moment où l’un des encadreurs a même osé affirmer que l’AC Léopards était une équipe d’avenir dont la victoire ne serait pour cette année. Voilà qui a dû pousser les Léopards à la révolte. Car après avoir échoué par deux fois à cette étape des seizièmes de finale, ils ont dû se faire violence en usant cependant de l’hospitalité offerte aux Tunisiens pour les endormir. Après la défaite concédée à Dolisie par les Léopards, il n’y avait plus que les « initiés », le journal Le Patriote et les « Fauves » eux-mêmes pour croire au renversement de la situation. Il reste que les Léopards ont évolué comme le souhaitait le journal Le Patriote c’est-à-dire sans paniquer, sans le moindre complexe, sans retenue ni calcul mais avec audace, détermination, efficacité et folie. Ils ont livré un match propre où les jeunes étaient disciplinés tactiquement, rigoureux et très appliqués. Une défense de fer, un milieu imaginatif au service d’une attaque où Eric Nyemba s’est mis dans le rôle de bourreau : voilà des Léopards tels qu’on les a toujours souhaités. Car même quand le public sfaxien a tenté de jouer à la déstabilisation avec le jet des projectiles, les Congolais sont restés imperturbables. Ils ont fini par faire le match parfait pour gagner 2-0.
Et comme l’appétit vient en mangeant, l’idéal serait de ne pas s’arrêter là. Il s’agit maintenant d’aller au-delà en essayant d’améliorer l’organisation et surtout de mettre en place une préparation conséquente. L’exploit de Sfax a montré que les Congolais ne sont en rien inférieurs à ceux qui actuellement, règnent sans partage sur le continent. Il suffit donc de très peu de choses pour mettre le train sur de bons rails. A ce niveau, il est souhaitable que chacun des opérateurs de football dans notre pays s’y mette pour aider les Léopards à aller le plus loin possible de sorte à augmenter le nombre de représentants congolais sur l’échiquier africain. En attendant, évidemment, pavoisons pour ce « hold up » réussi sur des terres où le Congo n’avait encore jamais gagné. Bravo, Léopards !
Georges Engouma
© Copyright – Le Patriote
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Le président de l’Athlétic club Léopards a exprimé la volonté de son équipe à soulever les montagnes lors des prochaines rencontres de la compétition africaine où elle a atteint pour la première fois de son histoire les huitièmes de finale.
Rémy Ayayos Ikounga l’a clairement annoncé le 12 avril lorsqu’il a rencontré la presse nationale, se félicitant de l’exploit réalisé par ses protégés en seizièmes de finale face au Club sportif Sfaxien. Le courage, la volonté et le talent de ses protégés sont les principaux atouts sur lesquels se repose l’optimisme du président du président des Fauves du Niari.
L’AC Léopards a en effet rendez- vous avec l’histoire le week-end des 27 ,28 et 29 avril au Nigeria face à Heartland du Nigeria en huitième de finale aller de la Coupe africaine de la Confédération, dont la manche retour est prévue le 13 mai à Dolisie.
« La qualification pour les huitièmes de finale est un bon signe, parce que notre adversaire des seizièmes de finale était un géant d’Afrique. Nous pensons qu’aujourd’hui, psychologiquement, certains jeunes joueurs sont libérés de ce complexe. C’est un atout pour affronter les futurs adversaires, même si à ce niveau de la compétition nous ne rencontrerons que des grands clubs expérimentés. Mais avec les armes que nous disposons, nous pouvons aller le plus loin possible. Le travail nous attend maintenant », souligne le président des Fauves du Niari.
Aussitôt rentrer au pays, les joueurs et le staff technique se sont mis au travail dans le but de rééditer le même exploit devant les Nigérians. L’équipe souhaite envoyer cette semaine, un observateur au Nigeria pour recueillir des informations utiles sur son adversaire en vue d’aider le staff technique à bâtir les stratégies adaptées à la forme actuelle de l’adversaire.
« Les équipes africaines n’ont pas souvent le même type de jeu. Il y a certaines contingences qui rentrent en ligne de compte. Un observateur se rendra dans la semaine au Nigeria pour essayer de recueillir certaines informations utiles sur ce club, et le staff technique se fera fort de les exploiter le plus consciencieusement possible. »
Le manque des sponsors : un handicap à la progression d’une équipe
Par faute de temps, l’unique représentant congolais encore resté en lice ne bénéficiera pas d’une mise au vert dans un pays étranger pour préparer les huitièmes de finale. Il a néanmoins privilégié l’option de livrer tous ses matchs du championnat pour mieux être en jambes le jour J.
Le président de l’AC Léopards a démontré qu’avec de la volonté les équipes congolaises pouvaient soulever des montagnes. Il a en revanche dénoncé le déficit criant de sponsors pour booster la détermination d’une équipe en compétition de haut niveau. « Je reprécise que le monde du football congolais n’est pas accompagné par des entreprises ou des donateurs de la place. C’est fort dommage. Mes adversaires tunisiens m’ont démontré qu’en termes d’apports de sponsors, annuellement ils recevaient 2,5 millions d’euros. Chez nous, il y a un déficit criant de sponsors. On ne peut pas viser haut, si on ne met pas les moyens à la base. Il faut que le mouvement sportif soit fortement accompagné par le monde économique et financier. »
Rémy Ayayos Ikounga a remercié les Tunisiens pour leur hospitalité. La délégation congolaise a, lors de son séjour en terre tunisienne, visité les infrastructures du Club sportif Sfaxien lesquelles pourraient profiter à l’AC Léopards pour des mises au vert. Les dirigeants de l’AC Léopards veulent profiter de l’organisation tunisienne pour faire de leur équipe la mieux organisée au Congo.
« Ce complexe est impressionnant et professionnel. C’est aussi un exemple pour nous. Nous ne pensons pas faire la même chose dans les mêmes dimensions. Mais, dans le même esprit, nous pensons faire la même chose à Dolisie, où nous avons acquis 7 hectares de terrain à Mbounda et un petit terrain de 400 m2 pour les petits bureaux au centre de la ville. Tout cela est dans l’actif immobilier de l’AC Léopards. »
© James Golden Éloué
Photo : Rémy Ayayos Ikounga.